Didier
Mercier-Lachapelle
Mayotte se prépare au transfert de compétences formation.
Collectivité d'outre-mer depuis 2003, Mayotte se prépare pour le 1er janvier 2008 au transfert de compétences en matière de formation, que lui confère la loi du 21 février 2007. Inffo Flash a rencontré, lors de la IVe Urom, Didier Mercier-Lachapelle, directeur général adjoint du Service à la population, au Conseil général de Mayotte.
Par Centre Inffo - Le 29 octobre 2007.
Inffo Flash : Comment le Conseil général de Mayotte se prépare-t-il à exercer la compétence en matière de formation professionnelle ?
Didier Mercier-Lachapelle : Le Conseil général prépare cette prise de responsabilités depuis quelques mois, à la fois en organisant ses services à l'interne et en développant sur le territoire de Mayotte une politique forte de partenariat avec tous les acteurs locaux impliqués dans la formation. Le président du Conseil général, Saïd Omar Oili, y est très sensibilisé de par ses fonctions de président de la Mission locale de Mayotte et de président de la Commission sport, formation, éducation et culture.
Une Direction qui regroupe formation professionnelle et insertion a été créée au sein du CG en juin dernier. Un Observatoire de la formation et de l'emploi vient de voir le jour, par délibération du 1er octobre. Des négociations avec le préfet ont permis en août de déterminer les modalités pratiques du transfert en termes d'agents et de moyens. Septembre a été consacré à des rencontres avec les organismes de formation, la Mission locale, le CIBC, les lieux d'information et d'orientation de publics, dont l'ANPE, le réseau consulaire, les organisations professionnelles et les personnalités qualifiées, pour expliquer ce transfert de compétences.
Une première réunion du Comité de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi est prévue en octobre, pour consulter sur les politiques de formation.
Inffo Flash : Les grandes lignes de votre politique de formation pour les prochaines années sont-elles déjà arrêtées ?
Didier Mercier-Lachapelle : Arrêtées, non, car l'Assemblée départementale n'est pas encore saisie d'un texte particulier. Les élus seront sollicités sur les orientations souhaitées. Par la suite, un programme régional de développement de la formation professionnelle, un programme annuel et des plans sectoriels seront élaborés. Nous avions déjà une forte intervention en matière d'insertion. À terme, nous souhaitons que ce volet devienne une composante de notre programme de formation.
Néanmoins, il est clair que l'objectif est de considérer la formation professionnelle en soutien des politiques de développement de la collectivité. De grands travaux sont en cours ou en projet : l'extension du port industriel de Mayotte, la création d'un terminal gazier, la construction d'une deuxième centrale électrique génèrent des besoins de main-d'œuvre qualifiée dans un certain nombre de secteurs.
Inffo Flash : Quels seront vos publics prioritaires ?
Didier Mercier-Lachapelle : Essentiellement les demandeurs d'emploi. Du fait que l'école n'est obligatoire à Mayotte que depuis 1982, la population locale a globalement un niveau de qualification peu élevé et ne peut prétendre tout de suite à des emplois qualifiés. Sur les 14 000 demandeurs d'emploi actuels, 10 000 ne maîtrisent pas la langue française, et il est essentiel d'organiser des actions contre l'illettrisme. Les actifs qualifiés viennent de Madagascar, de la métropole, des Comores, d'Afrique, et nous devons faire face à une forte immigration clandestine.
Notre priorité est de permettre aux Mahorais de s'adapter à court et moyen terme à des emplois, même peu qualifiés, créés par des secteurs en développement : par exemple, des structures hôtelières s'installent, et nous avons deux ans pour préparer les personnes à occuper les 200 emplois prévus.
Pour développer la formation des salariés, nous avons signé en 2007 une convention de partenariat depuis 2007 avec l'Agefom FC (collecteur interprofessionnel de Mayotte)[ 1 ]Agence économique de la France d'outre-mer ;
www.malango-mayotte.com(...)
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Inffo Flash : Avez-vous déjà retenu des indicateurs particuliers pour évaluer la formation ?
Didier Mercier-Lachapelle : L'indicateur est simple : sur le nombre de stagiaires qui entrent en action de formation, combien ne repartent pas à l'ANPE ?
Inffo Flash : N'ayant pas le statut de “région ultra périphérique", Mayotte ne peut pas percevoir de fonds européens. Sur quelles modalités de financement votre budget formation reposera-t-il ?
Didier Mercier-Lachapelle : Sur un transfert des crédits de l'État, plus la réaffectation d'un certain nombre de crédits de formation.
Inffo Flash : Travaillez-vous en réseau avec les autres collectivités d'outre-mer ?
Didier Mercier-Lachapelle : La proximité géographique privilégie notre coopération avec la Réunion : c'est avec l'Afpa et le Conseil régional de la Réunion que nous avons pu mettre en place une première action de formation de soudeurs sur le terminal gazier, où les entreprises ont déposé 30 offres d'emploi. D'autres coopérations de ce genre sont en cours.
Par ailleurs, notre nouvel Observatoire a pour activité première de faciliter notre insertion dans les réseaux de
la formation professionnelle. C'est ainsi que nous avons participé à
une réunion du réseau des Carif-Oref à Châlons-en-Champagne, en septembre dernier. Nous réunissons en ce moment le plus d'informations possible pour avancer rapidement.
Propos recueillis par Françoise Gérard
Contact : Courriel: didier.mercier [at] cg976.fr (remplacez les indications entre crochet)
Notes
1. | ↑ | Agence économique de la France d'outre-mer ; www.malango-mayotte.com(...) |