Le gouvernement wallon propose des formations linguistiques gratuites à deux millions de citoyens

Par - Le 01 juin 2013.

Le ministère de l'Emploi et de la Formation de la région Wallonie, en Belgique, a décidé d'offrir à ses deux millions de citoyens des formations à l'anglais, au néerlandais, au français et à l'allemand. 200 000 d'entre eux en ont déjà bénéficié.

Aujourd'hui, plus qu'avant, la maîtrise des langues est un atout important pour décrocher un emploi en Belgique, où plusieurs langues sont couramment utilisées. En Wallonie, de nombreux citoyens travaillent dans d'autres régions ou pays limitrophes où sont parlés le néerlandais (dans la région néerlandophone de la Belgique et aux Pays-Bas), le français et l'anglais (notamment à Bruxelles), et l'allemand", nous indique Séverine Cirlande, porte-parole d'André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation, des Sports et de la Politique aéroportuaire
de la Wallonie. En effet, précise-t-elle, “selon les statistiques du Forem [l'équivalent belge de Pôle emploi], environ une offre d'emploi sur cinq nécessite explicitement la connaissance d'une autre langue que le français. Plus de la moitié d'entre elles (55,5 %) concerne le néerlandais, 38 % l'anglais, et 6,5 % l'allemand". Et “plus de 250 000 de nos concitoyens travaillent en dehors de nos frontières régionales". Une tendance qui se renforce. Lancé en novembre 2011, le programme “Wallangues" propose des formations entièrement gratuites, financées par le gouvernement wallon. “En initiant ce projet, notre objectif est de répondre clairement aux besoins des citoyens, qu'ils soient jeunes, demandeurs d'emploi ou travailleurs, insiste Séverine Cirlande. Proposer une telle formation à deux millions de personnes est une première mondiale !"

Plateforme internet d'auto-apprentissage

Wallangues repose sur “une plateforme internet d'auto apprentissage simple d'utilisation, intégrant différents médias, notamment des vidéos, des animations, des quiz et des exercices", explique Cédric Bounameaux, directeur commercial d'Altissia, organisme spécialisé dans la formation aux langues à distance, qui a remporté l'appel d'offres pour le déploiement du programme. Ces contenus sont complétés par “des tables de conversation et des modules de cours adaptés par niveau. Wallangues propose une
pédagogie interactive, combinant des éléments primordiaux dans l'apprentissage d'une langue et permettant une progression dans toutes les compétences linguistiques", souligne Cédric Bounameaux. La plateforme s'adapte au niveau de connaissance en langues de chacun, avec un accompagnement adapté. Avant le début de leur formation, ils doivent répondre à un test de niveau correspondant au “cadre européen de référence linguistique", de débutant (“A1") à confirmé (“C2"). Puis un “monitoring" en ligne permet de mesurer leur progression. Les acquis sont évalués à la fin de la formation.

Des tuteurs formés

Les stagiaires peuvent accéder à la formation en tout lieu, vingt quatre heures sur vingt-quatre via une connexion internet, à partir d'un ordinateur privé ou dans un centre de formation conventionné du Forem, où ils peuvent bénéficier d'un encadrement pédagogique. Ils échangent avec d'autres apprenants dans le cadre de forums en ligne, sous la supervision de tuteurs. Le ministère de l'Emploi et de la Formation, ainsi que le Forem, ont fait de l'accompagnement un outil déterminant du programme. En effet, qu'ils relèvent du Forem ou d'une autre structure impliquée, ces tuteurs bénéficient d'une formation spécifique dispensée par Altissia. Dans le cadre de “Wallangues Pro", les formateursaccompagnateurs, encadrants, etc., disposent d'informations pratiques pour maîtriser l'utilisation de la plateforme ainsi que des outils pédagogiques nécessaires à l'accompagnement des stagiaires.

“Wallangues Tour"

L'équipe a organisé un “Wallangues Tour" dans plus de 100 communes wallonnes, à raison de deux fois par mois, “afin d'informer les citoyens, les aider à utiliser la plateforme et offrir des cours de langues en présentiel". Les rencontres de sensibilisation et d'information ont également lieu, notamment dans les services décentralisés du Forem, les Centres d'aide sociale (CAS) − équivalents français des Maisons de l'emploi − et dans les centres de formation à l'utilisation des TIC. À ce jour, “près d'un millier de séances d'information ont été organisées. Nous avons recensé plus de 200 000
utilisateurs de la plateforme Wallangues", indique Séverine Cirlande. Et Cédric Bounameaux ajoute : “Des personnes en recherche d'emploi peuvent apprendre ou renforcer leurs acquis, mais nous sommes ravis de constater que les travailleurs, étudiants, seniors ou ressortissants étrangers résidant en Wallonie ont pu avoir accès gratuitement à une formation en langues. Nous continuons notre déploiement, l'enrichissement de nos contenus et l'accompagnement des apprenants dans toutes les villes wallonnes." Ce programme de formation d'envergure, qui coûte annuellement plus d'un million d'euros, soit au total cinq millions d'euros, court jusqu'à la fin novembre 2015. Une évaluation d'étape va bientôt être réalisée.

Le “Plan Marshall 2.vert"

Et ce n'est pas tout. La plateforme Wallangues vient compléter différentes mesures déjà en place. Le gouvernement wallon a adopté en août 2005 des “Actions prioritaires pour l'avenir wallon" (popularisées sous le nom de “Plan Marshall 2.vert") et y consacre plus de 1,6 milliard d'euros (auxquels devront s'ajouter 1,15 milliard d'euros de “financements alternatifs") sur cinq axes, dont celui visant à “susciter des compétences pour l'emploi". Selon la porte-parole du ministre de l'Emploi et de la Formation, le “Plan langues" wallon est constitué de trois dispositifs. Tout d'abord, des “chèques formation"
sont destinés aux travailleurs. De la mise en place de ce dispositif (début 2010) à 2012, au total, 302 201 chèques ont été émis. Ensuite, les “Bourses Rhétos" sont des aides “permettant aux jeunes venant de terminer leur rhéto [année avant l'entrée à l'Université] de bénéficier d'un séjour d'une année en immersion dans une autre communauté linguistique. Élaborées sur le principe du programme européen Erasmus, elles concernent prioritairement le néerlandais et l'allemand. L'anglais est également admis, à condition que le candidat démontre qu'il a une connaissance suffisante d'une des deux autres langues", précise Séverine Cirlande. Enfin, des formations intensives dans les centres Forem permettent aux chômeurs de préparer leur recherche d'emploi ou une immersion linguistique. Entre 2010 et 2012, 902 180 heures-stagiaires ont ainsi été dispensées. “Ces mesures initiées début 2010 portent leurs fruits. Les statistiques montrent que depuis, le nombre de demandeurs d'emploi, de demandeurs d'allocation et de jeunes en stage d'attente a considérablement diminué", assure la porte-parole d'André Antoine.