Steven

Thenault

Le Conseil régional d'Alsace a organisé fin janvier la 2e édition des Ateliers de la formation, avec cette année pour thème “Quelles convergences et quelles mobilités entre les métiers du sanitaire et les métiers du social".

Par - Le 27 février 2007.

Inffo Flash : Sur quelles bases cette journée a-t-elle été organisée ?

Steven Thenault : Elle a été organisée à partir des constats des deux groupes de travail mis en place dans le cadre des travaux lancés en janvier 2006 par la Région pour élaborer les schémas régionaux des formations sanitaires et sociales. La journée a permis d'aborder de manière transversale cinq questions : l'évolution nécessaires des qualifications dans ces métiers ; la formation tout au long de la vie et ses conséquences en termes d'organisation de l'offre de formation ; le manque d'attractivité de certains métiers ; l'accueil des publics en formation et la saturation des lieux de stage ; la prévention de l'usure professionnelle. Environ 220 personnes étaient présentes, ce qui montre, selon nous, tout l'intérêt de ce thème. Il y avait principalement des Opca, des organismes de formation, des représentants de services de l'État. Toute la palette des acteurs concernés et entendus dans le cadre des travaux menés sur la question depuis le début de l'année 2006.

Inffo Flash : Quel aura été sa plus-value par rapport à la question de la décentralisation des formations sanitaires et sociales ?

Steven Thenault : Les travaux ont permis de dresser un état des lieux dans les deux domaines du sanitaire et du social avec leurs points forts et leurs points faibles respectifs. Ils ont eu un “effet miroir" important qui a permis de dégager une question fondamentale à nos yeux : comment peut-on opérer des points de convergence entre ces deux secteurs professionnels. C'est pourquoi les ateliers ont porté sur trois sujets : la notion de parcours de formation initiale et de parcours de formation continue, ou comment les construire ; l'intervention à domicile, ou quels sont les enjeux à terme pour la profession et avec quelles compétences ; la notion de “carrière professionnelle", ou quel sens donner à l'évolution de carrière pour éviter ou pallier l'usure. Tout cela semble
évident, mais la journée a démontré que les acteurs ne possèdent qu'une partie des connaissances sur les problématiques des secteurs. Les ateliers ont permis d'établir de véritables échanges.

Inffo Flash : Quelles sont les problématiques spécifiques pour ces deux secteurs, en Alsace ?

Steven Thenault : Il existe des problématiques spécifiques, mais aussi des constats partagés. Les deux secteurs ont en commun d'être peu attractifs et donc de connaître des difficultés de recrutement, mais aussi de concerner un nombre important d'étudiants rencontrant des situations financières difficiles, sans compter les départs à la retraite à venir, face à la hausse de la natalité. Le secteur sanitaire a ceci de particulier qu'il connaît une forte hausse des candidats bacheliers au détriment des niveaux V, de moins en moins retenus aux concours, un taux de déperdition en cours d'études important, une saturation des terrains de stage dans la région, une pénurie dans certaines disciplines, telles que les formations d'infirmier de bloc opératoire ou anesthésiste. Surtout, de nombreux postes de cadres de santé demeurent vacants et les quotas de formation ne sont pas atteints. Quant au secteur social, il n'y a pas de véritable pénurie, mais les besoins à venir sont importants. Les effectifs en formation ont quasiment doublé au cours des six dernières années, ainsi que le nombre de candidats aux concours qui a également considérablement augmenté. Par ailleurs, dans ce secteur, l'Alsace se distingue par un accroissement important de l'apprentissage et un développement très important de la VAE (près de 300 diplômes délivrés).

Inffo Flash : Comment allez-vous utiliser les
résultats de ces travaux ?

Steven Thenault : À l'origine, l'objectif était d'élaborer les schémas, mais ce que nous voulons, ce n'est pas tant un document sur la question que d'en faire une base de travail et de dialogue, qui devra nous permettre d'imaginer des perspectives de développement. Nous voulons aboutir à l'élaboration d'outils au sein d'un comité de suivi. Les schémas régionaux n'auront d'intérêt réel que s'ils sont partagés avec les acteurs.

Inffo Flash : Quand leur élaboration devrait-elle aboutir ? Quel va être le rôle du Conseil régional dans cette collaboration ?

Steven Thenault : Ils seront bouclés en mai, pour être votés en juin. Jusque-là, nous sommes “en apprentissage" d'un nouveau type de collaboration et de partenariat, afin que la Région soit là pour permettre le partage des informations et augmenter l'offre de formation. Nous sommes bien dans le cadre de compétences de la Région en matière de recherche de cohérence du développement de l'offre de formation professionnelle - autrement dit répondre aux questions : quelles filières, pour quel territoire, pour quel type de bénéficiaires ?

Nous travaillerons avec tous les acteurs, y compris ceux qui ne sont pas dans le champ, telle que l'Afpa. Il faut établir une cohérence de l'offre de formation dans les formations décentralisées, mais pas uniquement, notre responsabilité est plus large que le seul spectre déterminé par la loi de 2004[ 1 ]Loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.. L'Éducation nationale, par exemple, est invitée afin qu'elle entende l'avis des professionnels et des acteurs sur la pertinence des formations. Notre démarche, comme vous le voyez, est une démarche de concertation et de construction. La signature d'un contrat d'objectifs avec tous les partenaires devrait permettre d'aller jusqu'au bout du raisonnement. Nous avons par ailleurs choisi d'associer le Conseil économique et social de la région tout au long de nos travaux, avant le vote de son avis.

Propos recueillis par Sandrine Guédon-Zadunayski

Notes   [ + ]

1. Loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.