Des avancées en perspective sur la question des salaires
Par Knock Billy - Le 01 mars 2012.
La FFP a proposé, lors de la réunion de la commission mixte du 17 janvier dernier, “des augmentations de salaires de 2,5 %, mais applicables sur la base de l'accord de juin 2009 (où nous avions augmenté la valeur du point) et non celui plus récent du 29 juin 2011 (où nous avions obtenu des augmentations par catégorie). Selon les calculs, les catégories A, B et les cadres obtiendraient de modestes augmentations, alors que les salariés des catégories D et E (personnels majoritaires de la branche) en seraient privés. Ce qui, de l'avis de l'ensemble des organisations syndicales, était un jeu de dupes ", indique Michel Allix, de Synafor (CFDT).
En effet, l'accord du 29 juin 2011 a permis l'augmentation des minima conventionnels (à hauteur du Smic), puis un pourcentage appliqué sur l'ensemble des catégories C à I. “Cet accord, dont le principal intérêt était de créer un climat propice à la reprise du dialogue social, a permis de réduire les écarts entre les catégories, notamment les plus basses", précise William Perrenes, négociateur du SNPEFP-CGT, seule organisation syndicale à n'avoir pas signé l'accord.
La FFP s'est alors engagée “à revoir la valeur du point [qui n'a pas changé depuis 2009] et à procéder à une augmentation de 2,5 % pour toutes les catégories". Sauf que, précise William Perrenes, “la partie patronale s'est autorisée à déduire de ces 2,5 % le pourcentage accordé sur les salaires minima et non sur la valeur du point". Conséquence : les différentes augmentations étaient “totalement insignifiantes" (par exemple, + 0,25 % pour les personnels de la catégorie D2 ou 1 % pour ceux des catégorie E à I).
“La paupérisation des personnels de la branche est remarquable"
Il y a aujourd'hui comme une urgence que de trouver un compromis sur les minima conventionnels salariaux. Car « la paupérisation des personnels de la branche est remarquable", indique Michel Allix. En effet, explique-t-il, “il y a vingt ans, le formateur de catégorie D 1 était payé deux fois le Smic, il est aujourd'hui à 1,5 fois. Dans la convention collective, en dehors de l'augmentation générale des points, il n'y a pas d'augmentation par prise en compte de l'ancienneté. Ainsi, un formateur peut, après vingt années, se retrouver avec le même salaire, sans aucune augmentation individuelle ou collective. C'est l'une des raisons qui nous poussent à nous battre pour la valeur de points, car c'est notre seule voie d'évolution salariale. De plus, certains employeurs [surtout ceux qui vivent sur la commande publique] recourent massivement à des personnels en CDD, en contrat à la tâche, etc. Ainsi, les faibles salaires sont doublés d'emplois précaires". Sans oublier que “certains employeurs, au lieu de les salarier, poussent leurs formateurs à adopter le statut d'auto-entrepreneurs", s'indigne Yann Poyet, secrétaire général du Snepat-FO. Une pratique qui aggrave la “situation de précarisation et de paupérisation". De plus, déplore Yves Lainé, délégué national à la formation de FO, “très peu d'organismes de formation valorisent leurs salariés, alors que notre convention collective stipule que la progression devrait être automatique au bout de cinq ans [si le salarié justifie d'une actualisation de ses compétences]".
Des compromis en vue ?
Unanimement, les organisations syndicales réclament une augmentation de 5 % sur la valeur du point. “Depuis vingt ans, l'augmentation du point dans notre branche, toutes catégories confondues, est d'environ 1,60 %", calcule William Perrenes, qui dit attendre “sans trop d'illusions" des propositions raisonnables de la part de la FFP. Tout en espérant, comme la plupart de ses collègues, “parvenir à un accord sur au moins 3,5 %. Preuve que l'ensemble des partenaires sociaux est suffisamment responsable pour faire les compromis nécessaires". Car, précise-t-il,“la situation économique actuelle nous demande d'être cohérents, plus raisonnables et réalistes dans la négociation". Cependant, avertit-il, “au niveau de la CGT, nous ne signerons pas en dessous de 3,5 % des minima actuels", car, selon les échos, “la base n'est pas prête à des sacrifices inconsidérés alors même qu'elle participe activement à la bonne santé des organismes de formation privés" [ 1 ]Voir Inffo Formation su les résultats des chiffres de l'activité de la FFP….
“Nous sommes pour la réalité du terrain, mais pas au détriment de la qualité du service rendu ", répète Michel Allix, pour qui, “vu le bas niveau des salaires, toute augmentation est à prendre pour tous ceux qui sont au minima de la branche." Mais, prévient-il, “cette volonté de construction doit être partagée par toutes les parties". L'esprit est le même à la CGC-CFE. “Nous allons poursuivre la discussion sur l'augmentation des minima conventionnels et la revalorisation de la valeur du point ", précise Patrick Bonnet. Et pour les coefficients concernant les cadres, “nous sommes prêts à signer si la FFP fait un effort en acceptant plus que les 2,5 % de revalorisation des minima conventionnels annuels proposés lors d la dernière rencontre", indique-t-il. Qui affirme avoir «confiance en les capacités de compromis des négociateurs de la partie patronale" et des autres organisations syndicales. Comme ses collègues, Patrick Bonnet juge les “signaux très positifs " pour aboutir à des “compromis sur l'ensemble des sujets en négociation". Car, insiste-t-il, “si nous voulons rendre la branche attractive et garder les personnels de qualité, nous devons faire un effort sur la revalorisation des salaires et reconnaître leurs compétences et les rétribuer à la hauteur de celles-ci ", Patrick Bonnet.
En effet, indique Yves Lainé, “toutes les organisations syndicales, y compris la FFP, reconnaissent que la grille actuelle des salaires est obsolète et plus du tout attractive, et qu'il faut un assouplissement. Pas à n'importe quelles conditions ! Nous sommes prêts à faire des efforts sur les salaires, à condition que le côté patronal en fasse autant sur l'assouplissement du temps de travail".
Notes
1. | ↑ | Voir Inffo Formation su les résultats des chiffres de l'activité de la FFP… |