Sylvain

Heurtebise

Par - Le 01 décembre 2006.

Inffo Flash : Comment la commune de Beauvais a-t-elle mis en œuvre son contrat de ville ?

Sylvain Heurtebise : La mise en œuvre du volet emploi et insertion par l'activité économique a nettement évolué depuis 2000. L'année 2004 a marqué un tournant : Caroline Cayeux, maire de Beauvais, a souhaité qu'elle devienne une priorité du contrat de ville. Dès lors, un maximum de crédits a été mobilisé par la ville dans l'optique de renforcer les actions d'aide à l'insertion. Je pense notamment au succès de l'action de l'association Réactif, dont la vocation est d'accompagner des jeunes en difficulté. Depuis 2000, le partenariat a été constamment amplifié budgétairement. Avec 40 % de sorties positives : soit les jeunes trouvent une formation de plus de six mois, soit un emploi de plus de six mois. Autre exemple : à la demande du ministère de l'Emploi, nous avons organisé en mai 2006 un forum emploi sur les métiers du bâtiment dans un des quatre quartiers prioritaires de Beauvais. Les agences d'intérim, l'ANPE et des centres de formation d'apprentis, notamment, y ont participé. Nous avons travaillé avec le ministère de l'Éducation et des associations de quartier. Résultat : une vingtaine de jeunes sont aujourd'hui en formation et pour certains, en poste dans des entreprises locales à Beauvais.

Inffo Flash : Quel est le degré d'implication des autres collectivités locales ?

Sylvain Heurtebise : Un groupe technique de coordination, piloté par la Direction départementale du travail, se réunit une fois par mois. Y sont représentés la ville, l'agglomération, le Conseil général, le plan local pour l'insertion par l'économique, les Missions locales, les services de l'État via la DDTE et la préfecture et, ponctuellement, différents autres acteurs du territoire.
Ce groupe technique apporte une véritable plus-value, dans la mesure où les décisions et actions prises en commun dépassent les clivages partisans. Ce groupe de travail a grandement contribué à concrétiser des projets d'insertion dans les Zus Argentine et Saint-Jean, en permettant à chaque acteur de mobiliser des crédits. Ainsi, un chantier d'insertion cofinancé par la ville, le Plie, le Conseil général, le Conseil régional et l'état, a été mis en œuvre sur le quartier Saint-Jean, impliquant une trentaine de jeunes salariés.

Inffo Flash : Comment appréhendez-vous le nouveau contrat urbain de cohésion sociale ?

Sylvain Heurtebise : Nous préparons le CUCS depuis début 2006. Le souhait politique est qu'il soit plus qu'une simple continuité du contrat de ville. C'est pourquoi nous avons sollicité un cabinet extérieur sur une mission de dynamisation de la politique de la ville. Cela signifie que nous avons inscrit les actions dans la durée, et que nous ferons la part belle à l'innovation. Trois groupes de travail ont été mis en place sur le volet emploi et formation, avec la Région, le Département, l'État et les opérateurs de quartier (les associations, la Mission locale, la fondation Agir contre l'exclusion). Parallèlement, la ville a signé une charte locale d'insertion. Caroline Cayeux veut mettre en place des clauses insertion, au sein des appels d'offres publics. Cette clause obligera l'entrepreneur qui travaille pour l'office HLM à consacrer 5 % des heures à des personnes qualifiées en insertion - des personnes proposées par un comité de pilotage composé de l'ANPE, du Plie, des Missions locales et de la ville de Beauvais, pilotant cette démarche. L'entrepreneur retenu est bien sûr accompagné et nous nous engageons à lui fournir un public qualifié. Cette charte locale d'insertion a été signée en mai 2006 par l'ensemble des bailleurs et des collectivités, la mairie, les Chambres consulaires, l'ANPE et les Missions locales.

Inffo Flash : Quelles sont les orientations du CUCS ?

Sylvain Heurtebise : On peut dégager trois axes : le premier consiste à favoriser l'accompagnement vers l'emploi des jeunes et des femmes, pour réduire la discrimination à l'embauche. Deuxième axe : accompagner le développement économique local et celui de l'économie solidaire. Nous allons accompagner les jeunes qui veulent créer leur activité et leur apporter des réponses via les Chambres consulaires et les Boutiques de gestion. Le troisième axe a trait à l'accès à la formation, en collaboration avec la Mission locale et le Conseil régional. Le but est d'élever les niveaux de qualification tout en limitant les sorties du système éducatif, en lien avec la plateforme de réussite éducative. On retrouve aussi dans ce volet insertion par l'activité économique la lutte contre l'illettrisme et l'apprentissage des savoirs de base pour les jeunes. À terme, l'objectif de la Mairie est de consacrer entre 30 et 40 % du budget CUCS à l'emploi. La priorité absolue est en effet la réduction du taux de chômage dans les quartiers sensibles, compris entre 22 et 27 % dans les quatre Zus. L'enveloppe annuelle du CUCS de Beauvais se montera annuellement à 9 millions d'euros, dont 15 % iront à l'emploi et l'insertion par l'économique, soit 1 350 000 euros. L'objectif, partagé par l'ensemble des collectivités locales, est de passer à 30 % en 2007. Le tout en vue de créer 1 000 nouveaux emplois en 2008.

Propos recueillis par David Garcia