Seine-Saint-Denis L'École de la deuxième chance célèbre dix ans d'actions en faveur des jeunes sans qualification
Par Philippe Grandin - Le 01 février 2013.
Depuis sa création, l'É2C a accueilli 3 400 jeunes, en majorité âgés de 19 ans, dont 60 % de filles. La structure leur offre une préqualification tout en leur redonnant confiance en eux-mêmes.
L'École de la deuxième chance en Seine-Saint-Denis accueille chaque année près de 620 jeunes sur les quatre sites que compte le département. Créée en 2001, à partir d'une initiative de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), elle s'est développée progressivement avec l'ouverture du premier site à La Courneuve en avril 2002, rapidement suivie par celle du site de La Plaine-Saint-Denis en octobre 2002, de Rosny-sous-Bois en 2004 et de Sevran en 2006.
“Depuis la création de l'É2C, nous avons accueilli 3 400 jeunes, en majorité âgés de 19 ans, dont 60 % de filles. En général, deux jeunes sur trois trouvent une solution après leur passage au sein de l'école, à savoir un emploi en CDI ou une formation qualifiante dans un CFA", souligne Danielle Dubrac, présidente de l'É2C en Seine-Saint-Denis.
En décembre dernier, l'É2C a célébré ses dix ans d'existence. “La CCI de Paris avait pris l'initiative de créer une É2C sur un territoire riche en logements, bureaux, etc., avec une collecte de TVA importante, mais dont le taux de chômage était (et reste) très élevé. Cela correspondait à un besoin de main-d'œuvre qualifiée et peu qualifiée au sein du département de Seine-Saint-Denis", indique Danielle Dubrac.
En France, le réseau É2C a pour volonté de donner aux jeunes qui sont sortis du circuit scolaire sans diplôme en poche (150 000 tous les ans en France), une chance de réintégrer l'école, une école sur mesure dédiée à la construction d'un vrai projet professionnel. Il se déploie en 2011 sur 96 sites dans 20 régions, 44 départements et un territoire d'outre-mer. En outre, le réseau É2C France connaît une croissance importante, avec + 42 % de jeunes accueillis par rapport à 2010. Le processus de labellisation des nouvelles écoles, instauré en 2009, encadre le développement qualitatif du réseau. Il permet le soutien financier de l'État auprès des Régions, donneuses d'ordre principales, et des autres partenaires, collectivités locales, consulaires et entreprises (taxe d'apprentissage, mécénat).
Problèmes d'orientation
“Au départ, nous constatons des problèmes d'orientation chez les jeunes et finalement, le système scolaire français ne leur convient pas. Résultat, les jeunes sont en échec scolaire et ils s'enferment sur eux-mêmes, résume Danielle Dubrac. À l'É2C, nous proposons aux jeunes des modules pédagogiques individualisés de français, d'histoire, de philosophie, de culture générale, d'apprentissage de l'anglais, etc., qui se conjuguent avec la visite de sites remarquables (le Panthéon, le Louvre, etc.). Cela provoque un « déverrouillage » intellectuel de la personne qui, trois mois après son entrée, est capable de faire un calcul, par exemple."
Individualisé, le parcours des jeunes est aussi basé sur l'alternance, l'entreprise étant le lieu d'acquisition des premiers gestes professionnels et de compétences techniques. Une utilisation de l'outil informatique soutient tout à la fois la remise à niveau des savoirs de base et l'acquisition de l'autonomie, éléments déterminants pour l'entrée dans la vie active. “Dans la durée, le parcours type d'un jeune est de six à sept mois, mais pas plus de neuf mois, dans la mesure où les jeunes sont stagiaires de la formation professionnelle. En fin de parcours, ces derniers reçoivent une attestation de compétences, ce qui les inscrit dans une relation positive avec l'É2C. Ils prennent alors conscience de leur propre valeur. Dans le cas où certains d'entre eux ne trouvent pas de solution à l'issue de neuf mois passés au sein de l'É2C, nous assurons leur suivi pendant six mois. Cependant, leur passage à l'É2C ne les laisse pas indifférents. Ils ont bénéficié d'une remise à niveau des savoirs de base, français, mathématiques et informatique, et à ce titre, peuvent ensuite trouver eux-mêmes une porte de sortie, mais cela dépend du contexte économique", indique Danielle Dubrac.
Les raisons invoquées concernant les ruptures de parcours entamés au sein de l'É2C sont les problèmes de logement, la nécessité pour les jeunes de travailler pour subvenir à leurs propres besoins ou à ceux de leur famille.
Insertion durable
La clé de voûte du dispositif reste le formateur référent. Outre son rôle d'enseignant assumant la remise à niveau des savoirs de base, ce dernier est chargé d'accompagner l'insertion professionnelle des stagiaires dans des emplois durables, en partenariat avec l'entreprise et les partenaires socioéconomiques.
Au-delà de leur relation avec le formateur référent, c'est la connaissance du monde de l'emploi et de la formation qui permet aux stagiaires de se projeter dans l'avenir. Par conséquent, les visites d'entreprises, les immersions et les différents forums sont des leviers qui leur donnent les clés de la réussite professionnelle. “Depuis dix ans, nous constatons que de plus en plus de jeunes ont un niveau scolaire de plus en plus bas, et certains d'entre eux sont dans une situation proche de l'illettrisme. Par rapport à ce sujet, nous apportons aux jeunes un soutien beaucoup plus fort. L'objectif est bien de les amener à une insertion durable", insiste Danielle Dubrac.
Ils sont essentiellement dirigés vers l'É2C par les Missions locales, mais aussi par les Espaces de dynamique d'insertion d'Île-de-France [ 1 ]Programme du Conseil régional, Pôle emploi, et des centres de formation. Le rôle de l'É2C étant de les préqualifier.
Notes
1. | ↑ | Programme du Conseil régional |