Reprise d'entreprise, l'autre vivier
Par Nicolas Deguerry - Le 01 mars 2011.
Tous les conseillers emploi vous le diront, les candidats à l'entrepreneuriat pensent beaucoup plus spontanément à la création qu'à la reprise. Si le réflexe est compréhensible (symbolique positive, perception plus ouverte du champ des possibles, sentiment de liberté, etc.), le facteur démographique devrait pourtant inviter à considérer la reprise comme une opportunité des plus séduisantes.
“Près de la moitié des dirigeants des entreprises patrimoniales de plus de 10 salariés ont plus de 50 ans, nous indique Joël Vincent, directeur délégué du réseau des École des managers (EDM), soit quelque 40 000 PME, PMI et TPE représentant 1,2 million d'emplois à reprendre d'ici 2020." Cibles des Écoles des managers, les futurs repreneurs de ces entreprises patrimoniales, “celles dont les capitaux appartiennent majoritairement au dirigeant", séduits par la perspective de reprendre des compétences opérationnelles, un appareil de production et un fichier clientèle.
Objectif, pour les entrepreneurs : sécuriser leur aventure en acquérant de façon pratique les fondamentaux de la gestion et du développement d'activité. “Le concept EDM est la formation-conseil-action, explique Joël Vincent : deux jours par semaine durant douze à seize mois pour leur permettre de travailler sur leur propre cas, tout en ayant la richesse d'un groupe." Avec d'abord un tronc commun qui se déroule en deux phases (trois mois pour apprendre leur métier de patron, trois mois pour travailler à l'autodiagnostic de leur projet personnel), puis une phase d'action où chacun met en œuvre ses acquis dans sa propre entreprise.
Leur profil ? “80 % travaillent dans l'entreprise qu'ils reprennent depuis cinq à dix ans, la majorité font partie de la famille, mais 10 à 15 % sont de simples salariés. On constate un rajeunissement des candidats à la reprise, qui ont entre 25 et 35 ans en moyenne, en partie du fait que les cédants subissent la crise et veulent accélérer leur sortie."
En matière de compétences, ces repreneurs doivent avant tout montrer des capacités de “stratège", de “pilote" et de “manager". C'est-à-dire être capable de “trouver des remèdes aux ruptures", de savoir “gérer avec rigueur" et d'“animer les équipes de manière à ce qu'elles donnent le meilleur d'elles-mêmes". Rien d'autre ? “Le reste, c'est du savoir-faire ou du... savoir faire faire", conclut Joël Vincent.