Baptiste Martin, président de l'Anaf.

Baptiste Martin, président de l’Anaf.

Entre rentrée et vote du budget, l'ANAF s'inquiète du sort des apprentis

Le président de l'Association des apprentis de France (ANAF), Baptiste Martin, revient pour Centre Inffo sur le recul des entrées en apprentissage. Il alerte également sur les mesures des projets de lois budgétaires, qui prévoient la suppression de l'exonération des cotisations sociales pour les apprentis.

Par - Le 17 octobre 2025.

Les mesures de restrictions budgétaires sur l'apprentissage continuent à se succéder et à susciter leur lot d'inquiétudes. En cette rentrée, elles portaient déjà sur l'impact qu'aurait la réforme du financement de l'apprentissage, entrée en partie en vigueur au 1er juillet, sur le nombre de contrats conclus.

Les projets de loi de finances (PLF) et de financement de de la sécurité sociale (PLFSS), tout juste dévoilés, viennent ajouter leur lot de craintes en proposant de nouvelles mesures d'économies.

Une réforme du financement insuffisamment anticipée

Le recul des entrées en apprentissage, lui, semble se confirmer. « Le recul est bien présent. Il est cependant trop tôt pour le quantifier exactement. Mais il y a en tout cas un sentiment présent de plus grande difficulté », observe le président de l'ANAF Baptiste Martin.

Les sollicitations des jeunes sur le tchat en ligne de l'association ont ainsi doublé en septembre par rapport à l'année précédente (même si toutes les questions ne portaient pas sur la recherche d'entreprise). « Sur les forums et les salons, le nombre de jeunes toujours en recherche pour cette rentrée est aussi plus important », complète-t-il.

Baptiste Martin rappelle cependant que l'ANAF n'était pas forcément opposée à la réforme du financement de l'apprentissage. « Le problème est plus la mise en application de la réforme. Cela a été très rapide et flou, sans anticiper la création de passerelles [pour les jeunes sans contrat]. Et le premier impact, c'est que cela va laisser des jeunes sans solution », explique-t-il.

Le pouvoir d'achat des apprentis menacé

Il en va différemment des mesures des PLF et PLFSS pour 2026, qui risquent d'impacter directement les apprentis. Celles-ci prévoient, après une réduction en mars 2025, la suppression totale de l'exonération des cotisations sociales dont bénéficiaient les apprentis du secteur privé, ainsi que la fin de la prise en charge par l'Etat des cotisations salariales des apprentis du secteur public. La fin de l'aide au permis pour les apprentis est également envisagée.

« Nous avons fait une simulation sur les salaires des jeunes et c'est inquiétant. On touchera à leur pouvoir d'achat dans un contexte de prix de plus en plus élevés », réagit Baptiste Martin. Selon les calculs de l'ANAF, ces mesures entraîneraient une baisse de rémunération de 101 à 187 euros nets par mois pour l'ensemble des apprentis, selon leur âge et leur année de formation. Elles pourraient aussi produire un « effet domino » en privant certains apprentis de la prime d'activité.

En réponse, l'association a lancé le 15 octobre une pétition en ligne. Elle y demande l'abandon de ces projets de réforme, la transformation de l'aide au permis en aide globale à la mobilité, et l'ouverture d'une concertation nationale sur l'avenir du financement de l'apprentissage.