La FFP dénonce les “idées reçues" de la formation

Inffo formation n° 865 - 1er-14 novembre 2014 - Benjamin d'Alguerre

Par - Le 01 novembre 2014.

“Partis en fumée", les 32 milliards
de la formation professionnelle
?
C'est ce qu'écrivait l'hebdoma
daire
Le Point, dans son édition du
25
septembre. En guise de réponse,
la Fédération de la formation profes
sionnelle (FFP) a publié le 16
octobre
un mémorandum intitulé
Comprendre
(enfin
!) la formation professionnelle.
“Non, les 32 milliards d'effort consa
crés à la formation ne sont pas gas
pillés
!", proteste la FFP, qui entend,
dans ce document, poser les enjeux
fondamentaux de la formation pro
fessionnelle continue à l'heure de sa
réforme.

“Un pur agrégat
statistique"


Et en premier lieu, la FFP entend
s'attaquer à la fameuse addition des
32
milliards, trop souvent perçue
comme un pot commun en libre-ser
vice.
“Un pur agrégat statistique"
,
aux yeux de la Fédération, qui rap
pelle la réalité de ses financements
:
13,7
milliards en provenance des
entreprises
; 6
milliards venant des
administrations
; 6,5
versés par l'État
et ses agences
; 4,5
par les Conseils
régionaux
; sans oublier le 1,2
mil
liard investi par les ménages) et de
ses fléchages (43
% de ces fonds
bénéficient aux salariés du privé
;
19
% à ceux du public
; 13
% aux
demandeurs d'emploi et 25
% aux
jeunes en insertion).
“Cet agrégat
comprend les rémunérations des
stagiaires qui représentent à elles
seules 40
% (soit 13
milliards d'eu
ros). Si l'on y ajoute les frais annexes
(restauration, hébergement), c'est
au final 16
milliards d'euros qui sont
disponibles pour l'investissement en
formation hors frais de gestion"
, cal
cule la FFP.

Loin d'être inutile

Autre idée reçue
: l'inutilité de la
formation. Faux
!, répond la FFP s'ap
puyant sur les chiffres de l'enquête
“Horizons 2060" de l'OCDE, qui pré
voit que d'ici une quarantaine d'an
nées, la formation représentera près
de 10
% du temps de travail des actifs
(soit le double d'aujourd'hui). Et alors
que les études PIAAC (programme
pour l'évaluation internationale des
adultes) notent une baisse du niveau
de connaissances des jeunes corré
lée à une disparition programmée de
42
% des métiers (étude du cabinet
Roland Berger), la FFP estime que la
formation continue représentera le
moyen de faire la jonction entre les
futurs besoins des entreprises et le
niveau de qualification des salariés
dans un avenir proche.
“En 2020,
sans action volontariste, 2,3
millions
d'actifs non qualifiés se trouveront
sans emploi en France tandis que
2,2
millions d'emplois exigeant au
minimum un niveau bac ne seront
pas pourvus"
, estime l'organisation
patronale en se basant sur une étude
prospective de la Dares, publiée en
juillet 2014.

58 000 prestataires qui
doivent s'adapter


Des enjeux qui s'inscrivent dans
une transformation notable d'un
système de formation français qui
s'articulera, dès le 1
er
janvier 2015,
autour du compte personnel de for
mation (CPF). Un dispositif que la FFP,
adhérente du Medef et de la CGPME,
avait soutenu lors de la négociation
sur la sécurisation de l'emploi, et
sur lequel elle continue de travailler
dans le cadre du Cnefop (Conseil na
tional de la formation) et du Copanef
(Comité paritaire pour la formation)
où elle représente l'offre de forma
tion privée.

Et dans ce nouveau contexte, l'offre
de formation, un secteur atomisé de
près de 58
000
prestataires, va devoir
s'adapter. Un impératif qui pousse la
fédération à réclamer l'application
des strictes règles de la concurrence
entre prestataires publics, parapu
blics ou privés, mais aussi une nou
velle définition légale de l'action de
formation, élargie à l'offre digitale
(Mooc, e-learning, etc.) et à l'innova
tion pédagogique.

À quoi s'ajoute la question de la qua
lité.
“Cela suppose que la politique
d'achat, y compris celle des finan
ceurs publics et paritaires, prennent
en compte les coûts afférents à
la qualité"
, note la FFP qui milite
pour une meilleure reconnaissance
des démarches qualités et de leurs
normes (ISO, NF, OPQF).