Pas (encore) de numerus clausus pour l'ostéopathie et la chiropratique
Par Nicolas Deguerry - Le 16 février 2011.
Au mois d'avril 2010, la France comptait 12 600 ostéopathes, un chiffre qui, selon Édouard Dequesne, responsable de l'Institut Dauphine d'ostéopathie, pourrait doubler dans les cinq ans. Changement d'échelle chez les chiropraticiens, aux environs de 500, mais mêmes perspectives de croissance.
“Nous estimons que 80 % de la population a, ou a déjà eu, mal au dos", argumente Valentine Vonck, étudiante en deuxième année à l'antenne parisienne de l'Institut franco-européen de chiropratique (Ifec).
Si le cursus de formation des chiropraticiens est simple, en raison d'une offre unique (voir encadré), celui des ostéopathes est un peu plus compliqué. En effet, alors que le Syndicat français des ostéopathes (SFDO) milite pour un cursus de formation de 4 200 heures, la loi de 2002 fixe à 2 660 heures la formation initiale et à 1 225 heures la formation continue accessible aux professionnels de santé - principalement, les médecins et les masseurs-kinésithérapeutes. Il en résulte une offre de formation peu lisible, avec de grandes disparités entre organismes. Avec une situation paradoxale qui voit le SFDO former des recours contentieux contre les arrêtés d'agrément, accordés indûment, selon eux, aux deux tiers de la quarantaine d'organismes agréés par les pouvoirs publics.
Cette situation tend néanmoins à s'améliorer, comme en témoigne l'arrêté du 25 janvier 2011 portant enregistrement au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), qui attribue le niveau I de formation à la dizaine d'établissements de formation ayant opté pour le cursus long.
Autre possibilité d'accès au titre d'ostéopathe pour les professionnels de santé, la formation en alternance et à temps partiel, avec des cursus différents selon le métier d'origine.
CHIROPRATIQUE : UNE SEULE FORMATION
Une vingtaine d'écoles dans le monde, une seule en France (installée à Paris et Toulouse, www.ifec.net), la formation au métier de chiropraticien est organisée au niveau international par les Chiropractic council on education (CCE), présents sur chaque continent et seuls habilités à accréditer les organismes de formation.
L'Association française de chiropratique (AFC) indique que “les études sont constituées de plus de 5 500 heures universitaires, avec une répartition égale entre les cours théoriques et pratiques. En France, cela représente, après le bac, six années à temps plein, la rédaction et la soutenance d'un mémoire de fin d'études, ainsi qu'un assistanat auprès d'un chiropraticien". Si la majorité des étudiants proviennent des filières scientifiques, nous explique Valentine Vonck (Ifec), “un bac S n'est pas indispensable et une remise à niveau est proposée en physique, chimie et biologie cellulaire". À noter que la formation continue n'existe que pour l'actualisation des connaissances des praticiens, et l'AFC insiste sur le fait qu'“il est impossible d'apprendre la chiropratique sous forme de stages, de séminaires [ou de] formations à temps partiel".
Où s'installer ? Difficile de répondre, même si la répartition géographique n'est a priori guère différente que pour les médecins : très présents en Île-de-France, Rhône-Alpes et le littoral de la région Paca, la profession est beaucoup moins représentée dans les zones rurales et/ou de faible densité démographique. Contrairement aux médecins et masseurs-kinésithérapeutes, qui peuvent compter sur le secteur conventionné pour atteindre tout type de population, le candidat à l'installation en Creuse doit tenir compte du fait que sa consultation, d'un coût moyen de 50 euros, n'est pas remboursée.
Contacts :
Association française d'ostéopathie
Association française de chiropratique
POSSIBILITÉ D'ÉVOLUTION
“Nous travaillons en partenariat avec l'Institut supérieur de l'automobile et des transports (Isat) de l'Université de Bourgogne pour proposer une ré-orientation en ingénierie de l'ergonomie", nous indique Agnès Robelin, directrice des études de l'école Osteobio.
“Cela ne répond absolument pas à un problème de saturation du métier d'ostéopathe, mais certains se forment et se découvrent rétifs à toucher les corps", explique-t-elle. Pourquoi cette passerelle ? “Notre formation est tellement scientifique que l'on pense naturellement aux métiers de l'ingénierie. De plus, les besoins de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) étant de plus en plus importants, le métier d'ingénieur ergonome est en plein développement." Et de souligner : “La grande distribution et de grandes entreprises comme Tefal ou la SNCF sont déjà clientes."
DES PROFESSIONS ENCADRÉES
Non remboursées par la sécurité sociale, chiropraxie et ostéopathie n'en prennent pas moins une part croissante dans notre système de santé, comme en témoignent leur prise en charge par certaines mutuelles. Elles sont d'ailleurs encadrées par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, applicable depuis la publication des décrets et arrêtés de mars 2007 : “L'usage professionnel du titre d'ostéopathe ou de chiropracteur est réservé aux personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant une formation spécifique à l'ostéopathie ou à la chiropraxie délivrée par un établissement de formation agréé par le ministre chargé de la santé dans des conditions fixées par décret."
www.legifrance.gouv.fr
Le portail le rappelle : si le législateur a fixé la durée des études à trois ans au minimum, les écoles ne délivrent leur diplôme qu'après cinq ou six ans de formation. Le niveau bac + 5 est demandé par les associations professionnelles et il permet une reconnaissance européenne, voire internationale. À la clé, un salaire du débutant estimé de 3 000 à 6 000 euros brut par mois.