Étude de l'Observatoire Cegos : le bien-être des “Y", un enjeu majeur pour les services formation
Par Benjamin d'Alguerre - Le 16 octobre 2012.
La dernière étude de l'Observatoire Cegos consacrée aux jeunes et à leur relation au travail avait été réalisée et publiée en 2009. [ 1 ]Après trois ans de crise économique, il a décidé de lancer une enquête Étude menée à partir de mai 2012 auprès de 3 000 actifs âgés de 20 à 30 ans et 500 directeurs ou responsables des ressources humaines. similaire portant, cette fois, non plus uniquement sur l'Hexagone, mais sur cinq pays d'Europe (avec l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni), afin de sonder à nouveau les aspirations de la “génération Y" (les 20-30 ans) dans son rapport au travail et au management.
Sans grande surprise, leur première motivation demeure l'argent (pour 83 % d'entre eux, tous pays confondus), mais si certaines spécificités, déjà observées dans l'étude précédente, restent bien ancrées : les jeunes Allemands sont motivés par la promotion sociale, leurs homologues Français aiment davantage trouver dans l'entreprise un sens à leur vie. Fait nouveau : les Espagnols perçoivent dans le travail un vecteur d'insertion sociale, ce qui n'était pas aussi visible en 2009. Reste que l'idée d'utiliser l'emploi comme moyen de développer ses compétences et ses connaissances a particulièrement augmentée au cours des années écoulées. Désormais, ils sont 48 % à considérer le travail comme levier de formation.
La présence de l'Allemagne (54 %) sur la première marche du podium s'explique évidemment par son rapport particulier par l'insertion dans l'emploi via l'apprentissage, mais les jeunes Britanniques et Espagnols (plus de 50 % des jeunes dans les deux cas) montrent également beaucoup d'appétence à l'idée d'entrer dans l'emploi pour y développer ses compétences. Lanterne rouge de la compétition : la France ! Où seuls 40 % des 20-30 montrent de l'intérêt pour cette perspective. En revanche, les jeunes Français font partie de ceux qui considèrent le plus que leur emploi correspond à leurs études initiales, ce qui explique peut-être leur faible attirance pour la formation continue. Premiers parmi les résignés : les Espagnols, qui s'estiment dévalorisés au travail par rapport à ce que leur cycle de formation initiale leur aurait permis d'espérer, tout en considérant cependant, dans le contexte économique, leur emploi comme un bien précieux...
“DRH avec H majuscule"
Et ils ne sont pas les seuls. À l'exception des Britanniques, la stabilité de l'emploi est partout en tête des préoccupations des “Y". Une demande qui s'accompagne d'une forte exigence vis à vis de leur management, notamment en matière d'écoute, de respect et de transmission des compétences. “Ce que veulent ces jeunes, c'est une direction des ressources humaines où le terme « humaines » serait écrit avec un H majuscule", formule Viriginie Loye, manager de l'offre RH au sein de Cegos. Qui ajoute : “La demande tutorale a fortement évolué, y compris chez les managers qui, désormais, ne veulent plus tant se placer dans une relation “sachant-apprenant" que dans un rapport gagnant-gagnant, où chacune des parties est susceptible d'enseigner quelque chose à l'autre."
Dans le cadre du développement de postes de managers intermédiaires pour des collaborateurs de 25-30 ans (particulièrement dans les grands groupes), les organismes de formation, eux, réfléchissent très sérieusement au développement de la valorisation de tels “managers de proximité", particulièrement dans des structures où le jeune âge des titulaires de ces postes leur interdit une promotion rapide. D'où l'apparition de vecteurs de promotion liés à l'expertise ou au développement des métiers.
40 % des actifs en 2015
“Cette génération Y représentera 40 % des actifs en poste dès 2015, indique Virginie Loye. Aussi le partage de la connaissance entre les générations devient un enjeu majeur des politiques RH et des services de formation des entreprises, particulièrement dans le domaine – relativement neuf – du tutorat partagé." Et face à cette échéance, les organismes de formation planchent sur des cycles d'apprentissage adaptés aux goûts de cette génération montante, demandeuse de programmes rythmés, variés, adaptés aux postes de travail et n'inspirant pas à ces 20-30 ans le sentiment de revenir sur les bancs de la fac. “Les solutions formation passent désormais par des modules extrêmement différenciés, mêlant distanciel et présentiel car, contrairement à une idée reçue, le tout-numérique n'est pas si plébiscité par les Y."
Redessiner les systèmes managériaux
S'appuyant sur l'étude réalisée, Jacques Coquerel, PDG de Cegos, considère, pour sa part, cette génération - “la relève", selon lui – comme davantage touchée par le stress et la dégradation de l'ambiance de ses prédécesseurs. “Face aux risques de départ de l'entreprise induits par ces constats, les services RH doivent redessiner leurs systèmes managériaux pour accélérer la formation de dirigeants capables non seulement de manager une équipe, mais d'être à l'écoute, capables de comprendre et de répondre à des besoins externes à l'entreprise ou de gérer le stress de leurs collaborateurs, afin que ces tracas ne soient pas synonymes de départ de l'entreprise ou d'absences à répétition." Cegos est d'ailleurs récemment intervenu dans une enseigne de la grande distribution confrontée à un management trop hiérarchique et donc devenu anxiogène pour les salariés. En travaillant sur les dissonances constatées, les formateurs ont ainsi pu fluidifier la direction de proximité et diminuer le taux d'insatisfaction qui pesait sur les résultats du groupe. “Aujourd'hui, la crise impacte cette génération qui, lorsqu'elle dispose d'un emploi stable, s'y accroche, observe Jacques Coquerel, mais lorsque la situation économique sera plus favorable, seules les entreprises qui auront compris et résolu le besoin de la génération Y pour un management plus souple et plus flexible, ne subiront pas les conséquences d'une reprise économique."
Notes
1. | ↑ | Après trois ans de crise économique, il a décidé de lancer une enquête Étude menée à partir de mai 2012 auprès de 3 000 actifs âgés de 20 à 30 ans et 500 directeurs ou responsables des ressources humaines. |