Améliorer l'efficacité de la formation professionnelle avec le “web social"

Alors que la réforme se concentre sur l'organisation du système, le débat sur les modalités pédagogiques interroge la nécessité d'un changement du paradigme d'apprentissage. Exemple avec Adrien Ferro[[Consultant-formateur, responsable du développement et du module consacré au web 2.0 du master professionnel d'ingénierie de la e-formation proposé par l'université de Rennes-I.]].

Par - Le 01 février 2009.

Si de plus en plus d'acteurs de la formation se tournent de manière croissante vers les outils du “web social" pour faire évoluer les pratiques, c'est que “le modèle actuel se révèle obsolète face à l'émergence des organisations apprenantes et des nouveaux processus de travail collaboratif", estime Adrien Ferro. En cause, le manque de “convergence entre information, communication et formation" dans le cadre du travail. Il faudrait, par exemple, lier les problématiques de GPEC à celles de gestion des connaissances (knowledge management, KM). Une démarche qui impose, au passage, de revisiter les dispositifs en veillant à la finalité des actions, sous peine de passer à côté du sujet : “Le KM, ce n'est pas mettre la connaissance dans des bases de données", mais penser la connaissance comme “vivante" et l'entretenir dans une logique de “coproduction". En jeu, la redéfinition des frontières entre travailler et apprendre, deux activités qu'Adrien Ferro perçoit comme identiques dans le contexte d'une “société cognitive fortement tertiarisée". D'où l'invitation à s'intéresser aux moyens d'assurer une “professionnalisation tout au long du travail" en recourant aux outils du web social.

À ceux qui se demandent pourquoi mettre l'accent sur le web plutôt que sur un dispositif organisé, Adrien Ferro répond que le web permet de prendre en compte les apprentissages “non formels" et “informels", et donc de ne pas se limiter “au niveau d'une cognition liée à un diplôme". Ainsi, les outils sociaux du web 2.0 apparaissent comme une “piste pour la professionnalisation tout au long de la vie : plateforme sociale avec interface de syndication de l'information et espaces de communication synchrone et asynchrone (chat, forum, classe virtuelle) ; fils RSS pour organiser la veille thématique ; blogs pour créer des parcours formatifs personnalisés à partir d'informations internes et externes ; wikis pour valoriser la production collective des savoirs au sein de groupes d'apprentissage par projet".

CQFD : l'entreprise web 2.0 est celle qui sait “appliquer les modèles collaboratifs à la production de contenu et la gestion des connaissances". Autant dire que la proposition entraîne une réorganisation radicale des entreprises, qui a peu de chances d'être pilotée par les services formation, ceux-ci ayant déjà bien du mal à faire exister des conceptions beaucoup moins ambitieuses de formation tout au long de la vie.

Une limite dont Adrien Ferro a conscience et qu'il pense pouvoir lever par “l'amélioration des compétences numériques et collaboratives" de l'ensemble des collaborateurs. En somme, un processus d'acculturation qui permettra de “créer de l'appétence à des usages facilement réplicables et exportables par les réseaux numériques dans les dispositifs de formation de l'entreprise". Reste à savoir si le conseil et l'accompagnement peuvent suffire à provoquer le changement nécessaire, ou si seule l'arrivée aux commandes de la génération des “millenials"[ 1 ]La génération née dans les années 1980, supposée rompue aux codes sociaux et usages liés au développement des TIC.
Contact www.novantura.com
permettra de renouveler le modèle.

[(
L'expérience du service formation d'ISS France

C'est dans un contexte désormais classique (nécessité d'innover sur les modalités d'apprentissage à budget constant, besoin de travail à distance en réseau et en mode projet, etc.) que le service formation d'ISS France[ 2 ]Prestataire de services aux entreprises (propreté, accueil, sécurité, prévention, etc.) présent dans une cinquantaine de pays. www.fr.issworld.com s'est lancé début 2008 dans la conception d'un portail.

L'objectif ?

Double, selon Benoît Maillard, chef de projet NTIC ISS France : “Utiliser les outils du web afin d'optimiser le travail collaboratif et utiliser la pédagogie distancielle dans le but de réduire les coûts et s'ouvrir à des méthodes pédagogiques innovantes ; favoriser la mobilité et le maintien dans l'emploi."

D'où la création de Collaboratiss.fr, exemple concret de portail bâti sur le principe du web social défendu par Adrien Ferro. Dispositif d'information autant que de formation, le site permet en effet aux collaborateurs (une trentaine dans la phase expérimentale) de consulter et de participer à la production d'informations dans une logique de gestion de projet en réseau et à distance. Pour Adrien Ferro, la difficulté majeure est de veiller à ce que le projet ne se transforme pas en simple application de gestion électronique de documents. “Toute la question est de parvenir à faire du parcours formatif à partir d'informations à vocation informative", conclut-il.

En savoir plus : www.collaboratiss.fr
)]

Notes   [ + ]

1. La génération née dans les années 1980, supposée rompue aux codes sociaux et usages liés au développement des TIC.
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2. Prestataire de services aux entreprises (propreté, accueil, sécurité, prévention, etc.) présent dans une cinquantaine de pays. www.fr.issworld.com