Étude OCDE - 30 % des salariés français accèdent à la formation dans leur vie professionnelle

Expert au sein de la direction de l'éducation de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE), rédacteur d'un chapitre sur le financement des systèmes d'éducation pour la revue Regards sur l'éducation et blogueur spécialisé (“L'éducation déchiffrée"), Éric Charbonnier inaugurait, le 15 avril dernier, la série d'auditions organisées par le Collectif des présidents pour l'amélioration de la formation professionnelle (L'Inffo n° 829, p. 5). C'est de la place de la France – et de sa politique de formation – au sein des pays industrialisés dont il était question.

De fait, contrairement à un certain discours décliniste, la France est loin de constituer la lanterne rouge de l'OCDE en la matière. Avec un taux d'accès aux études supérieures de 84 %, le retard des trente dernières années a été comblé et l'Hexagone fait partie des pays qui investissent le plus massivement dans la formation initiale. Pour autant, la France n'en demeure pas moins l'un des pays où les inégalités restent les plus criantes, selon le diagnostic d'Éric Charbonnier : “Le pays compte une proportion de bons élèves supérieure à la moyenne de l'OCDE, mais aussi un plus grand nombre de jeunes en échec scolaire, puisque leur taux est passé de 10 % à 15 % en dix ans." Une évolution d'autant plus inquiétante qu'au vu du “culte du diplôme" français, “l'échec scolaire est souvent synonyme d'échec tout court !".

Ce constat avait d'ailleurs amené l'OCDE à recommander la création d'un droit différé à la formation pour permettre aux adultes d'accéder plus aisément à la formation professionnelle puisqu'à l'heure actuelle, les statistiques de l'Organisation estiment qu'un 30 % des Français adultes accèdent à la formation dans leur vie professionnelle ^{[ 1 ]}Contrairement, par exemple, à 80% des Néo-Zélandais..

Rapprocher l'Université du monde du travail

En octobre 2013, l'OCDE publiera un rapport du Program for the International Assessment of Adult Competencies (PIAAC) offrant un panorama des connaissances et compétences de près de 5 000 adultes de 16 à 65 ans, sondés dans 24 pays membres de l'Organisation. “Un rapport destiné à améliorer l'ingénierie de la formation professionnelle et de son articulation avec l'éducation", a promis Éric Charbonnier.

En attendant, concernant le cas français, l'expert a plaidé pour une meilleure connexion entre établissements universitaires et marché du
travail, en s'inspirant des modèles scandinaves ou portugais, dans lesquels 10 % des diplômés du supérieur sont des adultes de plus de 30 ans, faisant la navette entre leur emploi et les bancs de la fac. Changer les consciences françaises, donc, et surtout le rapport à l'enseignement, encore considéré, sous nos latitudes, comme l'apanage des cursus initiaux. “Sans quoi, la notion même d'éducation permanente pourrait perdre tout son sens."