Méthode “HLDB" de Dessin & Entreprise : “Un dessin vaut mieux qu'un long discours"

Par - Le 01 septembre 2010.

“Les mots ne peuvent pas toujours exprimer un ressenti. Le dessin, lui, le permet." C'est en partant de cette conviction qu'Hélène-Laure de Belloy, ancienne graphiste et styliste, fondatrice de Dessin & Entreprise, est entrée dans le monde de la formation professionnelle en proposant aux entreprises une méthode d'accompagnement au changement et de management intitulée HLDB, afin de “redonner de l'émotionnel et du sens dans l'entreprise".

Développer la cohésion de groupe, intégrer la notion de solidarité, renforcer le sentiment d'appartenance et apprendre à gérer ses émotions, telles sont les ambitions de la formation que cette ex-directrice artistique dans le groupe LVMH concrétise depuis 2004, grâce à sa double expérience de responsable artistique et de chef d'entreprise. “Un dessin vaut mieux qu'un long discours", affirme Hélène-Laure de Belloy, lorsqu'elle évoque sa méthode “HLDB" – High level of drawings for behavior –, basée sur le dessin. “La créativité ludique développée au travers de cette méthode de formation a pour ambition d'apporter une richesse individuelle au service du collectif, argumente-t-elle. Elle incite le collaborateur à sortir de sa « zone de confiance » en dépassant ses limites, pour se tourner vers le groupe. Ce qui permet à ce dernier de mieux intégrer l'individu. L'usage du dessin favorise la création de liens, de modes d'expression et de compréhension entre cadres d'une même entreprise. En outre, le recours au dessin permet un changement de regards entre les individus et, surtout, favorise l'expression de non-dits, pour initier des leviers."

S'étalant d'une demi-journée à trois jours, cette méthode s'adresse essentiellement à des cadres, cadres supérieurs et dirigeants. Le plus souvent définie en collaboration avec les services RH de l'entreprise, la formation HLBD est proposée aux collaborateurs d'un service qui se trouvent en état de difficulté de communication, de stress ou de démotivation. À ce titre, elle est financée sur le plan de formation des entreprises. Bien adaptée à des groupes de six à douze personnes, HLBD permet de travailler sur des concepts aussi variés que la solidarité au sein d'une équipe, la collaboration active des cadres (par exemple après des fusions d'entreprises) ou les dysfonctionnements entre départements. Dans certaine situation – y compris au cours même de la formation –, la méthode HLDB permet de mieux mettre en évidence le propre diagnostic de l'entreprise et, en étroite collaboration avec les responsables ressources humaines, d'adapter en conséquence les exercices proposés. La réalisation de chaque exercice donne lieu à une séance collective de débriefing, au cours de laquelle les participants sont invités à s'expliquer sur leurs dessins, mais aussi sur ceux de leurs voisins, ce qui a pour effet de recréer du lien social en rapport avec la thématique abordée. “Il ne s'agit cependant pas d'un entretien collectif à but psychologique à la façon d'un test de Rorschach[ 1 ]Planches de taches symétriques et qui sont proposées à la libre interprétation de la personne évaluée. , prévient Hélène-Laure de Belloy, mais d'une manière d'amener les collaborateurs à s'exprimer d'une manière plus légitime, car celui qui aura dessiné aura aussi, pour ce faire, utilisé son libre-arbitre."

Entretien avec Hélène-Laure de Belloy, fondatrice et dirigeante de Dessin & Entreprise

“Le dessin permet de mieux s'écouter et de mieux se comprendre".

Comment l'idée de la formation HLDB vous est-elle venue ?

J'ai été graphiste pendant plusieurs années. À l'époque, je dirigeais Logo & co, un studio graphique que j'ai créé en 1989 et que j'ai développé pendant huit ans. Ensuite, j'ai intégré le groupe LVMH en tant que styliste et directrice artistique. Cette nouvelle expérience m'a permis de développer une double casquette de consultante en identité visuelle tout en assimilant les structures organisationnelles de l'entreprise. En créant un lien entre ces deux compétences professionnelles, j'ai donc mis au point la méthode HLDB, dévolue à l'accompagnement des cadres et du management des équipes, avant de la déposer à l'Inpi[ 2 ]Institut national de la propriété industrielle. www.inpi.fr en 2004.

Comment intervenez-vous lorsqu'une entreprise a recours à votre méthode de formation ?

Tout d'abord, à la demande des DRH, des managers ou des responsables du développement des RH, j'établis une série d'exercices adaptés à leur entreprise et à leurs problématiques. Ces exercices sont généralement développés en fonction des thèmes que les RH d'une entreprise souhaitent aborder. Il ne s'agit donc pas d'une offre “sur catalogue", dans laquelle les entreprises peuvent “piocher", mais bien d'une démarche adaptée à chaque contexte. En elle-même, cette formation peut être suivie soit sur le lieu de travail, soit de manière résidentielle, soit au sein de mon atelier. De toutes façons, dès que j'assure une formation HLDB, le simple déploiement des chevalets créé suffisamment de dépaysement avec un aspect ludique pour que les participants s'éloignent un moment du cadre formel de l'entreprise.

Les collaborateurs qui bénéficient de cette formation sont généralement des cadres. Comment réagissent-ils à l'idée de devoir exprimer leurs idées de manière picturale sur un tableau ?

Généralement, ils sont tout d'abord étonnés de l'offre qui leur est faite, voire réticents. Je le comprends, du fait du caractère inhabituel de la méthode HLDB. Je rencontre souvent des résistances, c'est vrai, mais jamais de refus. En utilisant une bonne pédagogie et en soulignant bien les objectifs de cette formation, on parvient toujours à susciter l'adhésion. Généralement, une fois compris les enjeux des exercices, les participants vont droit à l'essentiel et parviennent ensuite, par le biais du dessin, à exprimer bien plus de réponses aux problématiques qui les concernent que s'ils étaient questionnés directement. Chaque exercice est, bien entendu, suivi d'un débriefing au cours duquel nous analysons les dessins produits en fonction des thèmes sur lesquels les participants ont travaillé. Le dessin permet d'exprimer une opinion de manière métaphorique bien plus efficacement que par l'expression orale. Il permet de faire tomber beaucoup de non-dits et de préjugés. Le dessin permet de mieux s'écouter et, surtout, de mieux se comprendre.

Notes   [ + ]

1. Planches de taches symétriques et qui sont proposées à la libre interprétation de la personne évaluée.
2. Institut national de la propriété industrielle. www.inpi.fr