Denise

Delorme

Seule représentante des Régions lors de la conférence annuelle d'Uniformation sur l'avenir des Opca, qui s'est tenue à Paris le 16 janvier, Denise Delorme, vice-présidente du Conseil régional de la Réunion, donne son point de vue sur une possible réforme du financement de la formation.

Par - Le 30 janvier 2008.

Inffo Flash - L'accord sur la modernisation du marché du travail améliore la transférabilité du Dif, tant pour les demandeurs d'emploi que pour les personnes nouvellement embauchées. Qu'en pensez-vous ?

Denise Delorme - Vingt, quarante ou soixante heures, ce n'est pas grand-chose, lorsqu'il s'agit de requalifier quelqu'un. Ces formations doivent passer par une mutualisation des fonds.
Nous le faisons déjà depuis longtemps. Ainsi avec Uniformation, qui prévoit la formation de plus de mille professionnels de l'aide à la personne. Mettre nos efforts en commun est une habitude à la Réunion.
Ces progrès de la transférabilité du Dif, au-delà de la logique de branche, avec l'intervention possible du Fup, m'apparaissent comme une évolution très souhaitable. Elle va dans le sens de la logique de la formation tout au long de la vie centrée sur la personne.

IF - Le rapport Carle suggère l'implantation régionale d'Opca regroupés. Approuvez-vous cette vision à la fois interprofessionnelle et territoriale ?

D. D. - Ce projet ne me semble pas aberrant. On se rapproche des Régions. Il y a certainement un travail de regroupement de certains Opca à effectuer, c'est le cas pour les services à la personne. Celui-ci pourrait comprendre plusieurs sections : culture, service à la personne, sports, etc.
La question qui se pose est : va-t-on s'acheminer vers ces regroupements à marche forcée ou régulée ? On peut y arriver en laissant tomber les logiques concurrentielles, pour se centrer sur les besoins des personnes.

IF - La mission sénatoriale préconise de rendre le plan régional de formation professionnelle prescriptif. Donc, d'influer sur les politiques de branche et, par suite, des Opca. Êtes-vous d'accord ?

D. D. - La seule chose que nous demandons, c'est un rôle de pilote au niveau régional, qui nous est jusqu'à présent refusé. La formation des salariés comme des demandeurs d'emploi doit rentrer dans une logique de
territoire, et l'État doit tenir sa place de régulateur et d'évaluateur en la matière.

IF - L'ARF a demandé, pour le moment sans succès, un moratoire de deux ans pour la décentralisation de la commande publique de l'Afpa. Celle-ci est décentralisée depuis 1983 dans les Dom. Quelle expérience en tirez-vous ?

D. D. - En effet, nous finançons 95 % des coûts pédagogiques, de fonctionnement et de l'entretien du bâti de l'Afpa Réunion, cette dernière question apparaissant très problématique pour les Conseils régionaux de métropole. Les commissions de sécurité ne font pas de cadeau aux collectivités territoriales...

À la Réunion, nous fonctionnons sur un système mixte en recourant tant aux appels d'offres qu'à une dotation annuelle. De surcroît, nous avons la chance, en tant que Dom, de continuer à bénéficier largement du FSE pour assumer cette décentralisation dans un contexte d'accroissement des dépenses de fonctionnement et de réhabilitation du bâti. On ne peut pas tout livrer au marché. La formation n'est pas n'importe quel bien, c'est un service à la personne.

Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann