Ani emploi des jeunes : les partenaires sociaux vont accompagner plus de 65 000 jeunes vers l'emploi

Par - Le 16 avril 2011.

Cinq séances de négociations ont été nécessaires aux partenaires sociaux pour parvenir, le 7 avril, à un projet d'accord sur l'accompagnement de 65 000 jeunes demandeurs d'emploi dans leur accès à l'emploi. Des mesures qu'ils ont voulu “concrètes et temporaires" et, comme le précise le préambule, “dont certaines sont financées, à titre exceptionnel, par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), bien qu'elles ne relèvent pas de ses responsabilités". Sur les 80 millions d'euros nécessaires, 60 millions sont en effet abondés par le Fonds, l'Apec assurant le solde.

Trois catégories de jeunes sont visées par l'accord. En premier lieu 20 000 “décrocheurs", sortis sans qualification ni diplôme du système éducatif, ainsi que ceux dont le contrat en alternance a été interrompu, seront concernés en 2011. Il s'agit de les aider à acquérir “les savoirs nécessaires à l'accès à l'emploi et les prérequis de base" (lecture, outils informatiques, langues) puis à accéder à une qualification, notamment via des formations en alternance et/ou la préparation opérationnelle à l'emploi (POE). Les opérateurs désignés sont les Missions locales, en liaison avec Pôle emploi. 30 millions d'euros du FPSPP seront mobilisés à cet effet.

Seront également accompagnés des jeunes en mal d'insertion professionnelle en dépit de leur cursus dans l'enseignement supérieur. L'accompagnement prévu peut comprendre une “formation passerelle" adaptée à des métiers identifiés dans l'entreprise : soit une formation courte ou une POE. Cela concernera 25 000 jeunes en 2011 et autant en 2012. L'accompagnement sera assuré par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), “à titre exceptionnel, et sans préjuger du résultat des négociations en cours entre les partenaires sociaux sur le rôle et les missions de l'Apec". Le financement de la mesure sera également assuré par l'association, sur ses réserves, à hauteur de 20 millions d'euros par an.

Troisième public : 20 000 jeunes diplômés et/ou qualifiés éprouvant des difficultés à accéder à un emploi durable. L'accompagnement consistera en une intermédiation avec les entreprises et, en cas de besoin, à un ajustement de compétences en privilégiant les formations en alternance ou la POE. Pôle emploi ou des opérateurs privés de placement (OPP) seront en charge de cet accompagnement qui mobilisera 30 millions d'euros du FPSPP. Le cahier des charges de cette mesure, comme pour les deux autres, sera établi paritairement.

En outre, l'accord prévoit que les Fongecif ouvrent prioritairement l'accès aux Cif-CDD aux jeunes ayant accompli plusieurs contrats courts. Les conditions d'accès au financement sont assouplies, les postulants devant justifier de douze mois (et non de vingt-quatre mois) consécutifs ou non en qualité de salarié, quelle que soit la nature du contrat de travail, dans les cinq dernières années, dont quatre mois au titre d'un CDD, y compris sous contrat d'apprentissage ou de professionnalisation.

Pôle emploi devra flécher 30 000 POE et actions de formation préalables à l'emploi (AFPR), en 2011 et 2012, vers les jeunes de moins de 30 ans, les moins qualifiés, en difficulté d'insertion professionnelle. Les appels à projets du FPSPP concernant la POE (sur le point d'être finalisés) devront réserver 5 000 POE pour les jeunes de moins de 30 ans.

Enfin, une part significative de l'enveloppe du FPSPP destinée à lutter contre l'illettrisme (40 millions d'euros) doit être mobilisée pour former 20 000 jeunes de moins de 30 ans en 2011, et le Fonds doit prévoir ses engagements et ses financements destinés aux moins de 30 ans pour 2012.

Une demande de co-financement des mesures par le Fonds social européen (FSE) sera transmise à la DGEFP et une évaluation est prévue avant fin 2012.

Les organisations patronales et quatre confédérations syndicales favorables (sauf la CGT) à l'accord sur l'emploi des jeunes

“Nous sommes satisfaits de l'accord qui a été trouvé, car il y avait une forte attente pour tous les jeunes. Ceux qui sont très éloignés de l'emploi, mais aussi ceux à qui il ne manque pas grand chose", s'est félicitée Genevière Roy, vice-présidente de la CGPME en charge des affaires sociales. “Ce sont des mesures « pratico pratiques », avec des objectifs et des financements, sans détourner des fonds, puisque ceux qui sont prévus n'étaient pas engagés."

Stéphane Lardy (FO) juge également le texte “positif", soulignant que les partenaires sociaux sont arrivés “assez rapidement à des mesures concrètes avec des objectifs et les financements". Il apprécie que la demande d'intervention du Fonds social européen (FSE) soit actée : “Nous avons fait la proposition de faire appel au FSE, car les mesures de l'accord sont pleinement concernées par le programme « Compétitivité régionale et emploi », notamment par l'axe 2 « Accès à l'emploi des demandeurs d'emploi », alors même que la programmation des fonds de 2012 est en discussion. Les partenaires sociaux mettent près de 100 millions d'euros dans ces mesures, nous adressons ainsi un message politique fort à l'État."

Si Laurent Berger (CFDT) regrette de ne pas avoir obtenu l'allocation d'autonomie qu'il soutenait pour les jeunes demandeurs d'emploi, il émet toutefois un avis favorable sur le texte à l'exécutif de son syndicat. “Dans cette période difficile socialement, c'est un bon signal envoyé aux jeunes. L'accompagnement renforcé est la solution, notamment pour les décrocheurs, qui bénéficieront du même niveau d'accompagnement que la CRP."

À la CFE-CGC, Marie-Françoise Leflon donne aussi un avis favorable au texte final. Même si les publics concernés ne sont pas exclusivement ceux qui constituent les futurs adhérents de son syndicat, elle se félicite que le recours à l'Apec soit cadré. “Au début, les fonds de l'Apec devaient bénéficier à tous les jeunes, mais nous avons clarifié les cibles et la ponction exclusive sur l'Apec. J'aurais préféré que ces mesures concernent des bac + 3, mais avec 24 % de chômage, nous jouons la solidarité." Finalement, ce sont les réserves de l'Apec qui seront mobilisées, à hauteur de 20 millions d'euros par an en 2011 et 2012.

De son côté, Gabrielle Simon (CFTC), trouve le texte “assez équilibré, car il couvre bien tous les publics". Elle est particulièrement satisfaite qu'une de ses revendications ait abouti : “Nous sommes attentifs aux jeunes qui enchaînent les contrats précaires. Ils vont pouvoir, grâce à l'accord, accéder à des formations qualifiantes en pouvant les financer grâce au Cif-CDD."

La CGT, en revanche, ne partage pas la satisfaction générale. “Au-delà du fait que l'on réoriente des financements d'autrui, ce texte exonère les entreprises de tout financement complémentaire", critique Paul Desaigues. S'il reconnaît dans le texte des mesures qu'il a défendues, il trouve “les modalités de financement anormales".

Ouvert à la signature, cet accord qui ne représente qu'un volet de l'accord global sur la situation des jeunes, devra passer par les instances décisionnaires de chaque organisation, toutes ayant l'intention de se prononcer rapidement. Pour la CGT il faudra attendre le 19 avril, et pour la CFDT le 21.