Trois questions à Jean-Michel Pottier, président de la commission formation-éducation de la CGPME
Par Philippe Grandin - Le 01 novembre 2013.
“On se trompe d'adversaire !"
Comment avez-vous perçu cette émission ?
Comme une caricature, notamment les micros-trottoirs.
Dans l'interview, la distinction n'est pas faite entre une
procédure d'enregistrement d'un organisme de formation
(qui ne préjuge en rien de la qualité de la prestation et de
son contenu) et une habilitation qui, d'ailleurs, n'existe
pas. Le mode d'enregistrement est le choix du législateur.
C'est comme si on procédait à l'immatriculation de son
véhicule sans qu'on nous demande le contrôle technique
au préalable. Résultat, on montre du doigt les partenaires
sociaux, les entreprises, les Opca... par rapport à des
problèmes qui touchent à la qualité, mais on se trompe
d'adversaire. Il existe trois types de certification possibles
(Iso, NF, certifications d'organismes professionnels de la
formation), mais cela ne constitue pas une habilitation. Il
faut donc des mesures légales incitatives pour que tous les
organismes de formation passent à la certification.
L'accent a été porté sur les demandeurs d'emploi...
Concernant la formation des demandeurs d'emploi,
l'émission présente une vision tronquée. Pôle emploi
reçoit une dotation égale à 10 % des cotisations d'assurance
chômage, soit 2,3 milliards d'euros. Cette somme
sert à payer la charge des 55 000 collaborateurs de Pôle
emploi. En face la dotation de l'État reste plafonnée, soit
1,5 milliard d'euros. Compte tenu de cette faiblesse de la
dotation, il n'y pas plus d'argent pour la formation.
... et sur le financement du paritarisme.
Un autre fonctionnement est-il possible ?
La CGPME est la première organisation patronale à demander,
depuis plus d'un an, une mesure de représentativité patronale,
élément indispensable pour pouvoir financer les missions
de service public des partenaires sociaux autrement que sur
les contributions formation professionnelle (0,75 % versé
au Fongefor et 0,75 % des sommes collectées par les Opca
versé aux membres des conseils d'administration des Opca).
Il semblerait que le gouvernement s'engage dans cette voie.
Si demain, un autre mode de financement des partenaires
sociaux est trouvé, différent de la contribution basée sur leur
participation (en %) dans la gestion paritaire des CA des Opca,
il doit reposer sur la représentativité. Il reste à parachever
ce dispositif avec les autres organisations patronales. Ce
n'est d'ailleurs pas la négociation relative à la réforme de la
formation qui réglera le problème ! Le changement du mode
de financement ne peut être qu'une mesure du gouvernement.