Maryse

Arditi

Les 18 et 19 mars, la Région Languedoc-Roussillon a lancé le premier Salon “Taf", dans les cinq départements du territoire. Objectifs : apporter des conseils en matière d'orientation et mettre en relation les demandeurs d'emploi avec les entreprises qui recrutent. La Région poursuit par ailleurs sa stratégie d'appui à la création et à la transmission d'entreprise.

Par - Le 31 mars 2008.

Inffo Flash - Dans quel contexte a été élaboré ce premier Salon “travail, avenir, formation" (Taf), et quels sont ses objectifs ?

Maryse Arditi - Nous sommes convaincus que la formation constitue un enjeu pour la Région, et que celle-ci doit aller vers le public. C'est pourquoi les élus ont décidé de mettre en place une opération décentralisée, sous la forme d'un Salon organisé dans les cinq départements de la région, en partenariat
avec l'ANPE, les Missions locales et les Conseils généraux. Ce Salon a deux objectifs. Le premier est d'informer et d'orienter les jeunes et les demandeurs d'emploi en matière d'offre de formation et sur les modalités d'y accéder. Ceci afin d'améliorer leur qualification en vue de leur insertion professionnelle dans les divers secteurs économiques. Le second est de mettre en relation des demandeurs d'emplois avec des entreprises qui recrutent. Nous avons trouvé judicieux de coupler l'aspect emploi et l'aspect formation, dans la mesure où, jusqu'à présent, seuls des salons “emploi" étaient organisés sur le territoire. Nous avons d'ailleurs mis à disposition des demandeurs d'emploi des navettes afin qu'ils puissent se rendre au Salon. Ces
derniers viennent y chercher soit un emploi, soit une formation. D'ailleurs, lors du coup d'envoi le 18 mars dernier à Carcassonne, le Salon avait reçu 2 000 personnes en fin de matinée.

Sur le Salon, l'Espace régional formation présente une information complète sur les dispositifs de formation financés
par la Région, sur les aides individuelles et l'attribution de bourses aux élèves des formations sanitaires et sociales.
Il regroupe également les organismes de formation initiale et continue (CFA, lycées professionnels, organismes de formation, instituts et écoles de formation sanitaire et sociale) invités par la Région et répartis selon les secteurs d'activités. La Région consacre 210 millions d'euros à la formation en 2008, pour favoriser l'accès à l'emploi et aider les entreprises et leurs salariés à être encore plus compétitifs et pour réussir la mutation économique régionale.

IF - Présente au troisième Forum des entrepreneurs en février dernier à Perpignan, la Région a mis en avant son programme d'appui à la création et à la transmission d'entreprise (Pacte). Quelle est sa vocation ?

M. A. - Avec 11 000 créations d'entreprises par an, la Région affiche le plus fort taux national rapporté à la population, et se place au quatrième rang en France. Afin que ce bon résultat se répercute sur l'emploi, ces entreprises doivent être viables. Consciente qu'une entreprise bien accompagnée est une entreprise qui dure, la Région a mis en place Pacte, dispositif qui permet de bénéficier d'un accompagnement et de formations spécifiques grâce à des structures professionnelles, de qualifier leur projet et de mobiliser des outils financiers régionaux à chaque stade
de leur projet (avance remboursable, garantie, aides au recrutement et au conseil). C'est un programme qui marche sur deux pieds ! Il dépend de
la Direction de l'économie et de la Direction de la formation. En matière de création d'entreprise, le porteur du
projet doit être accompagné par un organisme professionnel (CCI, Chambre de métiers, etc.) pour déterminer la viabilité économique de ce même projet. Si le résultat est positif, c'est-à-dire avéré par l'attribution d'un “visa" (diagnostic qui valide la faisabilité économique, commerciale et humaine du projet),
la Région finance l'organisme pour
la poursuite de l'accompagnement du porteur.
Une fois la viabilité du projet confirmée, la question est de savoir si le porteur du projet a toutes les compétences requises pour le mener à bien. La Direction de la formation va alors financer des formations spécifiques qui prennent souvent la forme de modules proposés par divers organismes de
formation. Pour des créateurs en situation difficile, la Région joue la carte d'un accompagnement individuel, en organisant de temps en temps des regroupements pour des formations techniques.
Ce procédé est important, car si, je l'ai dit, notre région est celle qui crée le plus d'entreprises par tête d'habitant, l'espérance de vie à trois ans de ces entreprises est inférieure de 10 points
à la moyenne nationale. Il y avait un manque d'accompagnement dans la création, et c'est pourquoi nous sommes devenus attentifs à la viabilité économique des projets et à la formation des porteurs. En matière de reprise d'entreprise, l'accompagnement est un peu différent, puisque les candidats
ont une capacité individuelle moins
critique, en moyenne.

Créé en 2005, Pacte est monté en puissance en 2006, et nous établirons un bilan de ce programme en 2010. En 2007, 140 entreprises (créations et reprises) ont bénéficié d'un financement régional sous forme d'avance remboursable (prêt à “taux zéro "), de garantie, d'une aide au conseil ou au recrutement. Elles représentent 1 300 emplois maintenus et/ou créés
en trois ans. En 2007, plus de 2 000 “visas" ont été également attribués. La Région consacre 11,5 millions
d'euros par an à la création et à la transmission.

IF - Est-ce que la formation trouve facilement sa place dans les entreprises de votre région, y compris dans les PME-TPE ?

M. A. - Même si ce n'est pas de la compétence de la Région, nous avons une ligne financière destinée à la formation de l'ensemble des salariés. Dans ce cas, nous travaillons par convention, soit avec les branches, soit avec les Opca.
À eux de nous contacter quand ils souhaitent mettre sur pied des formations qui vont au-delà de leur stricte obligation.
Cela a été le cas avec le secteur du
bâtiment. Nous commençons actuellement avec la branche de l'hôtellerie-restauration qui demeure encore à la traîne, d'autant plus que le personnel des entreprises de ce secteur occupe souvent un emploi saisonnier, compte tenu de la spécificité de notre région. Cependant, nous allons mettre en place une formation de deux jours pour
le personnel fixe et présent toute
l'année. Nous espérons que cela pourra s'étendre au personnel saisonnier, qui est souvent moins formé et qui est en grande difficulté sociale avec la nouvelle réglementation Assedic.

Propos recueillis par Philippe Grandin