Mieux connaître les mécanismes de l'orientation pour en améliorer la qualité

Par - Le 16 octobre 2009.

Largement débattue lors de la 15e Université de la formation, de l'éducation et de l'orientation ([Ufeo) [ 1 ]Les 29 et 30 septembre, à Artigues-près-Bordeaux, la question du pilotage de l'orientation a montré la nécessité de mieux connaître les logiques de parcours. Illustrations.

Quels indicateurs pour la flexicurité ? D'abord limité à une conception linéaire des transitions professionnelles basées sur un cycle “emploi, chômage accidentel indemnisé, retour à l'emploi", la flexicurité tend désormais vers une vision dynamique destinée à “permettre le passage d'un emploi à l'autre plutôt que de chercher à garantir le maintien dans l'emploi", explique Bernard Conter, chargé de recherche à l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps). Ce changement de sens, qui questionne fortement le rôle des politiques d'accompagnement, d'orientation et de formation professionnelle, nécessite d'élargir les indicateurs d'analyse. Trop généraux et sans relation causale entre eux, les indicateurs actuels ne permettent pas d'outiller convenablement États et partenaires sociaux, qui ne peuvent donc se livrer à une véritable négociation.

Ainsi, les indicateurs ne permettent-ils de mesurer ni la “qualité de l'emploi" occupé ni “certaines formes de flexibilité", comme le travail de nuit. “Pour appréhender la sécurité des trajectoires, il faudrait des études longitudinales, seules capables d'établir des liens entre l'emploi quitté, la période transitoire et l'emploi retrouvé, souligne Bernard Conter. L'enjeu est de mettre en lumière ce que les indicateurs ne montrent pas", comme, par exemple, “le salaire de départ, le niveau d'indemnisation et le salaire de l'emploi retrouvé", mais aussi le type d'“accompagnement, de guidance et d'orientation" dont a bénéficié la personne alors qu'elle était encore en poste, le type de “contraintes et de contrôles" auxquels elle a dû se soumettre après avoir quitté son emploi et les conditions de “recherche de l'emploi suivant". “Mieux mesurer les incidences de la flexicurité retenue comme modèle de travail pour l'Europe, conclut Bernard Conter, suppose d'activer deux clés de lecture des transitions" : premièrement, à la lumière de la notion d'“emploi adéquat" pour vérifier qu'il ne s'agit pas de trajectoires descendantes et, deuxièmement, par l'“évaluation de la qualité de l'accompagnement" en cherchant à vérifier si l'individu a bien eu une “liberté de choix".

Contact : P. Lorent Courriel: (p.lorent [at] orm [tiret] paca.org) (remplacez les indications entre crochet)

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Les quatre composantes de la "flexicurité"

1. Souplesse et sécurisation des dispositions contractuelles du travail ;
2. Stratégies globales d'apprentissage tout au long de la vie ;
3. Politiques actives et efficaces du marché du travail ;
4. Systèmes de sécurité sociale modernes qui encouragent l'emploi et facilitent la mobilité sur le marché du travail.
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Accompagner les changements d'orientation des demandeurs d'emploi

Auteur d'une étude portant sur les changements d'orientation des adultes demandeurs d'emploi accompagnés par l'Afpa Paca, Pierre Lorent, chargé d'études à l'Observatoire régional des métiers de Paca, a profité de l'Uféo pour avancer quelques propositions. Au vu des premiers résultats, il suggère de substituer aux “logiques introspectives parfois inopérantes" des dynamiques d' “orientation par confrontations multiples aux métiers". Par exemple, “par la mise en œuvre de stages de découverte professionnelle multimétiers sur un temps relativement long" ou encore par la production de “reportages approfondis sur le marché de l'emploi local". De même, propose-t-il de renforcer les logiques de parcours en insistant sur la pédagogie du projet, ceci de manière à atténuer les logiques d'orientation à court terme dans lesquelles sont souvent poussés les publics qui ont “le nez dans le guidon". Dans le même état d'esprit, Pierre Lorent suggère également d'adopter des outils de suivi qui permettent de capitaliser la succession des pistes envisagées, via un “portefeuille de projet qui autoriserait la traçabilité".
Réalisée de janvier 2008 à juin 2009 et financée par le FSE, l'étude sera publiée fin 2009.
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Notes   [ + ]

1. Les 29 et 30 septembre, à Artigues-près-Bordeaux