Questions à Jacques Bahry, directeur général du Cési, président du Fffod

“Le Fffod est d'autant plus intéressant pour un acteur qu'il s'y mobilise"

Par - Le 01 janvier 2010.

D'où vient votre intérêt pour la FOAD ?

La formation est une activité absolument essentielle dans le développement d'une société, ne serait-ce que pour reconduire l'héritage du passé et développer la connaissance. Ce qui m'intéresse, c'est l'apprentissage et l'innovation en formation. Comme le montre l'invention de la Poste, à l'origine de la création de l'enseignement par correspondance, la formation a toujours utilisé les techniques de l'époque. Mais s'il est naturel d'utiliser les technologies, je n'ai jamais été fou de technologie, je ne viens pas de l'informatique, mais de la pédagogie. Quand les rencontres du Fffod de 2001 ont questionné l'“e-illusion", nous avons bien vu que nous étions des pédagogues qui voulions raison garder. C'est la dimension pédagogique de l'outil qui nous motive.

D'où vient le Fffod ?

À l'origine, se trouve un groupe de travail sur l'enseignement assisté par ordinateur (EAO), constitué dans le cadre du Cési au milieu des années 1980. Rapidement, ces travaux se sont trouvés inscrits dans un cadre européen, jusqu'à la création d'une structure permanente, Saturn, où le Cési était représenté par Bernard Blandin. Plutôt que d'en prendre la présidence lorsque cela nous a été proposé, alors que le partenariat se révélait défaillant, la décision a été prise de créer le Fffod, en 1995, sur des bases différentes, puisque non spécifiquement européennes. Tout en conservant toutefois des collaborations internationales, puisque nous sommes membres d'Eden , réseau européen de l'enseignement à distance et du e-learning, et de l'Efodl, fédération européenne de la formation ouverte et à distance, qui sera représentée à Strasbourg.

Comment se positionne le Fffod en 2010 ?

Notre rôle reste d'aider au développement des échanges et de permettre des réflexions sur l'innovation, sans tomber pour autant dans la “futurologie". Nous essayons de nous saisir des thèmes émergents et nous aidons les acteurs à développer leurs compétences et leurs propres connaissances dans le secteur de la FOAD. À cet égard, le couplage entre le Fffod et Algora [ 1 ]L'association Algora-Formation ouverte et réseaux a fermé ses portes en 2006. Une partie de sa mission a été reprise par le Centre Inffo. était extrêmement intéressant, dans la mesure où nos travaux s'appuyaient sur l'expertise de cette dernière, qui elle-même la valorisait à travers nos activités. C'est là tout le sens qu'il y a à essayer de reconstituer avec Centre Inffo une jonction plus importante. Plus largement, le Fffod est d'autant plus intéressant pour un acteur qu'il s'y mobilise. Nous avons ici une difficulté partagée avec l'ensemble du monde associatif. Bien des organisations sont aujourd'hui davantage dans des positions de consommateurs que d'acteurs. Faire venir du monde à nos événements n'est pas un problème, il est en revanche plus difficile de recruter des “militants", par manque de temps, notamment. Les organisations préfèrent des frais variables plus élevés, pour prendre ce qui les intéresse, plutôt que de payer à l'année des frais fixes comme une cotisation. Ceci dit, le Fffod va bien, avec un modèle économique sain et un socle d'adhérents sponsors stables. Nous continuerons donc à accompagner le développement de la FOAD, qui reste le fer de lance de l'innovation en formation. C'est précisément pourquoi des réflexions pédagogiques qui n'auraient rien à voir avec les TIC ne sont pas vraiment dans notre champ.

Notes   [ + ]

1. L'association Algora-Formation ouverte et réseaux a fermé ses portes en 2006. Une partie de sa mission a été reprise par le Centre Inffo.