Airbus ne veut pas que ses compétences s'envolent

Confronté à une baisse durable de son activité, Airbus se restructure tout en cherchant à conserver des compétences. A l'occasion d'un webinaire consacré aux « compétences de l'après-Covid », organisé le 1er juin par le cabinet de conseil en ressources humaines LHH, Donald Fraty, DRH d'Airbus France, décrit l'équilibre auquel le constructeur d'avions cherche à parvenir.

Par - Le 04 juin 2021.

En raison de la crise sanitaire, qui a réduit le trafic aérien jusqu'à 85%, le constructeur anticipe « une baisse durable de [son] activité de 40%, avec un retour à la situation d'avant-crise en 2023 sur le segment des avions monocouloir [de capacité moyenne] et en 2025 sur celui des avions de grande capacité », explique Donald Fraty. L'industriel cherche donc à réduire ses effectifs (49 000 salariés dans le groupe en France) tout en conservant les capacités de production et les compétences nécessaires à une augmentation segmentée de l'activité à moyen terme, sans pour autant oublier la concurrence de Boeing et celle à venir « dans les dix ans » du chinois Comac, ni le projet d'avion vert à l'horizon 2030-2035.

Conserver les compétences critiques

Pour faire tenir ensemble ces multiples paramètres, « nous avons mobilisé tous les outils » existants ou déployés en urgence par le gouvernement, explique Donald Fraty. Accord de récupération des heures perdues ; congés imposés ; activité partielle ; activité partielle de longue durée « limitée à deux ans et donc adaptée aux seuls monocouloirs » couvrant 10 000 salariés par rotation et « permettant de préserver 1 500 emplois » ; plan de sauvegarde de l'emploi (5 000 emplois concernés à Airbus et dans ses filiales) ; plan de relance « avion vert » du gouvernement (650 postes préservés) ; plan de départs volontaires (2 200 postes concernés).

Réduire les effectifs n'est pas tout. « Il faut aussi préserver les sous-traitants, conserver des compétences, ne pas perdre des compétences critiques (cybersécurité, achats, ingénierie...), donc les exclure des dispositifs de départ mais, en cas de départ, mettre en place un transfert de connaissances », explique Donald Fraty.

 Le fléchage « trop précis » des TransCo

Airbus ne propose pas à ses salariés de « transitions collectives » (TransCo), dispositif par lequel l'État prend en charge la formation de salariés qui veulent quitter un métier en déclin pour un autre en expansion sans passer par le chômage. Mais l'industriel anime la plateforme territoriale chargée d'organiser TransCo en région toulousaine. Des premières réunions de cette plateforme Donald Fraty conclut que « le fléchage des salariés éligibles au dispositif vers les entreprises éligibles est trop précis ; il faudrait l'ouvrir aux demandeurs d'emploi et aux salariés couverts par un PSE ». Pour lui, l'enjeu est qu'« il y a trois millions de chômeurs et 300 000 postes non-pourvus ». Pour l'heure, le dispositif transCo n'a été activé qu'une fois, entre les entreprises Derichebourg et Korian (lire Le Quotidien de la formation du 10 mai 2021).