Jean-Claude
Quentin
Par Centre Inffo - Le 01 novembre 2006.
Inffo Flash : Les propositions du président de la République répondent-elles aux attentes des partenaires sociaux ?
Jean-Claude Quentin : L'idée de sécurisation des parcours professionnels n'est pas neuve. Existent déjà une assurance-chômage, le droit individuel à la formation et la VAE, négociés par les partenaires sociaux. L'enjeu est à présent de trouver une meilleure coordination entre les dispositifs dirigés par les partenaires sociaux, l'État et les collectivités territoriales. Pour ce qui est du moment, disons qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. La suite nous dira si l'engagement est tenu.
Sur la question de l'impossibilité de modifier le Code du travail sans que les partenaires sociaux aient été en mesure de négocier sur le contenu de la réforme engagée, je dirai que le temps politique n'est pas celui de la négociation. Le problème, c'est l'échéance que veut nous imposer le temps politique. Le négociateur, lui, n'a pas ce type de contrainte. Je suis d'accord pour se fixer des objectifs communs, mais pas pour partager un agenda avec l'État. Cela dit, il est clair que des négociateurs doivent pouvoir s'imposer une date butoir. D'ailleurs, il est bien prévu que si une négociation dure trop longtemps, le législateur est habilité à prendre le relais.
Autre point, le “rendez-vous annuel" proposé à l'ensemble des partenaires sociaux par le président, ne heurte personne. Mais il ne doit découler aucun engagement de négociation de ces rencontres. Nous voulons garder notre droit de saisine et la liberté de négociation.
Inffo Flash : Dans le cadre du projet de réforme du dialogue social, il est question de fusionner quatre instances[ 1 ]La Commission nationale de la négociation collective(CNNC), le Conseil supérieur de l'emploi (CSE), le Comité du dialogue social pour les affaires internationales (CDSEI) et le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV). dans un Comité du dialogue social.
Qu elle est votre position ?
Jean-Claude Quentin : Notre organisation ne souhaite pas une fusion généralisée. Ce que nous souhaitons, c'est l'existence de deux pôles : l'un concernant les relations du travail et l'autre l'emploi et la formation. En clair, nous ne souhaitons pas la disparition ni du CDSEI ni du CNFPTLV, notamment parce que s'y trouvent
des compétences qu'on ne retrouve pas ailleurs.
Inffo Flash : Que vous inspire la proposition du rapport Cahuc-Zylberberg de remplacer le Dif par des formations longues et qualifiantes pour les plus en difficulté ?
Jean-Claude Quentin : Visiblement, le dispositif en gêne certains, car il remet en cause, à terme, la vision captive que ceux-ci ont de la formation des salariés. Le Dif va plus loin, en préfigurant la naissance de nouveaux droits, non plus attachés au contrat de travail, mais constituant un viatique accompagnant le salarié dans son parcours professionnel. Ce n'est pas parce que sa montée en charge est relativement lente qu'il faut tuer cet “enfançon". Les propos que Gérard Larcher a tenus à Strasbourg2 vont tout à fait dans notre sens. Maintenant, s'il s'agit de former les moins qualifiés, le contrat de professionnalisation en alternance est précisément là pour cela !
Propos recueillis par Renée. David.-Aeschlimann.
Notes
1. | ↑ | La Commission nationale de la négociation collective(CNNC), le Conseil supérieur de l'emploi (CSE), le Comité du dialogue social pour les affaires internationales (CDSEI) et le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV). |