Le Fonds d'expérimentation pour la jeunesse, cinq ans après

Par - Le 01 septembre 2013.

Intitulée “Chronique d'une recentralisation",
une note publiée par le
Centre d'études de l'emploi, sous la
signature des chercheurs François
Sarfati et Jules Simha, livre une ana
lyse de l'évolution du Fonds d'expérimentation
pour la jeunesse (Fej) créé
par la loi du 1er décembre 2008.

Alors qu'il avait été créé sous le
sceau de l'interministériel et du
transversal, les auteurs estiment
qu'“au fi l des remaniements poli
tiques et institutionnels, ce Fonds a
fi nalement été placé sous la tutelle
du ministère de l'Éducation nationale
et a dû progressivement abandonner
sa dynamique initiale". Rappelant
l'esprit du Livre vert produit par
Martin Hirsch en 2009, la note du
CEE en souligne l'originalité : mise
en oeuvre territoriale en laissant l'initiative
aux acteurs de terrain locaux,
généralisation des expérimentations
positives par une verticalité montante.
Mais là où le père du revenu
de solidarité active pouvait défendre
une position transversale en étant
rattaché au Premier ministre, ses
successeurs, après 2010, retrouvent
une tutelle ministérielle. Le Livre vert
apparaît dès lors “vidé de sa substance".
Et les auteurs d'y voir une
“(re)centralisation [qui] vient s'inscrire
dans un cadre juridique et une
tradition qui tendent à considérer
les collectivités territoriales moins
comme des espaces légitimes de
l'action publique que comme des
lieux [chargés] de décliner localement
des politiques nationales".

L'histoire du Fej n'est pas sans rap
peler les tensions qui traversent la
réforme du système d'orientation.

Au décloisonnement et à l'inscription
de l'orientation dans le cadre
européen du tout au long de la
vie voulu par la loi de 2009, aussi
bien le rapport d'avril 2013 sur la
mise en œuvre du service public
de l'orientation que, paradoxalement,
les travaux préparatoires de
l'acte III de la décentralisation
semblent répondre par une reprise
en main du champ scolaire par
l'Éducation nationale.

Pour paraphraser les auteurs de la
note sur le Fej, exit la vision de politiques
non circonscrites aux champs
d'action d'acteurs qui n'abordent les
problématiques qu'à l'aune de leurs
propres attributions.