Abdul-Wahab
Al-Akil
Par Centre Inffo - Le 15 janvier 2006.
Inffo Flash : Quelles sont les priorités actuelles du gouvernement en matière de formation ?
Abdul-Wahab Al-Akil : Avec quelque 28 millions d'habitants, et plus de 3 % de croissance, le Yémen est actuellement un pays économiquement émergent. La forte progression de notre population (35 millions en 2025) et sa grande jeunesse (près de 57 % ont moins de 15 ans) entraînent une rapide croissance de la main-d'œuvre et la nécessité de développer les opportunités d'emploi.
Cela exige surtout de rapprocher les formations des besoins du marché du travail. Le gouvernement consent d'importants investissements pour répondre à ces besoins.
Notre système de formation professionnelle dispose de capacités très limitées : manque de diversification des spécialités, couverture géographique insuffisante, ressources financières limitées... Pour palier ces problèmes, le gouvernement a engagé une réforme des formations initiale et professionnelle.
Afin de préparer la “Stratégie nationale pour l'enseignement technique et la formation professionnelle", le ministère de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle a ainsi organisé, en 1999, une conférence qui a regroupé l'ensemble des acteurs nationaux dans le domaine.
Avec le soutien de la Banque mondiale et de l'Union européenne, nous avons, à la suite de deux années de travail, mis en place une stratégie pour développer notre système de formation professionnelle. Celle-ci comporte cinq grandes lignes.
Pour accroître nos capacités d'accueil et de formation,
le gouvernement s'est engagé à porter le nombre des instituts d'enseignement technique et d'organismes de formation professionnelle de 56 actuellement à 300 en 2007.
Il entend également renforcer la qualité et l'efficacité du système de formation. Nous devons mettre sur le marché du travail des personnes formées dans des instituts proposant des programmes de qualité conduits par des équipes hautement compétentes. Les travailleurs yéménites doivent posséder les niveaux de compétences exigibles pour l'exercice d'un métier.
Nous nous sommes engagés à offrir les mêmes opportunités d'accès aux actions de formation professionnelle à tous.
Notre système de formation doit impérativement être réactif aux besoins des femmes, des personnes ayant quitté le système éducatif, des personnes handicapées, des créateurs de petites entreprises et des personnes souhaitant délaisser l'économie informelle pour des activités formelles.
Les actions de formation proposées doivent nécessairement être en lien avec les exigences du marché du travail et les besoins des entreprises. Nous travaillons à la diversification des domaines de formation afin de couvrir tous les secteurs d'activités et de développement.
Le gouvernement a décidé d'augmenter le budget de l'enseignement technique et de la formation professionnelle. Il encourage également les organismes privés à investir le secteur, tout en respectant les orientations nationales.
Nous sommes à la recherche de partenaires et de donateurs pour nous accompagner dans la mise en œuvre de cette Stratégie nationale pour l'enseignement technique et la formation professionnelle.
Dans ce cadre, nous avons sollicité, en 2002, le gouvernement français, qui a accepté de nous aider. Nous souhaitons que la France soit notre partenaire exclusif dans le domaine de la formation professionnelle, notamment dans le secteur agricole.
Inffo Flash : En quoi la France peut-elle contribuer au développement de la formation professionnelle au Yémen ?
Abdul-Wahab Al-Akil : - La France est connue pour l'excellente qualité de ses produits. Ce qui prouve que les producteurs français sont bien formés.
Le Yémen est essentiellement agricole : près de 80 % de la population résident en milieu rural et vivent d'exportation de fruits, de légumes et d'animaux.
En tant que “grenier de la péninsule Arabique", nous souhaitons donc nous inspirer du modèle français, pour avoir des producteurs hautement qualifiés afin
de proposer des produits de bonne qualité, répondant aux normes internationales.
Il existe au Yémen des centres de formation agricole, qui ne sont pas encore accessibles en formation continue.
Notre ambition est d'attirer les personnes en activité vers ces organismes de perfectionnement et de qualification.
C'est pourquoi nous nous intéressons à l'expérience française dans le domaine de la formation professionnelle continue, qui est, de loin, la plus intéressante et la plus efficace.
Dans ce cadre, par exemple, l'Institut professionnel agricole et vétérinaire de Sana'a développe, depuis un an, un projet de coopération avec le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Carmejane (Alpes-Maritimes).
Ce projet, qui bénéficie de l'appui du Pôle national français de coopération international, a pour but de rénover la formation agricole de l'Institut de Sana'a. Il constitue un appui pédagogique important et contribue efficacement à l'amélioration et au transfert de compétences. D'autres projets sont en cours avec notamment le Lycée agricole de Nîmes.
C'est une grande opportunité pour notre pays de développer des projets de coopération avec la France et de bénéficier de ses expertises en matière de développement des compétences et des qualifications, surtout dans le domaine agroalimentaire.
Le système de formation professionnelle français nous semble un bon modèle pour le Yémen.
Propos recueillis par Knock Billy
Contact :
Ministère de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle du Yémen
P.O. box 25235, Baghdad Street, Sana'a
Tél. : 202414/406287
Site : www.yemen.gov.ye