“Orientation pour tous" : une variété de moyen, une exigence de coordination

Par - Le 16 octobre 2011.

“Loi votée en novembre 2009, DIO nommé fin juin 2010, textes d'application publiés en mai 2011, arrêté interministériel relatif au logo paru au Journal officiel le 6 août… enfin, nous avons à disposition tous les instruments pour avancer", s'est réjoui Jean-Robert Pitte, délégué à l'information et à l'orientation, intervenant en ouverture de la demi-journée d'actualité du Centre Inffo consacrée au processus de labellisation “Orientation pour tous"[ 1 ]“Service public de l'orientation – Labellisation des structures d'orientation : mode d'emploi", à Paris, le 3 octobre. .

Où en est la mise en œuvre du service public de l'orientation ? La mobilisation est “contrastée", a répondu le DIO. Certaines Régions ont commencé à réfléchir bien avant la loi de 2009, d'autres se sont mobilisées surtout depuis la parution des textes, et d'autres “tardent un tout petit peu. Mon rôle de catalyseur est de mobiliser", a-t-il expliqué, avant de s'attacher à lever les ambiguïtés.

Que souhaite l'État ? Appelant à ne pas faire du sujet de l'orientation un “enjeu politicien", Jean-Robert Pitte a reformulé la question : “Que dit la circulaire[ 2 ]Circulaire du 26 mai 2011 relative à la reconnaissance des organismes participant au service public de l'orientation tout au long de la vie. adressée par les cinq ministres de tutelle de l'orientation aux préfets de région et aux recteurs ? Appliquez les textes le plus tôt possible, mais réfléchissez absolument à l'architecture territoriale du service public de l'orientation au sein de votre région, en relation étroite avec le Conseil régional et les autres collectivités territoriales". Soit “tout simplement, un exercice d'application des lois de décentralisation".

Pas de moyen supplémentaire ? “Mais il n'y a pas besoin de moyen supplémentaire ! Ce qu'il faut, c'est déjà mieux coordonner et mieux profiter de ce potentiel énorme qui existe. Il y a peu d'organismes généralistes et de structures réellement fédératrices, c'est le moment de les mettre en place." Ceci, par “la fédération et la conjonction de moyens, de compétences et de capacités", dans l'idée de couvrir à la fois l'ensemble d'un territoire et l'ensemble des publics. Et de préciser que le but du label n'est pas de récompenser l'action de tel ou tel organisme, mais d'essayer de satisfaire le plus large public possible, “en particulier nos compatriotes les plus défavorisés", ceux les plus difficilement à même de prendre en charge leurs besoins d'information et d'orientation, leur plan de formation et leur insertion professionnelle, a-t-il insisté.

Face au décrochage, à l'insatisfaction au travail et au chômage de longue durée, “réformer l'orientation n'est sans doute pas la panacée, mais il n'empêche que réfléchir personnellement à son orientation est sans doute une excellente solution". Ceci, d'autant que “grâce à des organismes tels que les Carif-Oref, le Crij, l'Onisep, Centre Inffo ou encore Cap métiers, très bel instrument d'information sur les métiers, on a aujourd'hui les moyens de bien s'informer". Ce qu'il faut désormais, “c'est coordonner tous ces instruments pour rendre le meilleur service possible à tous nos compatriotes".

L'expression de “site géographique"

Mais qu'en est-il des concepts de “lieu unique" et de “site géographique" ? Pour Jean-Robert Pitte, ce n'est “pas une contradiction, mais une nuance : la loi parle de lieu unique, ce qui réduit considérablement la possibilité de rentrer dans les conditions de la labellisation", souligne le DIO. Donc, “le retard est dû en grande partie au fait qu'il a fallu trouver une solution juridique pour que cette expression de “lieu unique" ne soit pas bloquante et, finalement, un enterrement de première classe pour la fameuse loi du 24 novembre 2009. Après maintes discussions, ce qui se retrouve dans les textes d'application, c'est l'expression de “site géographique", laquelle est beaucoup plus réaliste, car elle veut dire que, dans un premier temps, ces organismes peuvent se rencontrer, travailler ensemble, coordonner leurs efforts, à l'échelle d'un territoire".

Qui sera le pilote ? Le dispositif prévoir un pilotage des conventions à l'échelle locale. Ce pilotage ne doit pas être pas autoritaire, mais souple, et viser uniquement à favoriser la rencontre entre les organismes, le partage d'expériences, de bonnes pratiques et de savoir-faire de façon à pouvoir traiter de manière plus efficace le public, a expliqué Jean-Robert Pitte. “Il faut que le plus grand nombre d'organismes s'occupant d'orientation se fédèrent, quel que soit le preneur d'initiative."

Une question ? “dio@premier-ministre.gouv.fr, nous y répondrons sous 24 heures!"

[(LE LABEL “CITÉ DES MÉTIERS" CANDIDAT AU LABEL “ORIENTATION POUR TOUS"

Si aucune Cité des métiers n'a encore été labellisée Orientation pour tous, “toutes attendent que les procédures soient en place dans les préfectures et sont en train de préparer leur dossier ou lettre d'intention", nous explique Olivier Las Vergnas, secrétaire général du réseau Cité des métiers et délégué à l'insertion, la formation et l'activité professionnelles d'Universcience.

Que pense-t-il de ce label, alors que le DIO lui-même a récemment présenté le label Cité des métiers comme un “second niveau" ?[ 3 ]Voir InfoLettre Réseau Cité des métiers n° 11, septembre 2011. “Il est bien que le label prévu par la loi soit plus ouvert et plus large que le label Cité des métiers, sinon très peu d'organismes auraient pu le demander, et cela n'aurait pas été très structurant pour les territoires." Quid de l'impossibilité d'obtenir la labellisation globale d'un réseau national ? “Ce ne sont que les conséquences de l'interprétation du Conseil d'État qui sont en train de s'appliquer : dès lors que les textes prévoient de s'appuyer sur des convergences qui apparaissent entre acteurs locaux, nous comprenons bien que cela ne puisse se décréter au niveau national." Le lent démarrage du processus de labellisation lui paraît-il normal ? “Beaucoup de personnes ont des difficultés à bien comprendre le système défini par l'arrêté et le décret [du 4 mai]. À l'incompréhension, qui ralentit déjà un peu le processus, s'ajoute le fait qu'il n'est pas forcément facile de mettre les gens autour de la table." Jamais simple, les plans de table…
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Notes   [ + ]

1. “Service public de l'orientation – Labellisation des structures d'orientation : mode d'emploi", à Paris, le 3 octobre.
2. Circulaire du 26 mai 2011 relative à la reconnaissance des organismes participant au service public de l'orientation tout au long de la vie.
3. Voir InfoLettre Réseau Cité des métiers n° 11, septembre 2011.