« Les Edec permettent un dialogue permanent » (Bruno Lucas, DGEFP)

Le ministère du Travail a présenté vendredi 1er juillet aux administrateurs des opérateurs de compétences un bilan des engagements de développement de l'emploi et des compétences (Edec) 2017-2022, afin que soient partagées les bonnes pratiques.

Par - Le 04 juillet 2022.

« En période d'incertitude, les engagements de développement de l'emploi et des compétences, Edec, offrent un temps de recul collectif, réunissant les partenaires sociaux, l'État et les Opco dans un pari collectif et ambitieux », a décrit Bruno Lucas, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, en introduction de la matinée du 1er juillet présentant un bilan des Edec, organisée par le ministère du travail. « Et cela marche :  c'est un outil pertinent pour accompagner les transformations ».  

Agilité contractuelle

« Les Edec partagent en effet des points communs, a complété Floriane Maillet, du cabinet Yce. Laquelle a réalisé une étude de capitalisation sur les Edec, à la demande du Haut-Commissariat aux compétences et de la DGEFP. Leur objet contractuel fait preuve d'une grande agilité, avec une pratique fréquente d'avenant d'allongement du temps d'étude. L'évaluation finale ou en cours est systématique. Ils visent tous une pérennité des actions après Edec, avec la mise en place d'outils, de services, plateformes, baromètres… ». « Enfin, ajoute-t-elle, quasiment tous apportent des réponses sur les questions de tension de recrutement, sur les offres et modalités de formation en termes de contenus comme de modalités. Et les 2/3 des Edec dessinent des passerelles et aires de mobilités entre métiers et compétences ».

« Les Edec permettent une évolution des politiques publiques, grâce à un dialogue paritaire important, analyse Sawsen Ayari-Pouliquen, cheffe de service Filières et inter-industries UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie). Leurs intérêts, entre autres, sont de valoriser les TPE-PME, d'éviter une vision trop jacobine des choses, et de partager les résultats. »

Mines d'informations

 « Les Edec permettent un constat partagé sur les emplois et les formations, et d'avancer sur les questions d'ingénierie pédagogique et de blocs de compétences, confirme Franck Uhlig, FGMM – CFDT. Ce sont des mines d'information, ouvrant la voie à des discussions très riches, et offrant un soutien aux actions nationales et régionales élargies ».

Néanmoins, poursuit-il, « les Edec connaissent des limites. Dans certains, cas, la crise covid a changé les conclusions des Edec réalisés avant la pandémie. A l'avenir, il faudra s'efforcer de poursuivre des travaux plus larges, tout en s'emparant très rapidement des informations produites afin qu'elles ne soient pas perdues par risque d'obsolescence ».

Par ailleurs, ajoute Franck Uhlig, « bien que les TPE et PME soient les cibles privilégiées des Edec, force est de constater la faiblesse de la présence de leurs représentants durant les travaux ou après ».

Angoisse de l'obsolescence

 « Les Edec offrent la possibilité de faire évoluer tout le monde dans le même sens avec un dialogue sociale permanent, retient de son côté Maxime Dumont, conseiller confédéral CFTC. L'État nous a toujours écouté et aidé à apporter de vraies réponses : c'est toute l'intelligence d'un dialogue social quadripartite ».

Toutefois, ajoute-t-il, « il faut faire attention à l'affichage des métiers menacés d'obsolescence, car il y a une différence de perception entre les experts de l'Edec et les salariés du terrain : c'est anxiogène pour les salariés qui exercent ces métiers en voie d'obsolescence, et cela peut créer des départs vers des métiers plus porteurs. Faire le constat de manque d'attractivité de certains métiers, c'est une bombe pour les métiers concernés. Il faut arriver à penser les reconversions sans angoisse ».