Pascal Houfflin, entrepreneur par reconversion
Par Nicolas Deguerry - Le 01 septembre 2011.
“Ne pas désespérer, être pugnace et exigeant"
Prix spécial du jury 2010 des Trophées Afpa de la reconversion professionnelle, Pascal Houfflin, 45 ans, témoigne à sa manière des conséquences d'une orientation contrariée. “Comme tout adolescent, je n'avais pas vraiment d'objectif particulier au niveau de mes études, j'ai donc fait par défaut un BEP électromécanique/électrotechnique". Pourquoi ? “J'aspirais plutôt aux métiers du bâtiment mais, à l'époque, s'engager dans cette filière était dévalorisant et…, disons que j'ai bêtement suivi ce que disaient les autres". Sans expérience dans son domaine, Pascal Houfflin se résout à prendre un emploi d'ouvrier manœuvre dans une entreprise de galvanisation, sans rapport avec sa formation : “j'espérais pouvoir raccrocher un jour le métier que j'avais appris mais ça ne s'est jamais produit", commente-t-il. Comprenant lors d'un entretien avec son patron que les possibilités de progression sont plus qu'incertaines, Pascal Houfflin change d'entreprise en 1989 pour signer un contrat de professionnalisation qui lui permet de devenir agent de maîtrise.
Progressant jusqu'à devenir responsable d'une équipe de 20 personnes dans un atelier de laquage, il se trouve bientôt confronté au “manque d'humanisme" de l'industrie : “le système ne me plaisait plus du tout, je me suis dit que c'était peut-être le moment de changer d'orientation et de m'installer artisan dans le bâtiment". Une décision prise en concertation avec son épouse, alors commerciale en assurances et qui l'a depuis rejoint en tant que collaboratrice d'artisan. Le chemin a-t-il été difficile ? “Le grand virage a été compliqué mais j'ai préféré me réorienter avant d'en pâtir moralement et d'en subir les conséquences au niveau santé et familial."
Sûr de ses aptitudes, Pascal Houfflin décide de se mettre à son compte. “Sauf que je me suis heurté à la chambre des métiers, qui m'a dit que je n'avais pas le diplôme requis pour être artisan. Je me suis alors tout de suite retourné vers le Fongecif pour suivre une formation d'agent d'entretien du bâtiment à l'Afpa". Survolant les différents corps de métier, Pascal Houfflin projette d'abord de s'établir en multiservices, avant de comprendre que la clientèle privilégie les spécialistes. Lui choisit de se spécialiser en cuisine et salle de bains. Un choix qui s'avère payant puisque, créée en 2002, son entreprise compte aujourd'hui sept salariés et deux magasins d'exposition. “Humainement parlant, ce n'est que du bonheur", commente-t-il avant d'évoquer “la dure réalité du travail artisanal" : “quand on démarre de rien, il est compliqué de trouver des banques qui vous suivent, de gérer les fluctuations de trésorerie, etc., mais au moins, je n'ai plus de maux de tête ou d'envies de vengeance lorsque je vais me coucher !", se réjouit-il.
Des regrets ? “Certainement pas ! Je suis content d'avoir réalisé un rêve de gosse caché au plus profond de moi-même : être mon propre patron. Mais attention, je ne suis pas enseveli sous la fierté, bien au contraire, je reste très humble, ce que l'on a aujourd'hui, c'est énorme à nos yeux mais on peut retomber à zéro demain". Une prudence qui lui dicte ses objectifs : “pérenniser et développer". Son conseil en matière d'orientation ? “Ne pas désespérer, être pugnace et exigeant. Tout est possible, si tant est que l'on ait une certaine éducation, de l'instruction et des compétences dans le domaine dans lequel on veut faire quelque chose. Et bien comprendre que l'on ne peut pas simplement faire des études pour gagner de l'argent plus tard : je pense qu'il faut surtout faire ce que l'on a envie, parce que faire un métier qui ne nous plaît pas, c'est un enfer".
[(1984BEP électromécanique/électrotechnique
1989-1990
Contrat de professionnalisation “Agent de maîtrise" (Afpi)
2001
Cif CDI “Agent d'entretien du bâtiment" (Afpa)
2002
Création de PHS, installateur/revendeur en cuisine et salle de bains)]