Francine

Carius

Mobilisation de tous, mise en cohérence et réponse aux besoins sociaux et économiques sont les maîtres mots de la politique du Conseil régional. L'accent va être tout particulièrement mis
sur l'apprentissage. Cette année, l'organisation d'“Assises de l'apprentissage" devrait mettre un point d'orgue à une importante démarche de consultations et de réorganisation.

Par - Le 15 mars 2006.

Inffo Flash :Quels sont les axes du prochain PRDFP élaboré par la Région ?

Francine Carius : Le prochain PRDFP s'articulera autour de la mobilisation de l'ensemble des structures et dispositifs de formation qui interviennent dans le champ de la formation professionnelle ; l'amélioration de la cohérence et de la complémentarité entre les dispositifs régionaux ; et la réponse aux besoins en formation des personnes, des entreprises et des bassins d'emplois.

Il a pour objectifs majeurs :

 d'identifier les publics en attente de formation, et leurs besoins ;

 d'analyser les pratiques des employeurs dans ce domaine et de mesurer leurs attentes vis-à-vis du Conseil régional ;

 de lister les freins à l'accès à la formation ;

 de dresser un bilan des forces et faiblesses de l'offre de formation ;

 de recenser les défaillances dans la coordination des actions proposées par les différents acteurs et d'étudier la cohérence des outils ;

 de présenter une série de plans d'action de formation professionnelle pour les jeunes et les adultes ;

 et de définir des pistes qui permettront de poursuivre l'amélioration des prestations liées à l'information et l'orientation.

Inffo Flash : Vous avez élaboré un programme régional de formation professionnelle des adultes. Pouvez-vous le présenter ?

Francine Carius :Il s'agit d'un programme annuel, comme le PRFPJ, élaboré à partir d'actions de formation proposées par des centres de formation ayant répondu à un appel d'offres.

Nous effectuons deux consultations par an pour ce programme, sur la base d'un cahier des charges. Les actions qui sont retenues tiennent compte des besoins exprimés à la fois par les demandeurs d'emploi et par le monde économique. Dans le cadre de l'élaboration de ce programme, nous nous appuyons sur les enquêtes “BMO" (besoins en main-d'œuvre).

Le PRFP est ouvert à tout public demandeur d'emploi. Aucune condition d'âge n'est exigée. Les personnes qui suivent une action de formation dans le cadre de ce programme sont éligibles à la rémunération.

Inffo Flash : Quelle place la Martinique accorde-t-elle à l'insertion des jeunes peu ou pas qualifiés ?

Francine Carius :Les difficultés d'insertion professionnelle des jeunes, encore cruciales, incitent à rénover en profondeur les politiques de formation : améliorer les démarches en faveur de l'apprentissage ainsi que celles relatives aux jeunes les plus en difficulté.

En Martinique, quatre CFA participent à la formation des apprentis. La Région finance aussi bien le fonctionnement que les travaux et l'équipement des CFA. La mise en œuvre de l'apprentissage nécessite une rénovation qualitative. Il convient d'examiner de près cet outil de formation, de l'améliorer et d'en évaluer de manière continue l'efficacité.

Dans cette perspective, une réorganisation et une approche nouvelle de l'activité est programmée. La Région devra réaliser un suivi régulier et étalé dans le temps des formations telles qu'elles sont mises en œuvre dans les CFA et au sein des entreprises, et une politique plus active et plus continue d'échanges avec les services du Rectorat chargés de l'apprentissage, avec les services de la Direction du travail (qui doivent intervenir notamment en cas de difficultés liées à l'application du Code du travail) et avec les autres organismes d'insertion professionnelle et sociale des jeunes, comme, par exemple, le réseau d'accueil des jeunes.

La loi du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale prévoit la conclusion entre l'État et les Régions de contrats d'objectifs et de moyens pour la mise en œuvre de l'apprentissage. Au nombre des objectifs envisagés, qui devront être en cohérence avec la volonté régionale : l'adaptation de l'offre de formation au regard des perspectives d'emploi, l'amélioration des conditions de vie des apprentis, et des processus de préapprentissage, le soutien à l'initiative pédagogique et à l'expérimentation pédagogique. Ainsi, plusieurs innovations ont été proposées.

Tout d'abord, une réorganisation du réseau d'accueil pour, d'une part, tenir compte du Code des marchés publics et, d'autre part, améliorer l'accompagnement des jeunes. Un appel à candidatures a été lancé afin de retenir, pour l'ensemble du territoire régional, les prestataires chargés d'accueillir, d'orienter, d'informer et d'accompagner les jeunes relevant du dispositif régional en direction des 16-25 ans en difficulté d'insertion. Des conseillers en insertion professionnelle seront “dévolus" par ces prestataires. Quatre fonctions devront être assurées par ces conseillers : l'accueil, l'information et l'orientation, l'insertion professionnelle, et l'accompagnement vers les métiers porteurs. Aussi, la relation avec les entreprises du bassin d'emplois devra-t-elle être privilégiée.

Deuxième innovation proposée : de nouvelles modalités pour le programme de formation proprement dit.

Il s'agirait de publier des appels d'offres ouverts, en supprimant la procédure d'habilitation qui visait à retenir un panel de centres de formation selon leur capacité à assurer les différentes étapes du parcours. Dans le cas des pré-qualifications et qualifications, il est proposé d'ouvrir des marchés fractionnés (tranches fermes et tranches conditionnelles). Cette démarche permettrait d'alléger les procédures, et surtout de réduire les délais d'attente entre les différentes phases du parcours. Le taux d'abandons de jeunes en serait réduit.

Enfin, la troisième innovation porterait sur l'effort de formation et de pérennisation des “emplois jeunes", qui seront poursuivis, ainsi que sur le développement de séquences d'apprentissage expérimentales dans les pays de la Caraïbe ou autres, et de l'accès à l'apprentissage des personnes handicapées qui le souhaitent.

Le suivi de l'activité des CFA est également important. Il s'agit notamment, de suivre le fonctionnement réel des CFA quant aux pratiques pédagogiques, aux résultats et aux examens, à l'absentéisme, à l'insertion des apprentis, et également d'entretenir le dialogue avec les équipes éducatives. Dans le cadre de la rénovation impulsée par la Région, une attention particulière sera portée aux questions relatives à la pédagogie de l'alternance et aux conditions de sa mise en œuvre efficiente, notamment par la mise en place d'un contrôle
pédagogique.

Par ailleurs, les initiatives et les chantiers suivants devront voir le jour :

 prise en compte de questions telles que l'individualisation de la formation des apprentis, dans le cadre d'une ingénierie de l'apprentissage mûrement réfléchie ;

 vécu de l'alternance par les apprentis. à ce titre, il serait nécessaire de mettre en place une cellule d'écoute et d'aide pour les apprentis, ayant pour mission d'intervenir dans les différents CFA.

Pour 2006, il est proposé que le “Championnat des apprentis" fasse place à des “Assises de l'apprentissage" pour faire un vaste état des lieux.

Au sujet du suivi de la formation en entreprise, l'évaluation préconise d'assurer l'information et la formation systématique des maîtres d'apprentissage, ainsi que les débuts des apprentis dans l'entreprise.

L'évaluation propose plusieurs améliorations du dispositif de formation des jeunes en difficultés d'insertion : introduire plus de flexibilité dans la programmation, grâce à un calendrier trimestriel et accéléré pour les premières étapes (mobilisation et mise à niveau, pluriannualité pour les pré-qualifications et qualifications) ; et, donc, préciser les missions du réseau d'accueil et d'accompagnement des jeunes.

Inffo Flash : Comment la Région compte-t-elle mettre en œuvre les responsabilités issues de la loi de décentralisation ?

Francine Carius : Pour 2006, les priorités de la politique régionale de formation professionnelle se déclineront comme suit : mettre un accent particulier sur la formation et l'insertion professionnelle des jeunes demandeurs d'emploi en difficulté d'insertion ; faire un état des lieux des formations sanitaires et sociales (nous intervenions déjà de façon tout à fait volontariste dans ce secteur où existent des métiers en tension) ; et initier une politique d'information sur les dispositifs de formation.

Propos recueillis par Sandrine Zadunayski