Cécilia Dioley, femme, jeune et repreneur d'entreprise : “Avoir un objectif m'a permis de tenir une ligne de conduite"

Par - Le 16 février 2011.

“Depuis que j'ai trouvé ma voie dans le transport routier, mon ambition était de trouver une entreprise à reprendre." Mission accomplie pour Cécilia Dioley, seulement 27 ans et aujourd'hui à la tête des Transports Idoux, une société qui emploie 23 personnes.

Chef d'entreprise dans un milieu masculin, femme et encore loin de la trentaine, voilà une bouffée d'air frais bienvenue, au moment même où un magazine économique[ 1 ]Les Enjeux-Les Échos, février 2011. publie en une un reportage titré “La France n'aime pas ses jeunes". Sans fondement ? À voir, car si les statistiques ne disent rien des sentiments de la République, elles nous enseignent tout de même que 24 % des actifs de moins de 24 ans étaient au chômage en 2009. Cécilia Dioley détiendrait-elle une recette pour naviguer à contre-courant ? Peut-être la suivante : un contexte familial à l'origine d'une passion, une détermination sans faille étonnamment liée au sens des étapes, et un accompagnement par la formation pour construire sur de solides fondations.

“Un papa à la tête d'une entreprise de transports fondée par l'arrière-grand-père, cela donne envie d'être autonome", explique-t-elle. Un temps tentée par une carrière d'officier, elle suit finalement l'avis d'un conseiller d'orientation, qui l'invite à “vérifier si ses aspirations ne peuvent s'accorder au patrimoine familial". Soucieuse de concilier études et expérience professionnelle, Cécilia Dioley choisit l'alternance pour réaliser un BTS d'assistante de gestion PME-PMI.

Formée dans une entreprise de la filière transports, l'activité la passionne suffisamment pour la conduire à demander une dérogation afin de s'engager dans un second BTS, “Transport et logistique".

Désormais au cœur du métier, elle découvre qu'“être la fille du patron" la gêne plus qu'autre chose pour signer son nouveau contrat d'apprentissage chez un potentiel concurrent. La voici donc qui quitte la Haute-Saône familiale pour faire ses armes à Bordeaux, chez un employeur qui la recrute en CDI. Au menu de son quotidien d'“exploitante en transport régional", “7 véhicules avec conducteur à gérer nuit et jour", qui deviennent 30 lorsqu'elle passe responsable d'une flotte nationale chez un autre employeur.

Par ailleurs toujours en quête d'un patron qui acceptera de rentrer dans une démarche de transmission, son “coup de foudre, ou presque", se porte sur une entreprise du Haut-Doubs, les Transports Idoux : “Des locaux bien conçus en rapport avec la stratégie et l'activité que je voulais y mener, une équipe de salariés très formés qui aiment leur entreprise, un dirigeant qui passe le relais."

Sur les conseils de son père (qui l'a lui-même suivie treize ans auparavant), elle s'inscrit en parallèle à la formation de repreneur d'entreprise proposée par l'École des managers de la CCI du Doubs. Au sein d'une promotion qui compte 50 % de femmes, la nouvelle dirigeante dit apprécier tout autant les apports théoriques et la qualité de l'accompagnement que le contenu pratique de la formation, centré sur son propre cas d'entreprise.

Alors que le processus de transmission est aujourd'hui achevé, Cécilia Dioley invite à ne pas trop faire durer la cohabitation, sous peine de confrontation : “La différence de génération, la lassitude du dirigeant et mon envie d'avancer alors que je n'avais pas le pouvoir total de décision nous ont conduit à accélérer le processus", commente-t-elle.

Désormais aux commandes, Cécilia Dioley a bien conscience de n'être qu'au début de l'aventure : conserver une taille humaine tout en travaillant à améliorer la rentabilité de l'entreprise sont parmi ses premiers objectifs ; établir des connexions avec l'entreprise paternelle sera la prochaine étape.

2001-2003

BTS “Assistant de gestion PME-PMI" (alternance)

2003-2005

BTS “Transport et logistique" (alternance)

2008-2010

Formation de repreneur d'entreprise (École des managers, CCI Doubs)

2011

Chef d'entreprise (Transports Idoux)

Notes   [ + ]

1. Les Enjeux-Les Échos, février 2011.