Chauffeur de taxi, un métier exigeant, peu accessible aux indépendants
Par Nicolas Deguerry - Le 16 février 2010.
“Si vous êtes partisan des 35 heures, ou cherchez à gagner correctement votre vie en travaillant huit heures par jour, en profitant des week-ends et vacances, laissez tomber, ce métier n'est pas pour vous." Difficile d'être plus clair que Taxi-Paris.net, site au service des usagers et des professionnels.
Mais si le métier de chauffeur de taxi a ses contraintes, il saura aussi combler les passionnés de conduite dotés du sens de l'orientation nécessaire au calcul du meilleur itinéraire en fonction des conditions de circulation. Requérant sens du contact, courtoisie et calme en toutes circonstances, le chauffeur de taxi peut exercer en tant que salarié ou à son compte. Mais attention, travailler en indépendant suppose bien sûr l'achat d'un véhicule équipé, mais aussi et surtout d'une licence, dont le coût peut aller jusqu'à 300 000 euros en fonction du lieu d'exercice.
Formation
Depuis la loi du 20 janvier 1995 relative à l'organisation de la profession, il faut disposer d'un certificat de capacité pour décrocher l'indispensable “carte professionnelle de conducteur de taxi". Les sessions d'examen sont organisées par les préfectures départementales, “qui sont obligées d'assurer au moins une session par an", nous indique Denis Françon, formateur à la Fédération nationale des taxis indépendants. Pour obtenir sa carte professionnelle, une formation d'environ trois mois prépare aux épreuves, “organisée en quatre unités de valeurs depuis le 1er janvier 2010, conséquence du protocole d'accord de mai 2008 sur la réforme des taxis. Les trois premières UV - deux à vocation nationale pouvant être passées n'importe où en France, plus une unité de portée locale à passer dans le département d'exercice - conditionnent l'accès à la quatrième, l'épreuve d'admission de conduite sur route", précise le formateur de la FNTI. Consacrée à la topographie, à la réglementation et à la tarification locales, l'UV départementale doit logiquement être repassée si le professionnel change de département.
Deuxième conséquence du protocole d'accord de mai 2008, l'apparition d'une formation continue obligatoire qui contraint désormais les conducteurs de taxis “à suivre tous les cinq ans une formation de seize heures", portant sur les modifications en matière de réglementation générale et départementale, gestion et sécurité routière. Clairement “une avancée positive", selon Pascal Wilder, secrétaire général de la FNTI et président de la Fédération du Rhône, “tant les connaissances de certains conducteurs sont apparus dépassées lors de la mise en œuvre de cette formation continue".
Emploi
S'agissant des perspectives d'emploi, le président indique une “saturation conjoncturelle" pour les indépendants, du fait de la difficulté à trouver une licence. De réels besoins de recrutement en revanche pour les salariés, du fait du “fort turn-over" de la profession. “Le problème, poursuit-il, c'est que le métier paie peu en tant que salarié." Évoquant les disparités géographiques, Pascal Wilder annonce une “offre globalement suffisante en province", par opposition à Paris, “le seul endroit où l'on manque réellement de taxis". Propos confirmés par Denis Françon, qui insiste sur le temps d'attente des conducteurs avant embarquement sur Lyon et environs : “Une heure à la gare La Part-Dieu, quatre heures à l'aéroport international Saint-Exupéry." La solution ? Peut-être “l'extension d'activité, indique-t-il. On peut par exemple effectuer du transport de colis, ce qui nécessite une inscription sur le registre des transporteurs". Enfin, certaines situations apparaissent difficiles à résoudre : “Dans les petites et les moyennes communes, on manque de taxis la nuit, mais ils sont en nombre suffisant le jour. Il faut bien que les gens dorment !", conclut Denis Françon.
Près de 50 000 professionnels
On compte 47 000 chauffeurs de taxi en France. Près d'un tiers (15 500) d'entre eux exerce à Paris, dont 9 000 artisans et 6 500 locataires et salariés. Salaire : de 1 254 à 2 250 euros brut par mois.
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