Antoine Godbert, nouveau directeur de l'agence 2E2F

Par - Le 16 décembre 2010.

L'agence Europe éducation-formation France a accueilli son nouveau directeur le 1er décembre dernier. Antoine Godbert succède à Jean Bertsch, nommé (en octobre) recteur de l'académie de Limoges. Mesurer l'impact d'une mobilité, réfléchir sur l'identité de l'agence 2E2F font partie de ses priorités. Il répond ici à nos questions.

Comment s'est passée votre première journée au sein de l'agence ?

Très bien ! J'ai découvert des équipes très motivées et très professionnelles, mais aussi de nombreux dossiers qu'il va falloir traiter, puisque depuis plusieurs mois la direction de l'agence était vacante.

Quels vont être les dossiers que vous allez traiter en priorité ?

Nous allons nous attacher au taux de satisfaction des participants aux programmes de mobilité, qui doit s'accroître. J'estime que ceux qui sont partis ou partent actuellement sont les prescripteurs des mobilités de demain. L'aspect quantitatif a longtemps été pris en compte, mais l'aspect qualificatif est primordial. Nous allons donc lancer une enquête pour connaître les points qu'il faut améliorer, tel que l'accueil qui est peut être moins chaleureux qu'avant, étant donné qu'il est désormais devenu une habitude. L'enquête aura pour but de voir quelle est la valeur ajoutée d'une mobilité sur le parcours professionnel d'une personne, que ce soit une mobilité Erasmus, Grundtvig ou Leonardo. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, maintenant il faut les démontrer. L'enquête sera donc lancée dès 2011.

Vous souhaitez également donner plus de visibilité à l'agence…

Tout à fait. Mon deuxième projet, qui est un chantier plus long, est d'entamer une réflexion sur l'identité de l'agence. J'aimerais qu'on ne se refuse pas de travailler sur son nom qui reste malgré tout compliqué et récent. Ce chantier est directement en lien avec la réflexion portée à Bruxelles pour améliorer les dispositifs de 2013-2020. Il serait bien de trouver un nom plus évocateur.

Quel est votre troisième objectif ?

Le monde est en train d'évoluer. L'Europe issue du congrès de La Haye[Du 7 au 10 mai 1948. Près de 750 délégués ont alors appelé à la fondation de la Communauté européenne (devenue depuis l'Union européenne). [/footnote], c'est fini ! Nous devons nous intéresser à nos voisins. Les frontières sont mouvantes, de grands ensembles ne peuvent plus être ignorés, comme l'Asie, par exemple. D'ailleurs, le programme [Erasmus Mundus, qui permet à des personnes non européennes de venir en France, a très bien fonctionné. Depuis un an, des étudiants européens peuvent aller dans le monde, et nous avons eu énormément de demandes.

Que comptez-vous faire pour la mobilité ses salariés ?

Nous fêtons cette année les dix ans de Grundtvig. Nous sommes aujourd'hui à un tournant et je souhaiterais qu'on s'occupe de ceux qui sont en milieu ou fin de carrière, qui ont tendance à être oubliés, alors qu'avec les allongements de carrière, la nécessité et la volonté de se remettre en question, d'acquérir de nouvelles compétences, peuvent arriver plus tard. Nous nous inscrivons, ici, dans l'idée de “l'éducation et de la formation tout au long de la vie". Il serait idéal qu'un salarié puisse vivre deux mobilités au cours de sa carrière professionnelle, une après huit ans de carrière, et une autre après vingt ans. Une mobilité est une respiration dans une carrière et elle permet de davantage s'impliquer par la suite.

Deux mobilités sont un objectif possible pour les cadres, les salariés, mais qu'en est-il pour la mobilité des demandeurs d'emploi ?

Cela a été une véritable surprise quand je suis arrivé à l'agence et que j'ai découvert l'appétence de plus en plus importante des demandeurs d'emploi. Il faut que nous nous questionnions sur les impacts d'une mobilité sur une réinsertion. Sans aucun doute, aller à l'étranger permet de s'ouvrir, d'acquérir des compétences linguistiques de plus en plus essentielles dans les emplois actuels. En outre, une mobilité apporte de la confiance en soi.

Augmenter la mobilité des apprentis fait-il partie de vos projets ?

Les chiffres qui m'ont été présentés sont excellents. Les efforts de mes deux prédécesseurs ont bien abouti. Je conserverai un regard attentif sur le sujet, mais ce secteur étant en croissance, il ne fait pas partie de mes premiers objectifs.

Avez-vous vécu une mobilité, et qu'en avez-vous retiré ?

J'ai vécu deux mobilités. Une lors de mes études à l'Éna, à Tallin, en Estonie, pour mettre en place un service d'affaires européennes. Estimant que la mobilité est primordiale, lorsque j'étais à la Direction générale de l'administration et de la fonction publique, j'ai mis en place une mobilité des hauts fonctionnaires dans le privé. Et j'ai créé mon entreprise à Londres, où je suis resté deux ans. Avec ces deux mobilités, j'ai pu comparer ce qui se faisait en France et dans ces autres pays, leur mode de fonctionnement etc. En outre, j'ai pu découvrir une diversité culturelle. Par exemple, nous pensons que les États Baltes sont un ensemble, en fait, ils sont très différents, n'ont pas la même culture, ne parlent pas la même langue, etc.

www.europe-education-formation.fr

Ancien élève de l'Éna et de l'ÉNS (École normale supérieure) Fontenay-Saint-Cloud, Antoine Godbert a été journaliste de 1990 à 1992, puis dirigeant d'une société de production de vidéos pédagogiques jusqu'en 1994. Agrégé de géographie, il a été enseignant-chercheur en géopolitique à l'ESCP-EAP de 1991 à 1998. En 2001-2002, il était en poste au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN), puis a intégré la Direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP), où il a fondé et dirigé la mission “Encadrement supérieur et carrières" jusqu'en 2005. Après avoir été directeur délégué d'Anthenor Public Affairs, il est devenu en 2007 managing director chez Agma Consulting, cabinet de conseil en relations institutionnelles. Puis, en 2008, a rejoint le secrétariat d'État chargé du Développement de la région capitale, jusqu'à sa nomination comme conseiller diplomatique du ministre de l'Éducation nationale en juillet 2009.

www.escpeurope.eu