La reconnaissance du métier de sophrologue ouvre des opportunités
Par Nicolas Deguerry - Le 01 février 2012.
Comme tout métier émergent, la sophrologie peine parfois à apparaître comme une véritable profession. Ce devrait désormais être plus aisé avec l'inscription au RNCP du certificat professionnel de sophrologue.
“Une première dans la profession", se félicite l'Institut de formation à la sophrologie (IFS), à l'origine de la création de ce titre de niveau III. “Nous attachons une importance particulière aux débouchés. Chez nous, les stagiaires viennent apprendre un métier et non suivre des cours de développement personnel", insiste Catherine Aliotta, directrice de l'école.
Accessible en six mois à un an par la voie de la formation continue, de la VAE et du contrat de professionnalisation, le titre devrait à la fois permettre de structurer la profession et de la développer. Si l'on ne connaît à l'heure actuelle ni le nombre de formés chaque année ni le nombre de sophrologues en exercice, au moins sait-on que la profession s'exerce aujourd'hui très majoritairement en libéral. Une donne qui devrait changer sous l'effet de l'inscription au RNCP, ainsi que l'explique Catherine Aliotta : “Le titre et son référentiel ouvrent la voie aux fiches de poste "sophrologue", métier qui intéresse, par exemple, des structures comme les maisons de retraite ou les cliniques." De quoi développer le marché de l'emploi salarié et, à terme, rendre réel la possibilité d'accéder au titre par la voie de l'alternance, modalité aujourd'hui toute virtuelle, compte tenu de la quasi inexistence d'employeurs susceptibles d'embaucher en contrat de professionnalisation.
Bonne nouvelle pour les professionnels du secteur, la reconnaissance du titre l'est aussi pour les futurs stagiaires, qui trouveront là un argument de poids à faire valoir auprès des financeurs publics.
[(ILS NE SONT PAS SEULS…À l'instar d'autres métiers en devenir, les sophrologues disposent d'associations destinées à les représenter et à promouvoir leur secteur. C'est le cas de l'Observatoire national de la sophrologie, association créée en 2009 qui regroupe, selon Catherine Aliotta, près de 300 professionnels en exercice. “L'objectif est que des sophrologues, encadrés par des chercheurs externes, mènent des études scientifiques de recherche sur l'impact de la sophrologie dans différents secteurs (acouphènes, cancer, etc.)." Les premiers résultats sont espérés d'ici à 2013.
Autre institution, la Chambre syndicale de la sophrologie, présidée par Catherine Aliotta elle-même, fédère quant à elle ses membres adhérents (écoles de sophrologie, sophrologues, formateurs en sophrologie) autour de la défense des intérêts économiques du secteur. Parmi les chantiers en cours : reconnaissance de la sophrologie auprès des mutuelles et des pouvoirs publics, signature de contrats-groupe RCP[ 1 ]Responsabilité civile professionnelle. et prévoyance pour les sophrologues, information relative au régime social des indépendants, etc.
)]
Questions à Catherine Aliotta, directrice de l'Institut de formation à la sophrologie
“Exercer uniquement en libéral est la voie la plus difficile à développer"
Le métier de sophrologue peut-il être un métier de reconversion ?
Absolument et, même, essentiellement ! Il faut cependant distinguer les véritables reconversions des spécialisations. Pour ceux issus du secteur paramédical, environ 15 % conservent leur ancienne activité (infirmier, sage-femme, psychologue, pharmacien, kinés, etc.) aux côtés de leur nouvelle activité de sophrologue.
Y-a-t-il une limite d'âge ?
Non, mais il faut tout de même préciser que si l'inscription du titre de sophrologue au RNCP devrait progressivement changer la donne en ouvrant la voie au salariat, il faut bien avoir en tête qu'aujourd'hui, devenir sophrologue, c'est avant tout s'engager dans une voie libérale. Cela veut dire qu'au delà de la relation d'aide qui caractérise le métier, il faut aussi détenir des compétences commerciales et être capable de tout recommencer.
Est-il facile de s'installer ?
Nous sommes encore une activité en devenir et il existe bien des lieux où n'exerce aucun sophrologue. Comme toute activité en libéral, il faut compter environ deux ans pour commencer à avoir une clientèle récurrente. Bien sûr, ce temps d'installation reste très variable, certains accueillent de quinze ou vingt personnes par semaine après six mois d'activité, d'autres continuent avec huit ou neuf au bout d'un an.
Les perspectives de développement sont-elles bonnes ?
L'inscription au RNCP va très certainement permettre de développer le secteur d'activité. Les champs d'application sont tellement variés que le métier répond aussi à des besoins annexes dans d'autres structures : par exemple, les risques psychosociaux, la santé des salariés au travail, etc., sont devenus des enjeux auxquels les entreprises doivent répondre. Deux de mes anciens stagiaires font par exemple partie du CHSCT de grandes entreprises, en tant que sophrologues. Il faut bien comprendre que vouloir exercer uniquement en libéral, en cabinet, est certainement la voie la plus difficile à développer. Si l'objectif est de poser une plaque en bas de chez soi et d'attendre, il ne se passera rien. Il faut aussi penser aux prestations externes, en entreprise, mais aussi, par exemple, dans des centres de préparation mentale pour les sportifs, dans des centres de soin, dans des écoles, dans des maisons de retraite, etc. Il y a alors moyen de développer une activité et d'en vivre très honnêtement, même s'il ne s'agit pas d'un métier où l'on fait fortune !
Notes
1. | ↑ | Responsabilité civile professionnelle. |