Emploi et handicap : un parcours toujours semé d'embûches, vingt ans après la loi de 2005

À l'occasion de la 29ᵉ Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées, organisée du 17 au 23 novembre 2025 par LADAPT, l'Agefiph et le FIPHFP, une nouvelle étude Ifop dresse un constat sans détour : l'inclusion professionnelle des personnes handicapées reste un parcours semé d'obstacles, souvent morcelé et complexe.

Par - Le 12 novembre 2025.

Deux décennies après l'adoption de la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances des personnes en situation de handicap, ses effets concrets sur l'accès à l'emploi demeurent limités. En 2024, le taux de chômage de ces personnes reste deux fois plus élevé que celui de la population générale (12% contre 7%), et leur inclusion dans l'emploi est souvent un parcours du combattant. « Du CV à l'entretien, le parcours des personnes en situation de handicap est marqué par des pratiques qui alimentent la méfiance : refus sans explication (81%), questions intrusives (57%), et injonction à taire certains aspects de sa situation (62% disent cacher des éléments de leur handicap) », révèle l'étude (réalisée auprès de plus de 7.800 personnes).

La crainte d'un malentendu sur les compétences

Ce choix de la dissimulation s'explique par la crainte d'un tri implicite ou d'un malentendu sur les compétences. Plus d'un tiers des répondants (36%), et jusqu'à 40% parmi ceux ayant un handicap psychique, choisissent de ne pas déclarer leur handicap lors du recrutement, ce qui peut les priver d'aménagements utiles et fragilise les débuts de leur parcours professionnel. Une fois en poste, ces personnes restent marquées par un plafond de verre difficile à franchir. « 70% d'entre elles n'ont obtenu aucune promotion au cours des cinq dernières années, contre 58% dans la population salariée française. »

Les transitions professionnelles, un moment redouté

Les transitions professionnelles apparaissent comme le moment où le handicap pèse le plus pour 46% des personnes interrogées. « Changer de poste ou d'employeur signifie souvent perdre les aménagements acquis et devoir recommencer le parcours d'adaptation. La mobilité professionnelle devient alors synonyme de fragilité plutôt que d'opportunité. » Lydie Donnet (alias Serena Davis), porteuse d'un trouble dissociatif de l'identité a pu surmonter son handicap avec l'aide du réseau BGE et de l'Agefiph pour se lancer en solo, après plusieurs années dans le secteur bancaire. Aujourd'hui, à la tête de son entreprise, GuidEcriture, elle est à la fois « coach en écriture, autrice, formatrice en école de commerce, membre de jurys et conférencière ». Lydie Donnet juge sa reconversion « pleinement réussie » et souhaite aller plus loin en recrutant une alternante chargée de sensibiliser les grandes entreprises sur le handicap.

Lutter contre les préjugés

Car c'est encore là que le bât blesse : « Il faut encore lutter contre les représentations stigmatisantes », estiment le FIPHFP, l'Agefiph et LADAPT. Améliorer l'insertion et les parcours professionnels des personnes handicapées passe aussi par « la présence d'un référent handicap dans toutes les organisations, l'adaptation des environnements de travail, la sécurisation des transitions, la valorisation des compétences au-delà des préjugés, notamment à travers l'équité salariale et les promotions, et en formant les managers à l'accompagnement des troubles psychiques et à la santé mentale au travail ».