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Garantie jeunes : l'accompagnement intensif plébiscité par les jeunes et apprécié des conseillers

Dans le cadre d'une journée d'étude organisée le 27 février par l'Union nationale des Missions locales (UNML) sur le dispositif garantie jeunes, dans un but de partage d'expériences, Carole Tuchszirer, sociologue au Centre d'études de l'emploi et du travail (CEET), a présenté une enquête [[L'évaluation du dispositif comprenait une étude quantitative de la Dares et deux études qualitatives du Cnam/Lise/CEET, en lien avec le cabinet Orseu et l'université Paris-XIII.]] sur la mise en œuvre de l'accompagnement par les Missions locales.

Par - Le 28 février 2017.

La garantie jeunes, qui prévoit un accompagnement renforcé et ouvre droit à une allocation de 470 euros par mois, innove par rapport au modèle classique d'accompagnement des Missions locales. À la place d'entretiens individuels, le nouveau dispositif commence par six semaines d'ateliers collectifs à plein temps pour préparer les jeunes à entrer très vite en entreprise. « Ce suivi collectif et intensif, qui a bouleversé l'organisation du travail et cristallisé les inquiétudes au début, est finalement plébiscité par les jeunes et apprécié des conseillers, souligne la sociologue. Il permet un gain de temps, une efficacité, une meilleure connaissance des jeunes et de leurs problèmes. Il a un effet de redynamisation et de rupture de l'isolement », a-t-elle pointé.

La logique du work first, consistant à multiplier les mises en situation de travail dès le début du parcours, rompt également avec la logique habituelle des Missions locales, selon laquelle il faut d'abord lever les freins annexes à l'emploi, construire un projet professionnel, suivre une formation, et enfin, rechercher un emploi. « Plutôt que de lire des fiches-métiers, ces expériences concrètes de travail permettent au jeune d'avancer dans son projet, de révéler des difficultés ou des préférences, et c'est ce qu'ils apprécient », observe François Sarfati, sociologue du CEET et auteur de l'autre étude sur la garantie jeunes. Toutefois, cette logique de work first atteint ses limites lorsque les problèmes périphériques à l'emploi sont trop importants (familiaux, de santé, etc.), a modéré Carole Tuchszirer: « Il est alors préférable, pour le jeune lui-même et pour l'équilibre du groupe, que ces problèmes soient traités individuellement en amont de l'entrée dans le dispositif. »

Pour repérer les jeunes éligibles au dispositif, présentant un critère nouveau de « vulnérabilité financière ou familiale », les Missions locales ont dû élargir le cercle des partenariats habituels et solliciter les services sociaux, CCAS (Centre communal d'action sociale), PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse), Spip (Services pénitentiaires d'insertion et de probation), plateformes de décrochage. Le dispositif a en outre nécessité l'embauche de nouveaux conseillers (+ 15 % d'effectifs) pour animer les ateliers: « Il s'agissait en majorité de recrutements externes -- faute de candidatures internes -- et souvent de profils ayant une expérience dans la formation pour adultes », souligne Carole Tuchszirer. Dans plusieurs antennes la mise en place a été douloureuse : changements non anticipés de l'organisation du travail, forte pression politique sur ce dispositif phare, traitement immédiat de gros volumes ne permettant pas une réelle expérimentation ont provoqué des situations de crise, de burn-out, de démissions de conseillers fait ressortir l'enquête.

Dans ce contexte, les Missions locales ont fait passer au second plan leur principe de « médiation active » avec les entreprises, visant à renforcer les partenariats pour, à terme, modifier leurs pratiques de recrutement. « C'est le point faible de l'évaluation, conclut la sociologue, faute d'échanges entre les équipes, les nouveaux conseillers dédiés n'ont pas bénéficié du réseau d'entreprises constitué depuis des années par les Missions locales ».