Pharmacies - Un “effort de formation important" à fournir
Par Nicolas Deguerry - Le 01 juillet 2012.
L'Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL) publient deux études consacrées aux pharmacies d'officine. Selon la première, qui dresse un portrait statistique de la branche, leur taille connaît une évolution notable, avec une baisse du nombre d'établissements qui emploient moins de cinq salariés et une montée en puissance de ceux qui ont un effectif supérieur à dix. Selon la seconde, qui s'interroge sur l'avenir de la pharmacie d'officine à l'horizon 2015, deux scénarios “volontairement contrastés" conduisent à des perspectives différentes en termes d'emploi et de formation.
Si le premier conduit à des pertes d'emplois et à une baisse du nombre d'officines dans un contexte d'essoufflement du secteur, le second offre plus de perspectives. Alors que le scénario 1 “incite à rester prudent sur les flux de formation initiaux dans les années à venir" et prévoit “un faible développement en compétences nouvelles", le scénario 2 table, lui, sur la capacité des officines “à répondre à la crise par une redynamisation de l'offre de services et [à développer] de nouvelles activités". À ces conditions, apparaît un “besoin en compétences nouvelles ou renforcées" et, donc, de formation. Recherche de gains de productivité oblige, il se fera notamment sentir au niveau de la gestion, du management, de la logistique et des achats. Si de tels besoins se retrouvent dans le scénario 1, le rapport prévoit une réponse davantage “mutualisée" dans le 2, avec pour conséquence “un déplacement d'une partie des emplois des fonctions supports vers l'extérieur de l'officine et une relative concentration de ces emplois".
Le scénario 1 prévoit une perte possible de 11 000 à 12 000 emplois à l'horizon 2015, contre 3 000 à 4 000 dans le cadre du scénario 2. Seraient alors avant tout concernés les préparateurs et “rayonnistes", les emplois d'adjoints résistant mieux. Les emplois de vendeurs spécialisés pourraient se développer en raison d'une offre de services renouvelée, mais le rapport juge plus probable un “élargissement des tâches et emplois existants".
Fortement lié à l'évolution du cadre juridique (ouverture à la concurrence et apparition de la vente sur internet d'un côté, développement de nouvelles missions dans le cadre de la loi HPST [ 1 ]Loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. de l'autre), l'avenir des pharmacies d'officine dépend aussi de la mobilisation du secteur : “La différence entre les deux scénarios se joue principalement sur la capacité de la branche à se positionner sur les missions de conseil-accompagnement des patients et sur de nouvelles demandes, et à s'affirmer comme un acteur incontournable du système de soins."
Parmi les “questions clés pour l'avenir, selon l'OMPL, celle de l'équilibre qui sera trouvé entre les différents métiers de l'officine (titulaires, adjoints, préparateurs, autres métiers, etc.)" impacte fortement les compétences.
Proposant des “pistes pour l'action" à la CPNEFP [ 2 ]Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle., l'OMPL suggère la revalorisation de la formation initiale des préparateurs, et le renforcement des actions de formation continue pour soutenir l'activité (conseil “hors ordonnance" et prévention, pharmacologie, connaissance des pathologies, techniques de communication, spécialisations (phytothérapie, aromathérapie, etc.). L'Observatoire insiste sur la demande soutenue de formation liée au contexte (que ce soit dans le cadre du plan, de la professionnalisation ou de la VAE), et sur l'accompagnement des mobilités “dans ou hors de la branche" par des bilans de compétences et/ou des actions de formation spécifiques. Également nécessaire, le renforcement du “suivi continu des effectifs", des évolutions de l'emploi par métier et des flux de formation initiale.
Notes
1. | ↑ | Loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. |
2. | ↑ | Commission paritaire nationale de l'emploi et de la formation professionnelle. |