Le supérieur face au défi d'une charte visant à accompagner les apprentis

 Mobiliser les établissements, libérer du temps pour faire circuler les bonnes pratiques, penser déjà à l'après… Les représentants du supérieur prennent conscience des enjeux de la charte sur l'accompagnement des apprentis, présentée mardi 24 octobre, alors même que les représentants d'entreprises attendent déjà plus.

Par - Le 26 octobre 2023.

« On est dans un moment très important, c'est la première brique d'une démarche de formation tout au long de la vie, intégrant le fait que le diplôme n'est plus un produit fini, qu'il faut se former toute la vie, et cette charte permet de changer la construction des maquettes académiques avec l'entreprise », a assuré Laurent Gatineau, vice-président du conseil formation vie étudiante et insertion professionnelle de France Université, lors d'une table ronde le 24 octobre sur la présentation de la nouvelle charte pour l'accompagnement des apprentis dans le supérieur.

Diplôme riche

« Il y a un enjeu de communication fondamental pour faire de cette charte un outil de pilotage et de développement de l'apprentissage dans le supérieur », ajoute-t-il. « La compétence ne peut plus être uniquement acquise à l'université, elle l'est aussi en entreprise. L'apprentissage n'est pas un diplôme au rabais, mais un diplôme plus riche. L'université peut montrer qu'elle est à la pointe de la compétence et de l'apprentissage, mais il y a un changement d'échelle important. Or, la structure est déjà en surchauffe, il faut du temps et des équipes ».

Passage à l'échelle

« Il faut faire valider cette charte par chaque établissement, et l'appliquer. Mais des questions se posent sur le passage à l'échelle et le rôle des enseignants-chercheurs », confirme Franck Giuliani, président du réseau Formation continue Universitaire.

« C'est un vrai outil d'acculturation au suivi des apprentis dans l'entreprise via une approche compétences », analyse de son côté Christophe Millet, vice-président professionnalisation, entrepreneuriat et relation aux entreprises de l'association des IUT.

« La charte va dans le sens d'un retour sur expérience en établissement après le passage en entreprise, cela favorisera l'adéquation de la formation », appuie Fabienne Villesèque-Dubus, vice-présidente formations du réseau IAE (Instituts d'administration des entreprises) France.

Excellence remise en cause

« Les grandes écoles comptent déjà 46 500 apprentis, dont 55 % en ingénierie et 40 % en management : la charte va éprouver les démarches et qualités des écoles », assure Claire Leroux, animatrice du groupe de travail apprentissage de la Conférence des grandes écoles. « Néanmoins, le poids des notes et de la théorie s'accommodent mal de la démarche compétence de l'apprentissage. Pour nombre d'ingénieurs, l'apprentissage n'est pas la voie de l'excellence ».

Aller plus vite

« Cette charte, réunion dynamique des parties prenantes, aurait dû être faite il y a des décennies », a estimé Françis Petel, représentant de la CPME. « Elle doit être un point de départ pour trouver des objets communs d'échange -les outils, l'intégration, etc-, et non un point d'arrivée auquel il faudrait se conformer ».

« Les habitudes pédagogiques sont bousculées par l'apprentissage, or on ne s'improvise pas CFA », remarque un représentant de l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie). « Il faut aller plus loin qu'une charte de bonnes pratiques, et vite inscrire les choses dans le réglementaire -notamment à propos des conseils de perfectionnement avec les entreprises-, sans attendre une lente montée en maturité de chaque établissement ».