Marie-Thérèse
Geffroy
La 39e édition du concours international WorldSkills s'annonce sous des auspices partenariales pour l'association organisatrice de la sélection française, le Cofom. Les pouvoirs publics, les Régions, les entreprises, les partenaires sociaux et les branches s'impliquent en faveur de cette manifestation, qui contribue à la promotion de la formation, de l'alternance et de l'apprentissage.
Par Centre Inffo - Le 10 avril 2007.
Inffo Flash : Quelles évolutions avez-vous observées depuis que vous êtes à la présidence de l'association en charge de la coordination des sélections nationales et régionales ?
Marie-Thérèse Geffroy : Les Olympiades des métiers sont devenues tous les deux ans un vrai rendez-vous des jeunes avec la formation professionnelle. Cette manifestation, dans ses trois étapes (régionale, nationale et internationale), s'intègre de plus en plus dans la politique d'orientation et d'information sur les métiers, les voies professionnelles et, notamment, l'alternance. Aujourd'hui, elle mobilise de façon remarquable sur tous les territoires de plus en plus de partenaires : pouvoirs publics, Conseils régionaux, partenaires sociaux, entreprises et chambres consulaires, etc. L'ensemble de ces acteurs ont bien saisi l'opportunité des Olympiades des métiers pour en faire un élément important dans leurs politiques de formation et d'information sur la formation professionnelle.
La participation des jeunes connaît également une progression très importante. Lors des deux dernières Olympiades, nous avions quelque 4 000 candidats aux sélections régionales. Ils étaient 5 300 cette année. Ce sont 673 garçons et filles âgés de moins de 23 ans venus de toutes les régions de France qui ont participé aux finales nationales, qui se sont déroulées à Amiens, en Picardie, du 28 au 31 mars dernier. Plusieurs dizaines de milliers de personnes dans toute la France les ont encadrés et encouragés pour qu'ils puissent participer. Nous élargissons donc de plus en plus la base à partir de laquelle sont sélectionnés tous les deux ans les 40 membres de l'équipe de France des métiers, et nous donnons ainsi leur chance à un nombre croissant de jeunes.
Une autre évolution est l'implication de plus en plus importante des Régions dans l'organisation de la compétition. Elles consacrent des moyens importants, organisent parfois, comme la Région des Pays de la Loire, des sélections départementales, et proposent à leurs équipes une préparation physique et mentale pour leur permettre d'affronter les finales nationales. Grâce à tout ce travail, nous observons une augmentation de la qualité de la préparation des jeunes et bien sûr de leurs
performances.
Depuis de nombreuses années, les partenaires sociaux contribuent d'une manière très
importante au budget du Comité français
des Olympiades des métiers, dont ils assurent plus de 60 % des ressources. Cet effort s'inscrit pour eux dans la promotion de l'alternance, et les Olympiades des métiers y contribuent largement, puisque 75 % des candidats aux finales nationales 2007 sont issus de l'alternance, ce qui est une proportion très importante.
Nous observons également la montée en puissance (encore très naissante) du pôle des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Voici quatre ans, nous n'avions pas de candidats dans ce domaine.
Ils représentent pour l'instant 5 %
des candidats. Mais ce n'est qu'un début. Bien sûr, le secteur du BTP (bâtiment et des travaux publics) est toujours très fortement représenté à tous les niveaux, régional, national et international.
Inffo Flash : Les entreprises vous soutiennent-elles ?
Marie-Thérèse Geffroy : Oui, et leur soutien est de plus en plus important. Des entreprises de tous secteurs d'activités et de toutes tailles nous accompagnent tout au long de cette opération. Nous en comptons plus d'une centaine qui ont signé des conventions avec le Cofom. Certaines apportent un soutien financier, la majorité d'entre
elles apportent du matériel, des matériaux nécessaires à la réalisation des épreuves et à l'équipement des candidats. Cet apport est considérable et peut être évalué à plus de deux millions d'euros. C'est donc la conjonction des ressources apportées par un
très vaste réseau qui permet aux Olympiades des métiers d'exister en France.
Inffo Flash : Les finales mondiales se dérouleront à Shizuoka (Japon), du 14 au 21 novembre prochain. Quelles sont, selon vous, les chances de réussite de l'équipe nationale ?
Marie-Thérèse Geffroy : Plus les équipes régionales se préparent, meilleure est la préparation de l'équipe nationale, et plus nous aurons de chances de monter sur le podium. En 1995, il y avait 195 candidats à la compétition internationale. Cette année, au Japon, ils seront plus de 850, issus de 48 pays, dont l'Inde et tous les pays asiatiques, qui deviennent de plus en plus performants. La compétition WorldSkills International devient donc difficile.
Lors de l'édition précédente, nous avions eu deux médailles d'or (jardinier-paysagiste et coiffure), une médaille d'argent (menuiserie), une médaille de bronze (cuisine) et une douzaine de diplômes d'honneur. Ce qui signifie que beaucoup de jeunes Français étaient au pied du podium et qu'il leur manquait peu de chose pour y accéder. Nous allons essayer de les préparer encore mieux avec leurs experts et toute l'équipe réunie autour d'Yvan Valentinuzzi [délégué technique national de l'équipe de France des métiers].
Mais nous ne voulons pas, en France, faire des jeunes qui participent à WorldSkills Competition des sortes de “bêtes à concours". Nous voulons que la préparation à cette compétition permette à la fois de montrer que les voies professionnelles et l'alternance sont des chemins de réussite et de reconnaissance jusqu'au niveau international, mais nous voulons aussi donner leur chance de vivre cette aventure au plus grand nombre possible de jeunes, parce que c'est pour eux un moyen de se former sur le plan professionnel et humain. C'est pourquoi
les membres du Cofom ont choisi cette organisation progressive et partenariale qui est très motivante et stimulante pour les jeunes, qui se prennent au jeu de
la compétition et découvrent aussi la solidarité, l'esprit d'équipe et d'entraide qui permettent de réussir ensemble.
Inffo Flash : Pensez-vous que ces événements peuvent contribuer à améliorer l'image de l'apprentissage et de l'alternance auprès des jeunes ?
Marie-Thérèse Geffroy : Évidemment oui ! Parce que les Olympiades des métiers sont un excellent moyen de faire reculer les idées reçues. Un des problèmes dans notre pays, c'est que les métiers, l'alternance et la formation professionnelle sont trop souvent présentés comme un second choix, le choix de ceux qui n'ont pas intégré la filière “S" qui, d'une manière très restrictive, représente
la voie de réussite. Or, dans le monde entier, on s'accorde à reconnaître qu'il en existe d'autres, celles de la formation professionnelle, celles de l'alternance. Les Olympiades des métiers permettent de découvrir d'une manière très attrayante des jeunes garçons et filles qui réussissent, sont reconnus parce qu'ils détiennent réellement les clés du succès : avoir construit leurs compétences dans tous les secteurs d'activités et être capables d'apporter aux entreprises les qualifications dont elles ont besoin. En outre, ces jeunes candidats ont accepté de prendre le risque de se mesurer avec d'autres, de se comparer pour progresser. Ces jeunes candidats et candidates sont aussi heureux du choix qu'ils ont fait, du travail qu'ils réalisent et ça se voit.
Propos recueillis par Knock Billy
Un financement assuré
Pour la première fois depuis sa création en 1990, le Comité français des Olympiades des métiers (Cofom) a assuré à l'avance ses ressources jusqu'à la fin de 2007, la fin des compétitions internationales.
“Nous avons clôturé en mars nos comptes 2006 à l'équilibre et nous sommes dans une situation très sereine pour préparer les épreuves finales. Cette situation correspond aussi à l'investissement dans l'amélioration de la qualité du travail fourni par chacun de nous", se réjouit Marie-Thérèse Geffroy, qui a été réélue à la présidence du Cofom WorldSkills France en décembre 2006.
Le budget du Cofom s'étend sur deux années : une année creuse et une année pleine (celle des finales nationales et internationales). Le budget 2006-2007 s'élève à 2,8 millions d'euros, dont 85 % sont consacrés à la formation. À ce budget, “il faut bien sûr ajouter, si l'on veut avoir dans notre pays une idée complète des ressources consacrées aux Olympiades des métiers, les budgets que les Régions affectent aux sélections régionales, celui que la Région d'accueil accorde aux finales nationales, cette année la Picardie, l'apport en matériaux des entreprises et le temps consacré par plusieurs milliers de bénévoles".