Apprentis : la mobilité européenne progresse, les acteurs s'organisent

Une mobilité en forte accélération dans le réseau des CMA

La mobilité européenne et internationale progresse vivement au sein du réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat. Selon l'enquête réalisée par Open for Europe pour CMA France paru en septembre 2025, 3 152 apprentis, jeunes en post-apprentissage, personnels administratifs et maîtres d'apprentissage ont bénéficié d'une expérience à l'étranger en 2023-2024, soit une hausse de 45 % par rapport à 2017-2018 (+46 % pour les apprentis). Le réseau peut désormais s'appuyer sur 68 référents mobilité et sur des dispositifs de financement solides, dont Erasmus+, qui cofinance 70 % des séjours.

Les mobilités restent majoritairement de courte durée : 97 % des apprentis partent pour deux semaines ou moins, souvent en groupe (85 %). Elles concernent surtout les niveaux 4 et se concentrent dans les secteurs des services et de l'alimentation en mobilité sortante, tandis que la coiffure-esthétique, la boulangerie-pâtisserie, la fabrication et le BTP sont surreprésentés dans les mobilités entrantes. L'Allemagne constitue la deuxième destination privilégiée du réseau (426 départs), tandis que la France accueille également 165 mobilités entrantes depuis ce pays partenaire.

Atlas et Euro App Mobility : un partenariat pour fluidifier la démarche

La dynamique ne se limite pas aux CMA. Elle s'accompagne d'une montée en puissance des initiatives nationales, à l'image du partenariat signé début novembre entre l'OPCO Atlas et Euro App Mobility. L'opérateur de compétences des services financiers et du conseil, représentant plus de 200 000 entreprises et 2,1 millions de salariés, souhaite faire de la mobilité « une opportunité accessible et concrète » pour tous les alternants, selon sa présidente Marie Buard. Ce partenariat, prévu pour trois ans, poursuit trois ambitions : développer l'accès à la mobilité internationale ; soutenir les entreprises et les CFA dans la construction de parcours structurés, notamment de mobilité longue ; professionnaliser les équipes territoriales d'Atlas pour renforcer l'accompagnement.
La demande est déjà en hausse : les financements liés à la mobilité ont progressé de 26 % entre 2023 et 2024, et 13 % des contrats d'apprentissage intègrent une demande de mobilité en 2025.

Professionnaliser, rendre visible, stabiliser : des priorités convergentes

Les objectifs défendus par Atlas et Euro App Mobility font écho aux préconisations exprimées par le réseau des CMA pour amplifier les mobilités. Les CMA appellent notamment à reconnaître et professionnaliser les référents mobilité ; renforcer la communication et l'effet réseau ; stabiliser et augmenter les moyens financiers, avec des modèles économiques attractifs ; diversifier les formats de mobilité, développer la réciprocité et l'accueil ; consolider l'approche pédagogique et la reconnaissance des acquis. De leur côté, Atlas et Euro App Mobility souhaitent valoriser les opportunités de formation dès l'entrée en alternance ; accompagner les entreprises sur les dispositifs existants comme Erasmus+ ; aider les CFA à intégrer pleinement les parcours internationaux dans les cursus ; structurer l'accompagnement des équipes territoriales.

Une convergence se dessine : professionnaliser les acteurs, rendre les dispositifs lisibles et pérenniser les financements pour dépasser le stade de l'expérimentation.

Au-delà des chiffres, une vision se renforce : faire de la mobilité des apprentis un droit effectif et non plus une exception, comme le rappelle Jean Arthuis, fondateur d'Euro App Mobility. L'ensemble de ces initiatives contribue à bâtir un espace européen de l'apprentissage, où les parcours transnationaux deviennent progressivement une composante normale de la formation, au bénéfice des jeunes, des entreprises et des territoires.