Entretien avec Laurence Barreau, responsable formation et alternance au sein d'Air France Industries

Par - Le 16 septembre 2011.


Quel dispositif d'alternance privilégiez-vous ?

La Direction générale industrielle (DGI) du groupe Air France, en charge de l'entretien et de la maintenance de la flotte, plus connue sous la marque commerciale Air France Industries, s'est engagée depuis près de quinze ans pour l'emploi des jeunes. Elle comptera en 2011-2012 300 apprentis avec 195 nouveaux contrats signés le 31 août.

Nous privilégions donc l'apprentissage (CDD de un ou deux ans) dans le cadre du renouvellement des compétences, parce que cela nous permet un lien étroit avec la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). D'autre part, ce dispositif, qui suppose un vrai effort pédagogique de la part de l'entreprise, nous permet de choisir les diplômes adaptés et de faire connaître nos besoins et exigences auprès des jeunes.

En règle générale, nos métiers sont mal évalués et nous devons expliquer en quoi ils consistent et dans quel environnement de travail ils s'exercent. Les jeunes doivent comprendre qu'être mécanicien dans l'aéronautique passe par l'obtention d'un bac professionnel aéronautique, parfois suivi d'une mention complémentaire préparée en un an. Et que l'environnement professionnel dans lequel ils vont évoluer est extrêmement normé et centré sur la sécurité et le respect des procédures.

Ce dispositif nous permet également un travail en étroite collaboration avec les CFA et/ou lycées professionnels. Ils nous aident dans la réponse aux évolutions techniques, tant par l'évolution des contenus des diplômes et/ou des titres que par l'information des jeunes qu'ils peuvent diffuser. C'est important quand nous cherchons des candidats dans des filières peu ou mal connues, par exemple la réparation des structures métalliques et composites où il est difficile de trouver rapidement 15 jeunes prêts à s'engager.

Évidemment, nous n'excluons pas le recours à d'autres dispositifs, les contrats de professionnalisation qui nous permettent parfois de trouver des candidats dans des tranches d'âges supérieures, prêts à s'engager dans une formation de même nature que celle des apprentis.

Quels sont les diplômes préparés dans le cadre des contrats d'alternance ?

Majoritairement, nos contrats en alternance visent notre cœur de métier : les bac professionnels aéronautiques (ils comptent plusieurs options) pour les mécaniciens et techniciens, parfois suivis d'une mention complémentaire. Le BTS aéronautique est proposé dans le cadre d'un second contrat d'alternance - ou aux salariés souhaitant évoluer professionnellement. Les recrutements en licence professionnelle concernent essentiellement les bureaux d'études techniques, toujours en fonction de nos besoins.

À l'issue des contrats d'alternance, l'objectif d'embauche, fixé dans notre charte de l'alternance interne, est le suivant : 80 % des jeunes formés en apprentissage dans les métiers de l'aérien, et 50 % pour les jeunes (ou moins jeunes) formés à des métiers plus généralistes. Nos recrutements et besoins répondent aux analyses de la GPEC triennale, et l'alternance permet de construire et maintenir un patrimoine collectif de compétences.

Certains jeunes quittent l'entreprise à l'issue d'un contrat d'alternance, mais avec une expérience et un savoir-faire. Nous nous assurons qu'avant leur départ nous avons su leur transmettre un véritable atout professionnel.

Quels sont les objectifs de la mission tutorale ? Le dispositif d'alternance constitue-t-il un moyen efficace de lutte contre le chômage des jeunes ?

Nous demandons à nos tuteurs et maîtres d'apprentissage d'accompagner l'évolution professionnelle de leurs apprentis. Cela se traduit par la transmission de gestes professionnels, des règles de fonctionnement de l'entreprise, du savoir être, etc., sans oublier les codes et les valeurs de l'entreprise. Pas de place pour la fantaisie, dans la mesure où les apprentis évoluent dans un environnement très normé, qui repose sur un processus de savoir être particulier, d'entière responsabilité. Nous avons d'ailleurs mis en œuvre un processus de suivi pédagogique pendant les deux années d'apprentissage, auquel les maîtres d'apprentissage sont très étroitement associés.

Par l'expérience, nous avons acquis la certitude que les dispositifs d'alternance constituent un moyen efficace de formation des jeunes et de lutte contre le chômage. C'est pourquoi nous sommes très impliqués dans la gestion et le fonctionnement de nos CFA partenaires et, notamment, le CFA des métiers de l'aérien.

Avec les branches professionnelles, nous soutenons toute initiative d'accès ou de retour à l'emploi des jeunes par le biais de partenariats avec des associations telles qu'Airemploi, pour l'information et l'orientation dans nos métiers, ou le chantier d'insertion Les Ailes de la ville (formation et insertion des jeunes en rupture de parcours scolaire ou d'emploi par la réhabilitation et de la construction d'avions). À partir du moment où jeunes et moins jeunes, issus des Ailes de la ville ou non, sont sélectionnés par le CFA (centre de formation des apprentis) ou des organismes de formation avec lesquels nous travaillons, nous les accueillons sans aucune distinction. Le dispositif d'alternance constitue une politique de recrutement efficace. Il nous amène à participer à l'ensemble du système éducatif et de formation, à formuler nos besoins et à travailler à leur réponse en matière de formation. C'est un système de recrutement efficace, mais il faut garder d'autres modalités de sélection des jeunes plus classiques (études, expériences dans d'autres entreprises, etc.).