Développement durable - Une économie plus “verdissante" que “verte"...
Par Nicolas Deguerry - Le 01 juillet 2013.
Le rapport d'activité 2012 de l'Observatoire national des
emplois et métiers de l'économie verte est en ligne sur le site du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie.
Créé au printemps 2010, cet Observatoire a pour but d'offrir un diagnostic “partagé et centralisé" de méthodes et de chiffrages sur les emplois, métiers et formations de l'économie verte. Quatre axes organisent le travail, dont un animé par Pôle emploi et dédié à l'observation de l'évolution des métiers, recrutements et formations. _ Les travaux ont permis de poursuivre le travail engagé l'année précédente sur l'identification des métiers “verts" et “verdissants" à partir du Répertoire opérationnel des métiers et emploi (Rome).
En 2012 comme en 2011, onze “codes Rome" verts et quarante sept
verdissants ont défini les métiers de l'économie verte. Pour rappel, chaque code Rome regroupe diverses appellations métiers, lesquels
ne sont pas tous impactés par l'économie verte : “Il se peut que certaines appellations soient faiblement impactées par l'évolution
des gestes professionnels et des compétences intégrant les problématiques environnementales", précise le rapport.
4 millions d'emplois potentiels ?
Le dénombrement des emplois a, lui, été établi à partir des
486 professions identifiées dans la nomenclature PCS [ 1 ]Professions et catégories socioprofessionnelles.. Au total, 9 professions ont ainsi été identifiées comme vertes, entre 63 et 73 comme verdissantes.
Soit et pour l'année 2009, quelque 139 000 emplois verts, 3,6 millions d'emplois verdissants en estimation basse et 4,1 millions en estimation haute.
Attention toutefois, pour les professions verdissantes et de l'aveu même des rapporteurs, les chiffres surestiment la réalité et sont donc “à prendre avec beaucoup de précaution". Près de 400 000 offres d'emploi relatives aux métiers de l'économie verte ont été déposées à Pôle emploi en 2012, soit 13 % du total collecté. L'immense majorité (358 500) concernait des métiers verdissants et seulement
33 900 des métiers verts.
Du côté de la demande, 37 000
demandeurs d'emploi recherchaient
un emploi dans les métiers
verts et 608 700 un métier
verdissant.
Si la question de l'adéquation
entre la formation et l'emploi
recherché n'a pu être traitée en
2012, il convient de noter que,
depuis la rédaction du rapport,
un cinquième groupe de travail
copiloté par le Céreq et l'Afpa a
été mis en place pour le suivi de
la relation emploi-formation.
Nicolas Deguerry
... et bientôt “mauve", ou “mauvifiante"
“Le renforcement des aspects
culturels dans le fonctionnement
de l'économie constitue
un abondant gisement de
croissance pour les professions
existantes ou appelées
à se transformer. Il représente
aussi un enjeu majeur
pour les politiques de formation
qui doivent faire correspondre
l'offre éducative aux
besoins et potentialités suscités
par ce nouveau marché."
C'est un des constats que fait
le premier groupe de travail
interinstitutionnel sur l'“économie
mauve". Les conclusions de ce
groupe de travail composé d'une
vingtaine d'experts ont été présentées
le 11 juin dernier, dans
le cadre des “1ères Assises du
Premium" organisées par l'association
Diversum.
La prise en compte du culturel dans l'économie
Terme apparu publiquement en
France, en mai 2011, “l'économie
mauve est une nouvelle
alliance entre la culture et
l'économie. C'est la prise en
compte du culturel dans l'économie.
L'économie mauve s'adapte
à la diversité humaine dans la
mondialisation. Elle prend appui
sur la dimension culturelle pour
valoriser les biens et les services",
a expliqué Jean Musitelli,
membre de Diversum. Simplement
dit, il s'agit, dans le cadre
de cette économie, de revoir
notre mode de croissance de
ces dernières années. Il n'est
plus adapté à la configuration du
monde globalisé. Il n'est pas non
plus durablement envisageable.
Car, a précisé Jean Musitelli, le
modèle “croissance sans culture"
aboutit “à une standardisation des
produits, à un appauvrissement
des contenus, à un gaspillage des
ressources lié à l'abandon des
savoir-faire locaux".
Cette “lecture nouvelle débouche
sur des opportunités importantes
pour nos économies",
a indiqué Jérôme Gouadain,
secrétaire général de cette
association qu'il a fondée en
2006. Il classe les métiers et
les emplois en “mauves" ou...
“mauvifiants". En effet, détaillet-
il, de nombreux métiers existants
ont des liens directs avec
leur objet à l'environnement
culturel. Ce sont donc des métiers
mauves. Ils sont en mesure
de contribuer à l'avènement
d'une économie “culturalisée".
C'est le cas, par exemple, des
professions du tourisme qui ont
appris depuis longtemps à valoriser
les cultures locales, leurs
particularités, leur architecture,
leurs spectacles, etc.
Les métiers “mauvifiants", eux,
sont ceux dont l'environnement
culturel n'est pas la finalité principale
mais qui, par leur transformation,
peuvent contribuer
à la transition vers une économie
mauve. C'est le cas des
professions qui permettent à
l'entreprise ou la collectivité de
prendre facilement en compte
des spécificités liées aux différences
culturelles, telles qu'un
“chargé des diversités" au sein
d'un service des ressources
humaines.
Repenser notre système de formation
Quel impact cette économie
a-t-elle sur la formation ? “Notre
système de formation ne répond
plus aux besoins que crée cette
nouvelle économie. Il y a donc
une nécessité de le repenser",
a répondu Jérôme Gouadain.
En effet, qu'elle soit initiale
ou continue, la formation “doit
faire une place plus importante
aux disciplines qui, en particulier
parmi les sciences humaines et
sociales, permettent d'accompagner
ou d'anticiper les évolutions
culturelles et d'en organiser
les implications pratiques".
Aujourd'hui, “on ne peut plus
se satisfaire des savoirs et des
techniques étroitement compartimentés
alors que les évolutions
dynamiques et le potentiel
de créativité se maintiennent
aux frontières entre différents
secteurs et les différentes disciplines...".
Un groupe de travail dédié aux
ressources humaines sera installé
dans les prochains mois
pour “réfléchir au développement
des compétences et à la
création de nouveaux emplois
liés à l'économie mauve", a
annoncé Jérôme Gouadain.
Knock Billy
QU'EST-CE ?
Les métiers “verdissants" sont
ceux dont la finalité n'est pas
environnementale mais qui
intègrent de nouvelles “briques
de compétences" pour prendre
en compte de façon significative
et quantifiable la dimension
environnementale dans le
“geste métier".
Notes
1. | ↑ | Professions et catégories socioprofessionnelles. |