Apprentissage : le débat budgétaire ravive les inquiétudes du secteur

Les nouvelles coupes budgétaires visant l'apprentissage inquiètent l'écosystème de la formation dans un contexte de besoin massif de compétences.

Par - Le 27 octobre 2025.

Après la première phase de la réforme du financement de l'apprentissage entrée en vigueur en juillet 2025, c'est au tour du projet de loi de finances (PLF) 2026 et du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) de susciter une vive inquiétude chez les représentants des OFA (organismes de formation par apprentissage) et des CFA (centres de formation par apprentissage). « Près de 2,3 Md€ pourraient être retranchés du budget global consacré à l'apprentissage et à la formation professionnelle », s'alarme la Fnadir (Fédération nationale des directeurs de CFA). « Cette contraction inédite se traduirait notamment par une réduction d'1 Md€ de l'aide versée aux employeurs d'apprentis, et une baisse de 14% de la dotation exceptionnelle de l'État à France compétences. »

Trois dispositions inquiétantes

Trois dispositions du PLF (en cours d'examen) et du PLFSS (à partir du 4 novembre) affectent particulièrement l'apprentissage : le recentrage des aides à l'embauche d'apprentis, la suppression de l'aide forfaitaire au permis de conduire des apprentis (500 €) et la suppression de l'exonération de cotisations salariales pour les apprentis. Pour le syndicat patronal Les Acteurs de la compétence, ces mesures « envoient un mauvais signal et confirment le renoncement à l'objectif du million d'apprentis formés par an en France », alors même que l'Insee prédit la destruction de 65.000 postes d'alternants d'ici la fin de l'année 2025 (note de conjoncture du 11 septembre 2025).

Absence de pilotage global

Pour la Fnadir, ces nouveaux coûts de rabots sont symptomatiques d'une « absence de pilotage global ». Elle plaide pour la création d'une « instance nationale de gouvernance de l'apprentissage » afin de stabiliser le système et de l'inscrire dans une véritable stratégie éducative. Le Syndicat national des organismes de formation (Synofdes) partage ce constat : l'apprentissage souffre d'une « politique instable et court-termiste, marquée par des phases de stop and go, mettant en difficulté tout un écosystème ».

La survie des CFA en jeu

Les trois organisations alertent : la soutenabilité des OFA/CFA est en jeu. « La qualité, l'innovation, la capacité d'investissement et à terme, la survie de certaines structures » sont menacées, selon la Fnadir. C'est tout un secteur qui est « sacrifié sur l'autel de l'austérité budgétaire », s'alarme le Synofdes. De leur côté, les Acteurs de la Compétence souligne que « l'apprentissage n'est pas une dépense » mais « un investissement dans l'avenir, la jeunesse et les compétences de demain ».

Lire aussi :

Entre rentrée et vote du budget, l'Anaf s'inquiète du sort des apprentis.

La réforme du financement de l'apprentissage se fera en deux temps, en 2025 et en 2026.