24es Rencontres professionnelles de l'Anacfoc : trois exemples territoriaux de sécurisation professionnelle
Par Nicolas Deguerry - Le 01 juin 2011.
Éclatement des dispositifs, moyens limités et approche contestable pointée par les experts, la problématique de la sécurisation des parcours professionnels est apparue sous un angle pour le moins contrasté, lors des 24es Rencontres professionnelles de l'Association nationale des conseillers en formation continue (CFC), à Metz, les 19 et 20 mai. Des CFC issus de trois académies différentes ont cependant témoigné de résultats tout à fait positifs.
***Seniors : du niveau V au BTS
Premier exemple probant avec Marie-Jo Cregut, CFC de l'académie de Nice, qui présentait une démarche de sécurisation collective passant par la sécurisation individuelle de son propre parcours. Initiée par le Cafoc dans le cadre de la GPEC de l'entreprise Balitrand, avec le soutien de la Direccte des Alpes-Maritimes et du plan seniors, le dispositif a permis d'accompagner en un an des salariés seniors de niveau V à infra V jusqu'au niveau BTS. “L'entreprise a utilisé la VAE comme un outil de management", commente Marie-Jo Cregut, en expliquant que la démarche avait pris corps à l'occasion du rachat de l'entreprise : “Il s'agit d'une entreprise familiale de vente de fournitures pour le bâtiment qui s'est beaucoup développée ces vingt dernières années, avec très peu de personnel qualifié", seulement 10 % de l'effectif ayant le bac. Le tout avec un triple souhait du nouveau directeur, qui entendait tout à la fois “valoriser les seniors, responsabiliser les chefs de magasin et promouvoir l'engagement individuel". Résultat, 7 des 8 salariés volontairement engagés dans la démarche ont à ce jour validé un BTS technico-commercial, le dernier ayant dû reporter l'échéance pour raisons personnelles. La DRH s'est engagée à reproduire l'expérience, cette fois ci en direction des chefs de rayon et des logisticiens. “Tout est à construire, tout est à continuer", souligne Marie-Jo Cregut.
***Formation délocalisée pour emploi local
Deuxième exemple avec Sandrine Agrimonti, CFC au Gréta Nord-Allier (académie de Clermont-Ferrand), qui présentait un dispositif délocalisé de formation au diplôme d'État d'aide médico-psychologique (DEAMP). Située sur le bassin de Saint-Éloy-les-Mines, à 80 km du Gréta, l'action visait à former des professionnels pour répondre aux besoins de structures locales intervenant dans le secteur du handicap. Originalité, ces structures souhaitaient “former des locaux plutôt que tenter de débaucher, et donc de déshabiller des associations voisines". Difficulté, “dispenser la formation de ces futurs professionnels en douze mois au lieu des habituels dix-huit, sur site délocalisé et en mixant les publics". Le tout avec un plus en terme de sécurisation, “les aides médico-psychologiques étant parmi les professions les plus recherchées en Auvergne", souligne Sandrine Agrimonti, non sans rappeler au passage que le DEAMP “permet d'accéder à d'autres diplômes du secteur sanitaire et social, tels qu'auxiliaire de vie sociale, aide-soignante ou encore auxiliaire de puériculture, via la VAE ou des formations complémentaires". Résultats à ce jour : 32 stagiaires diplômés en douze mois avec proposition de CDI, 6 stagiaires en validation partielle avec proposition de CDI sous réserve de compléter leur formation. Commentaire de Sandrine Agrimonti pour ce dispositif qui a démarré sur le seul financement du Conseil régional avant de mobiliser d'autres sources (Pôle emploi, Unifaf, Agefos, Fongecif) : “Un challenge assez réussi pour des personnes qui attendaient un emploi et ont pu rester sur le territoire."
***Double diplôme pour transfrontaliers
Troisième et dernier exemple avec Marc Meyer, CFC à l'académie de Strasbourg, pour un dispositif “Formation professionnelle sans frontières". À l'origine, la demande d'une entreprise allemande employant de nombreux Français, l'aciérie de Kehl, “de faire progresser ses employés du niveau bac pro au niveau brevet de maîtrise". Déployé de février 2008 à décembre 2011, ce projet Interreg IV (cofinancé par la Région Alsace et construit sur un partenariat Gréta Nord Alsace, CJD, Gip FCIP), aura permis d'apporter une “double reconnaissance" aux bénéficiaires : BTS Assistance technique d'ingénieur (Ati) avec recours systématique à la VAE côté français, brevet de maîtrise “Industriemeister Metall" côté allemand : une véritable “sécurisation transfrontalière". Au-delà du diplôme, “remis par l'ancien recteur, en présence du président de Région et dans l'entreprise", cette reconnaissance professionnelle se traduit également par “un plus conséquent en termes de salaire", assure Marc Meyer.
Point commun à souligner pour ces trois expérimentations couronnées de succès, un fort ancrage territorial.