Un collectif de 55 organisations porté par l'ANLCI veut faire de l'illettrisme la “Grande cause nationale" 2013

Par - Le 01 octobre 2012.

C'est à l'occasion de la 47e Journée internationale de l'alphabétisation [Depuis 1965, à l'initiative de l'Unesco, le 8 septembre est la Journée internationale de l'alphabétisation. Chaque État membre est appelé à rappeler que l'alphabétisation est la base de tout apprentissage, un outil d'autonomisation personnelle et un facteur de développement social et humain.[/footnote] que l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme ([ANLCI) a présenté la candidature d'un collectif de 55 organisations nationales (couvrant par leurs champs d'intervention tous les domaines de la société, tous les espaces de vie) pour que l'illettrisme obtienne le label “Grande cause nationale 2013". Grâce à ce label, le collectif pourra diffuser gratuitement des messages dans les médias audiovisuels (chaînes de radio et de télévision) publics. Ce qui bien sûr, comme l'a précisé Hervé Fernandez, directeur de l'ANLCI, “permettra de donner plus de lisibilité à nos actions". Et “les projecteurs font venir les fonds", a abondé Marie-Thérèse Geffroy, présidente de l'association.

À travers cette demande, qui sera officiellement portée auprès du Premier ministre en novembre prochain − la décision sera connue en décembre −, l'ANLCI et ses partenaires entendent exprimer l'urgence d'une prise de conscience pour “faire évoluer le regard sur ce phénomène, susciter une mobilisation de tous les décideurs et de tous les acteurs, valoriser le travail de tous ceux qui agissent au quotidien et concentrer tous les efforts pour offrir à chacun une pleine maîtrise des compétences de base", première marche de l'évolution professionnelle.

10 % de la population française en situation d'illettrisme

“Comme la majorité des pays industrialisés, notre pays est confronté à ce phénomène qui fait que certaines personnes ne savent ni lire, ni écrire et ni calculer, pour être autonomes dans des situations simples de leur vie quotidienne, après avoir été scolarisées, a martelé Hervé Fernandez. Selon l'enquête IVQ (information vie quotidienne) réalisée par l'Insee en 2004, au total, 3,1 millions de personnes, soit 10 % de la population âgée de 18 à 65 ans résidant en France métropolitaine (20 % en Guadeloupe, 14 % en Martinique et 21 % à la Réunion) seraient concernées par l'illettrisme. 57 % exercent une activité professionnelle, 30 % vivent en zone rurale et plus de la moitié a plus de 45 ans." Le directeur de l'ANLCI a d'ailleurs annoncé la diffusion début 2013 des résultats d'une nouvelle enquête IVQ menée par l'Insee. “Cette nouvelle enquête permettra d'avoir des données beaucoup plus affinées sur ce phénomène invisible et sur son évolution."

En effet, “l'illettrisme reste caché par les personnes concernées. Elles en ont honte et construisent des stratégies pour ne pas le laisser paraître au quotidien, au travail ou auprès de leurs proches", a déploré Marie-Thérèse Geffroy, qui a dirigé l'association pendant plus d'une dizaine d'années. Elle a rappelé que ce phénomène est au cœur des préoccupations au niveau européen, notamment la commissaire européenne à l'éducation et à la culture, Androulla Vassiliou. Le “High level group" sur les enjeux de la formation de base en Europe, qu'elle préside (et au sein duquel siège, pour la France, Marie-Thérèse Geffroy), a rendu ses conclusions le 6 septembre à Chypre. “Nous disons à tous : arrêtons de parler et d'écrire. Agissons maintenant !, a clamé la présidente de l'ANLCI. En tant que précurseure dans la lutte contre l'illettrisme, la France ne doit pas laisser passer cette nouvelle occasion qu'offre l'Europe d'agir. Nous disposons de tous les outils et de bonnes pratiques. Nous avons développé des formations et nombre d'actions, il ne nous reste qu'à intensifier leur mise en œuvre."
La charte du collectif “Illettrisme grande cause 2013" regroupe 55 organisations d'employeurs (FFP, UPA, Uniopss, etc.), de salariés (CFDT, CFTC, CGT, FSU, Unsa, etc.), de chambres consulaires (ACFCI, APCMA), d'organismes de formation (Cnam, CNFPT), d'associations (ATD quart monde, FCPE, Peep, etc.), de mouvements d'éducation populaire (Francas, Ligue de l'enseignement, etc.), d'élus (Association des maires de France), avec aussi le CNML (Conseil national des Missions locales) ou encore la Caisse des dépôts. Un regroupement dont l'effectif et la diversité montrent que l'ensemble des acteurs et des secteurs d'activité en France est déterminé à agir davantage pour combattre l'illettrisme. Et puis, “faire de l'illettrisme la grande cause nationale en 2013, n'est pas seulement l'affaire du seul collectif, mais de tous et de chacun", a plaidé Hervé Fernadez, qui a donné rendez-vous sur le site dédié à la campagne pour retrouver les informations utiles.