Le e-learning en France : un marché en progression estimé à 144 millions d'euros en 2010
Par Benjamin d'Alguerre - Le 01 novembre 2010.
Du fait de sa nature même et des canaux de formation qu'il utilise, le e-learning demeure un marché jeune. D'après l'étude “L'offre professionnelle du e-learning en France" (voir aussi notre article) menée par le cabinet FéFaur[Le Livre blanc est téléchargeable sur le site www.fefaur.com/fr [/footnote] pour le compte de l'organisme de formation à distance [Crossknowledge, 48 % des entreprises du marché ont été fondées entre 2000 et 2004, 15 % après 2005 et 37 % avant 1999.
SIX SEGMENTS D'OFFRES DE FORMATION
Pour réaliser son enquête, le cabinet a défini six segments d'offres de formation électronique : la réalisation de contenus e-learning sur mesure, l'édition et la distribution de contenus sur étagère, le développement de plateformes LMS et services associés, les outils auteurs et services associés, les classes virtuelles et les serious games.
Sur le marché français, les trois premiers segments représentent respectivement 44 %, 26 % et 21 % de l'activité de ces organismes, les autres domaines ne représentant que la portion congrue (à titre d'exemple, les serious games n'entrent dans l'activité des entreprises e-learning qu'à hauteur de 3 %) et rares sont les entreprises à proposer un panel comprenant ces six segments.
“Le marché français n'a pas encore de grands fournisseurs intégrant la totalité de l'offre, a indiqué Michel Diaz, directeur associé de FéFaur, lors de sa présentation de l'étude. Aujourd'hui, 26 % des entreprises consacrent leur activité à deux segments, 26 % à trois d'entre eux et 22 % à quatre. Le marché est-il destiné à aller vers des organismes de plus en plus mono-intégrateurs ?"
S'il est en progression constante, ce marché, en France, représente près de 144 millions d'euros, bien loin de son homologue britannique estimé, lui, à une valeur oscillant entre 280 et 300 millions d'euros. Quant aux autres marchés internationaux, ils demeurent peu connus. “Seuls des cabinets français et britanniques ont entrepris une étude sérieuse des marchés locaux du e-learning", a indiqué, lors de la présentation de l'étude, Pascal El-Grably, directeur associé de Crossknowledge.
Et d'expliquer : “Les apprentissages sur étagère montent en puissance, représentent une offre généralement de qualité et aux contenus ciblés, qu'il s'agisse de thématiques tournant autour de l'hygiène, de la santé, de la lutte contre la discrimination sur le lieu de travail, etc." L'étude a constaté également un recours toujours plus important aux LMS (voir encadré), et un changement du mode de “consommation" de cette offre de formation. Désormais, pour réduire les coûts, les entreprises n'achètent plus un logiciel, mais s'abonnent à une plateforme en fonction de leurs besoins. Une logique dite de “software as a service".
Alors, quels sont les défis attendant les organismes de e-learning français ? L'un de principaux est celui de leur taille, ainsi que celle du marché, qui est insuffisante pour un développement sur le long terme. La question des business models se pose également : qui décide du contenu pédagogique d'un contenu e-learning ? Le client acheteur ou l'organisme vendeur ? Aujourd'hui, les rôles de chacun restent mal définis.
“PAS PAR CONVICTION"
Investiriez-vous vous-même dans le capital d'un organisme de formation e-learning ? “Très honnêtement, répond Michel Diaz, j'y réfléchirais à deux fois. Le marché est récent et encore petit. Certes, il existe encore de la place pour une entreprise entrante, mais celle-ci doit s'attendre à rencontrer de grandes difficultés, d'autant que si d'aventure le serious game venait à devenir un marché rentable, il y a fort à parier que les grands éditeurs de jeux vidéos se lanceraient immédiatement dessus avec leur force commerciale et technique. Aujourd'hui, les organismes de formation traditionnels qui développent une offre e-learning le font parce qu'ils ont peur de ne pas se positionner sur ce marché, mais certainement pas par conviction."
Pascal El-Grably reconnaît ces handicaps, même si Crossknowledge peut désormais être considéré comme une entreprise solide : “Le marché du e-learning est prêt pour un premier réseau de consolidation, estime-t-il. Nous avons estimé la taille critique d'une entreprise à 10 millions d'euros de chiffre d'affaires. En deçà, elle devient vulnérable. Le e-learning est un marché qui a suscité beaucoup de rêves, mais qu'il faut observer froidement aujourd'hui."
Pour sa part, Michel Diaz, directeur associé de FéFaur, a résumé le principal écueil que risquent de rencontrer des éditeurs de formations électroniques : “La technologie seule ne suffit pas. C'est l'accompagnement qui fait la différence !"
LMS
Qu'il se nomme LMS (learning management system), MLE (managed learning environment), VLE (virtual learning environment), CMS (course management system) ou encore LSS (learning support system), il s'agit d'un système logiciel développé pour assurer la gestion de parcours pédagogiques en ligne pour les apprenants. Les services offerts incluent généralement un contrôle d'accès, des outils de communication (synchrones et/ou asynchrones) et l'administration des groupes d'utilisateurs.