Certifications professionnelles : l'habilitation de partenaires nécessite de se professionnaliser
La Master Class « Organismes certificateurs : habilitez et contrôlez vos partenaires de manière sécurisée ! », organisée par Centre Inffo le 17 juin, a livré des clés opérationnelles et des bonnes pratiques pour bien sélectionner ses partenaires habilités, gérer et animer son réseau, et le contrôler.
Par Raphaëlle Pienne - Le 19 juin 2025.
« [Les organismes certificateurs] ne peuvent pas aujourd'hui habiliter des partenaires auprès de France compétences sans se professionnaliser. Il faut se former, s'informer, faire de la veille », prévient Valérie Hellouin, consultante sénior à Centre Inffo, qui intervenait en tant qu'experte juridique lors de cette Master Class. Et cela est d'autant plus vrai que le décret n° 2025-500 du 6 juin 2025 relatif à la certification professionnelle a précisé et renforcé les obligations pesant sur les organismes certificateurs et leurs partenaires habilités. Le rendez-vous du 17 juin a été l'occasion de décrypter ce nouveau cadre réglementaire et de souligner, à partir de retours du terrain, les points de vigilance et les bonnes pratiques à connaître.
Constituer son réseau de partenaires
« L'organisme certificateur a une marge de manœuvre pour les critères de sélection de ses partenaires habilités, même si avec le décret celle-ci s'est resserrée », observe Valérie Hellouin. Mais il est certain que ceux-ci doivent être définis avec soin. Il est conseillé de structurer sa procédure d'habilitation de nouveaux partenaires, pour sonder leurs motivations (s'agit-il d'opportunisme ou d'une véritable stratégie ?), vérifier leur offre de formation, leur organisation et leur implantation sur leur territoire, etc. « Il est également important de transmettre en amont [aux futurs partenaires] beaucoup d'informations sur ce sur quoi ils vont s'engager », complète Dominique Hunin, consultant associé chez ADMTC (agence pour le développement et la mutualisation des titres certifiés), qui propose aux certificateurs un service de gestion de réseau de partenaires habilités.
Encadrer et gérer la collaboration
Une fois les partenaires sélectionnés par l'organisme certificateur, le rôle de chacun devra être encadré par une convention de partenariat. « Dans le cadre du nouveau décret il a été formalisé ce qui devra faire l'objet de la convention », précise Valérie Hellouin. Mais la convention ne fait pas tout et il sera ensuite important d'animer et professionnaliser la collaboration avec les partenaires. Le réseau IEQT, spécialisé dans la formation à la sécurité-qualité-environnement et qui compte 17 partenaires habilités pour deux certifications, a pour cela mis en place une équipe dédiée de trois personnes. « Les partenaires ont la sensation que le certificateur leur en demande de plus en plus, ce qui est une réalité. Il me semble que notre rôle est de les accompagner pour pouvoir mieux répondre à toutes ces exigences complémentaires », estime Delphine Hivet, directrice nationale du réseau IEQT.
Contrôler pour corriger et éviter la défaillance
Le rôle de l'organisme certificateur implique enfin un contrôle strict des partenaires habilités. « L'idée est d'organiser son contrôle dans un flux régulier », explique Valérie Hellouin. Par ailleurs, « lors du renouvellement de la certification, il sera nécessaire de rendre compte à France compétences de son plan de contrôle », ajoute-t-elle. Les organismes certificateurs peuvent mettre en place des formations de leur partenaires, définir des indicateurs, organiser des audits réguliers ou à des périodes clés, structurer des remontées d'informations sur la formation et l'évaluation de la certification, récolter les appréciations des stagiaires… Delphine Hivet et Dominique Hunin soulignent en outre deux points de vigilance à avoir, sur le contrôle des prérequis à l'entrée en formation et, en cas d'alternance, de la conformité de la mission en entreprise avec le référentiel de la certification. Tous deux insistent également sur la logique de prévention à adopter. « On ne peut pas constater un dysfonctionnement longtemps après que la chose a eu lieu et sans que ce soit réparable. [Faire des audits en toute fin de cycle, puis faire des préconisations en aval] ne me semble plus correspondre à ce qui est demandé en termes de contrôle », analyse Dominique Hunin. En cas de manquement, l'organisme certificateur encourt le risque de retrait des répertoires nationaux de certaines ou de l'ensemble de ses certifications professionnelles.