Une évaluation trop stricte des formations peut faire fuir certains salariés
Par Centre Inffo - Le 01 juin 2010.
Si les entreprises doivent se donner les moyens d'évaluer l'impact des formations sur leurs salariés comme l'ont rappelé des experts, invités d'une table ronde, vendredi 26 mars, au salon de la formation continue (voir notre article dans cette édition), elles doivent néanmoins avoir en tête les risques d'une trop stricte évaluation.
Trop d'évaluation tue l'appétence de certains salariés. C'est ce qu'a indiqué en substance Mathilde Bourdat, responsable des formations à destination des formateurs et responsable de formation pour le groupe Cegos. « A vouloir trop évaluer, l'entreprise peut décourager certains publics, rétifs à un mode de formation continue trop scolaire », a-t-elle expliqué.
La responsable de la formation du groupe Cegos a également mis en garde sur la prétendue pertinence de certaines évaluations : « Si on peut imaginer que les acquis d'une formation en langue sont relativement décelables à l'issue de tests d'évaluation sur les stagiaires, cela est moins aisé pour les formations de management et de gestion d'équipe », a-t-elle relevé. « Comment deviner le comportement du manager sur le terrain à l'aune de tests ou de questions auxquels il aurait bien répondu ? »
Un autre écueil guette les stakhanovistes de l'évaluation : se concentrer uniquement sur les outils (logiciels, modules, e-learning), délaissant se faisant le retour d'expérience concret et de terrain, a souligné Chantal Hémard, consultante chez Arcône. Une évaluation mesurée par « audimat », tournée sur la satisfaction des stagiaires plutôt que sur l'efficacité réelle de la formation.
Offensif, Jonathan Pottiez, consultant-chercheur RH chez Formaéva, cabinet spécialisé dans l'évaluation de la formation, estime quant à lui qu'une bonne évaluation place les formateurs en qualité d'« apporteurs d'affaires » : « Les services publicité et maketing peuvent se targuer, à l'issue d'une campagne d'affichage ou du lancement d'un nouveau produit, d'avoir contribué à X euros de chiffres d'affaires ; les responsables formation doivent peu ou prou parvenir au même résultats », a-t-il martelé.
Au-delà de la galvanisation des esprits débouchant sur une éventuelle contribution au résultat net de l'entreprise, l'évaluation de la formation devient, concomitamment à la loi sur l'orientation et la formation professionnelle du 24 novembre 2009, une obligation, comme le prévoit l'article 51 [ 1 ]Lorsque les actions de formation sont organisées par l'entreprise elle-même, l'employeur (comme un organisme de formation) doit délivrer aux stagiaires une attestation mentionnant les objectifs, la nature et la durée de l'action et les résultats de l'évaluation des acquis de la formation.. « L'évaluation est aujourd'hui inscrite dans le marc de la loi, c'est désormais une préoccupation de tous les partenaires. »
Notes
1. | ↑ | Lorsque les actions de formation sont organisées par l'entreprise elle-même, l'employeur (comme un organisme de formation) doit délivrer aux stagiaires une attestation mentionnant les objectifs, la nature et la durée de l'action et les résultats de l'évaluation des acquis de la formation. |