Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.

Transitions : anticiper les besoins en compétences (Marylise Léon)

Elue le 21 juin dernier pour succéder à Laurent Berger, la nouvelle secrétaire générale de la CFDT estime qu'il est urgent d'accélérer en matière de transformation, plus que de transition, écologique. Et a souligné, le 29 juin, devant les membres de l'Association des journalistes de l'information sociale, que pour y parvenir, il fallait de toute urgence anticiper les besoins en compétences. Pour que « ceux qui sont en première ligne », les « travailleurs », soient acteurs et non victimes des bouleversements à venir.

Par - Le 30 juin 2023.

« Je constate une énorme inertie politique. Le mur de la transformation approche. Et ceux qui sont en première ligne, ce sont les travailleurs, dont certains métiers vont disparaître. » Pour répondre à ce qui pour elle relève de l'urgence d'une transition écologique, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, invite à « couvrir les besoins en matière de reconversions professionnelles et de changement de métiers », une nécessité pour « accélérer la transition écologique.

Aussi aimerait-elle voir ce sujet inscrit à l'agenda autonome des partenaires sociaux, à cette heure pas encore bouclé, a-t-elle indiqué, le 29 juin, alors reçue par l'Association des journalistes de l'information sociale.

Transco : trop complexe et encadré pour réussir

A cette occasion, elle a admis des « trous dans la raquette » en matière de dispositifs de reconversion professionnelle et considéré que Transco n'avait pas rencontré un « franc succès ». Il s'agissait d'un dispositif de reconversion collective d'une entreprise en direction d'une autre, à l'instar de l'accord médiatisé entre Monoprix et Corian, qui espérait voir d'ex-caissières devenir aides à domicile de personnes âgées ou intervenantes dans le secteur de la petite enfance.

Un échec, donc. En cause selon Marylise Léon : une trop grande complexité et un cadrage trop pointilleux. « Il faut le revoir, le simplifier, pas l'abandonner », a-t-elle souhaité.

Plaidoyer pour une assurance transition emploi

Autre souhait : « mieux articuler l'assurance chômage et la formation professionnelle ». Selon elle, une trop grande « dichotomie » perdure entre ces deux temps, de formation continue et de demande d'emploi. Elle verrait d'un bon œil que soit mise en place une assurance transition emploi, pour que chacun ait le temps de se former, sans obligation, comme dans le cadre de Transco, de passer d'emblée d'un employeur au suivant.

Elle suggère aussi de repenser la formation initiale, estimant que si la transition écologique patine, cela tient, en partie, au manque de compétences.

Un mot clé guide l'ensemble de ses réflexions sur le sujet : l'anticipation. Dès lors, elle considère qu'un lieu de discussion sur les enjeux « macros » de ces transformations devrait être créé pour évoquer les sujets d'emploi et de formation.

Interrogée à ce sujet par Le Quotidien de la formation, elle a botté en touche en matière de financement de la formation professionnelle et de France compétences : « Je ne commencerais pas par le sujet du financement. »

En interne, formation et fidélisation

Autre chapitre abordé par Marylise Léon à l'occasion de cette rencontre : la formation syndicale. A quelques mois des élections professionnelles dans nombre d'entreprises au sein des CSE, celle qui se dit optimiste sur la capacité de la CFDT à conserver sa place de première organisation syndicale en France, a annoncé son intention, parmi les chantiers internes à la CFDT, de mieux « mutualiser » les formations des membres des CSE.

Au-delà de la question des formations et de façon générale, le chantier de la réorganisation interne est ouvert, avec la volonté de mieux définir les missions essentielles de chaque échelon (territorial, professionnel…). Et la volonté de fidéliser les près de 48 000 adhérents arrivés au cours du mouvement social contre la réforme des retraites, notamment en lui donnant les moyens d'agir localement.