Le transfert de l'orientation aux Régions : un “slogan", espère l'ANDCIO

Par - Le 16 février 2013.

Dans le document de travail portant sur l'avant-projet de loi sur l'acte III de la décentralisation, la section 3, consacrée à l'orientation, n'occupe que quatre lignes et demie. Peu de texte, mais qui pourrait suffire tout de même à déterminer l'avenir de l'orientation. “Les CIO seront transférés aux Régions pour devenir des services non personnalisés", est-il écrit. En d'autres termes, si les employés des centres d'information et d'orientation demeureront des fonctionnaires de l'Éducation nationale, le fonctionnement des structures sera assuré sur les budgets régionaux.

Une situation qui n'est pas sans rappeler “l'étatisation en demi-teinte" des CIO dans les années 1980, comme s'en souvient Zbyslaw Adamus, ancien directeur du CIO de Verdun et membre du conseil d'administration de l'ANDCIO [ 1 ]Association nationale des directeurs de CIO. “La réforme n'a alors pas été menée à son terme, puisque seule une moitié des centres d'information et d'orientation avait alors été étatisée, l'autre demeurant dans l'escarcelle des Départements. Or, ceux-ci ont vite coupé les vivres aux CIO et vingt d'entre eux ont dû fermer. L'État ? Il ne s'en est pas ému."
Pourtant, l'ANDCIO n'est, sur le principe, pas hostile à un transfert régional, comme le rappelle Yvan Souleliac, son président. “Mais encore aurait-il fallu articuler ce transfert entre recteurs et présidents de Région dans la loi sur l'orientation."

“Un service n'est pas un statut !, ajoute Zbyslaw Adamus, le transfert des CIO aux Régions ne va pas générer vingt-sept services régionaux, tant les crédits que les Conseils régionaux allouent à l'orientation diffèrent selon les territoires et les priorités régionales." Se pose aussi la question de l'articulation entre tous les acteurs concernés par ce sujet sur un territoire donné : “Est-il intéressant, pour un Conseil régional, de disposer d'un service en propre alors que les Missions locales, Pôle emploi ou les Centres d'aide à la décision (CAD) des chambres de métiers sont indépendants ?", s'interroge l'ancien directeur du CIO de Verdun, pour qui “le transfert de l'orientation aux Régions n'est qu'un slogan", tant qu'il n'a pas été défini au préalable par les pouvoirs publics.

Outre l'acte III de la décentralisation, le projet de “refondation de l'école de la République" porté par Vincent Peillon est de nature
à inquiéter l'ANDCIO, puisque selon l'association, il laisse les questions d'orientation à la seule responsabilité des enseignants et des conseilleurs d'orientation-psychologues (COP), sans notifier le rôle des CIO. “On ne peut pas séparer aussi brusquement le monde du
scolaire, relevant de l'Éducation nationale, de celui de l'orientation tout au long de la vie, qui sera à la charge des Régions", estime Yvan Souleilac.

Notes   [ + ]

1. Association nationale des directeurs de CIO