Le numérique recrute

Par - Le 16 mai 2011.

“Le secteur numérique, c'est 400 000 salariés, 40 milliards de chiffres d'affaires, 40 000 offres d'emploi en France dont 10 000 créations nettes en 2011." Tels sont les chiffres avancés par le président du Syntec numérique, Guy Mamou-Mani, lors du salon “Nouvelles voies", le 5 mai à La Défense (92).

790_guy_mamou_mani.jpg “Chez nous, pas d'histoires de CV anonymes et de banlieues, on ne regarde que les compétences !", affirme-t-il en soulignant que 18 des derniers 20 recrutés de son entreprise étaient soit issus de l'immigration, soit de nationalité étrangère. Les femmes ? “Nous les accueillons à bras ouverts, mais elles ne sont que 15 % dans les écoles d'ingénieurs !", déplore-t-il, en déclarant recruter quasiment 50 % des promotions. Les handicapés ? “Nous sommes taxés parce que l'on est en dessous des 6 %, mais nous ne parvenons pas à en recruter plus de 1 %", expose-t-il, en assurant ne pas trouver suffisamment de candidats diplômés.

Soulignant les difficultés de recrutement, Guy Mamou-Mani vante “une panoplie de métiers qui peuvent attirer des jeunes et pas uniquement dans le développement : marketing, consulting, commercial, graphisme, design, etc.". On l'aura compris, les débouchés ne manquent pas, à condition de se former et, peut-être, d'être jeune : interpellé sur la question des seniors, le président du Syntec numérique reconnaît un faible taux d'emploi, mais l'explique par l'obsolescence des compétences : “Comprenez qu'il m'est difficile d'embaucher un développeur Cobol quand j'ai besoin d'un développeur J2EE", plaide-t-il en réponse. Typiquement le genre de problématique à régler par la formation continue ?

[(“LA FRANCE MANQUE D'INGÉNIEURS"

La semaine de l'ingénieur (du 23 au 28 mai) n'a pas encore commencé, mais nous en connaissons déjà l'un des leitmotivs : “La France manque d'ingénieurs." Interpellé sur la question par Guy Mamou-Mani, Tanguy Chatelain, directeur de l'École supérieure d'ingénieurs Léonard de Vinci (Esilv) confirme : “Les écoles d'ingénieurs ne font pas le plein : nous recrutons 27 à 28 000 jeunes par an sur un potentiel de 30 000." Et d'ajouter : “Si nous avions une demande plus forte, nous pourrions aller bien au-delà.")]

**Davantage de nouvelles compétences que de nouveaux métiers

Proposant de s'intéresser aux nouveaux métiers en cours de développement, le salon “Nouvelles voies" a également permis de rappeler la relativité de l'innovation en matière d'emploi et de formation : “Il s'agit plus de nouvelles compétences que de nouveaux métiers", a résumé Patrick Errard, directeur général d'Astellas Pharma France.

Opinion partagée par Florence Beaurepaire, consultante secteur énergie du cabinet Hudson France, pour qui “ce sont davantage les problématiques sociétales et environnementales qui transforment les métiers", par l'ajout de “connaissances plus pointues, par exemple en termes de matériaux ou de normes". Conséquence en termes de recrutement : les entreprises continuent de rechercher “des vrais professionnels, détenteurs d'un métier de base et spécialistes d'un domaine". Corollaire de cette analyse, beaucoup de “déçus" parmi les candidats aux très populaires “métiers de l'environnement", qui confondent parfois contexte d'exercice et “métier initial".

Complémentaires, les nouvelles compétences ne sont pour autant ni optionnelles ni suffisantes dans les environnements innovants, ainsi que l'explique Christophe Aulnette, directeur général de Netgem : “Nous avons du mal à trouver des ingénieurs de haut niveau spécialistes des systèmes embarqués, mais au-delà des compétences, ce que l'on cherche, ce sont des personnalités aptes à travailler dans des environnements en constante évolution : les frontières entre les différentes fonctions tombent, il faut un savoir être pour travailler au sein d'équipes projet."