Véronique Zimeray, entrepreneur citoyenne et solidaire
Par Nicolas Deguerry - Le 16 juin 2011.
“Ne pas décevoir les personnes ayant la volonté de bien faire."
Volonté de s'occuper des autres, passion de l'analyse clinique et goût du diagnostic, voilà qui aurait pu faire de Véronique Zimeray un médecin. Comme papa. Cela ne lui aurait d'ailleurs pas déplu, n'était-ce l'évolution de la profession, à ses yeux peu conforme à ses aspirations. La fille évoquant par ailleurs son intérêt pour la recherche, le père suggère pharmacie, option industrie. Elle en ressort “accro aux chiffres", confirme sa passion pour les statistiques et l'analyse au cours d'un stage, et ne tarde pas à créer sa propre société d'études dans le secteur de la santé. Une expérience couronnée de succès qui durera vingt ans, jusqu'à ce qu'elle se lance un nouveau défi, cette fois ci “citoyen et solidaire" : Relais Conseil, nom de la nouvelle entreprise, naît en 2009, toujours dans le secteur des études, mais avec cette fois-ci l'objectif de former à l'enquête de terrain des personnes en situation de précarité économique et/ou de handicap. Commentaire 2011 : “Mon grand contentement, c'est de travailler avec des personnes ayant une grande volonté de bien faire ; la difficulté, c'est de ne pas les décevoir."
Le sentiment de solidarité, Véronique Zimeray déclare l'avoir toujours connu, “en famille, dans son cœur et dans ses tripes". Mais attention, aucun “sentiment de culpabilité" à l'origine de ce projet : suffisent la volonté, naturelle chez elle, d'“aider les autres", et l'occasion ainsi trouvée, qui lui tient à cœur, de “transférer [son] savoir". Justification de la pertinence de la démarche, la conviction que la richesse sociale du travail d'enquêteur est à même de redonner confiance aux personnes en difficulté temporaire. Temporaire, comme le travail d'enquêteur, dont elle loue les qualités sans pour autant nier qu'il s'agit désormais d'un “métier transitoire, répétitif et rarement accessible en CDI".
Accueillant des femmes et des hommes de tout profil et d'environ 25 à 50 ans, Véronique Zimeray les forme au cours d'une session rémunérée de quatre heures, avant de les accompagner sur le terrain. “C'est un métier très riche pour redonner confiance, à ceux qui veulent s'en sortir, souligne-t-elle. Il faut à la fois une capacité à sortir de soi-même pour aborder autrui, de la rigueur et de la fiabilité. Je leur explique ce qu'est une étude de marché, en insistant sur ce à quoi elle va servir." Et d'expliquer, “cela les responsabilise au niveau de leur implication dans des potentiels de décision d'entreprise".
S'appuyant sur des associations et entreprises de réinsertion pour repérer les candidats, Véronique Zimeray revendique par ailleurs le professionnalisme ordinaire de son entreprise : “J'ai sans doute perdu six ou sept mois en insistant trop sur la dimension solidaire de mon projet et en ne m'appuyant pas assez sur mes vingt-sept années d'expérience professionnelle dans le secteur", commente-t-elle. Ne cherchant ni subvention ni aide, Véronique Zimeray réclame avant tout ne pas être écartée a priori des appels d'offres, et s'étonne de ne compter que le secteur privé parmi ses clients.
De son propre aveu “portée par le grand bonheur de voir les gens [qu'elle accompagne] retrouver la banane", Véronique Zimeray se déclare aussi ravie de voir son concept “prendre", prévoyant de passer d'une vingtaine de personnes accompagnées en 2010 à une cinquantaine cette année : “2011 sera une jolie année, je m'y engage, ce n'est déjà pas mal !" Car, “aller chercher des briefs, être en appels d'offres, les gagner ou les perdre, c'est le métier de prestataire, admet-elle, mais c'est un métier qui s'est terriblement durci ces dernières années". Et de conclure en souriant sur son souhait de “trouver un dauphin, homme ou femme, avec qui partager cette mission de prospection"…
[(1978-1983
Études de pharmacie
1989
Création de HPR
2009
Création de Relais Conseil
)]